PARIS - Dopée par "l'effet Mali", la cote de popularité de François Hollande, qui avait sombré dans les profondeurs, connaît une embellie significative, mais pour les sondeurs comme pour l'Elysée, tout reste à faire: le président est attendu sur un autre terrain, celui du chômage.
"Ce qui compte, c'est le chômage pas les sondages", reconnaît volontiers Aquilino Morelle, le conseiller politique de François Hollande, interrogé par l'AFP. "C'est une embellie, il faut la prendre positivement, sans lui accorder une valeur qu'elle n'a pas", tempère-t-il.
"L'image de fermeté, d'autorité et de présidentialité de François Hollande sort très renforcée" de l'ordre qu'il a donné il y a un mois aux forces françaises d'intervenir au Mali, note la "plume" du président.
"Mais si cette embellie est bien réelle et a un sens politique, elle ne fait oublier ni aux Français ni au chef de l'Etat que les principaux sujets de préoccupation restent le chômage, les plans sociaux, le pouvoir d'achat et la croissance", enchaîne Aquilino Morelle.
Selon "l'observatoire politique CSA-Les Echos-Institut Montaigne" publié jeudi, la cote de confiance de François Hollande s'est redressée de 3 points en février, avec 38% d'avis favorables contre 57% d'avis défavorables (-5).
Fait significatif: ce redressement s'observe sur la quasi totalité du spectre politique, y compris auprès des sympathisants de l'UMP parmi lesquels la cote du président a gagné 5 points même si 84% ne lui font toujours pas confiance.
A l'unisson, le "tableau de bord politique" Ifop-Paris Match de mardi révèle un net redressement de la coté du président de la République, avec 43% des Français qui approuvent son action (+6 points).
Frédéric Dabi (Ifop) oppose "ce rebond marquant" à l'évolution de la cote de Nicolas Sarkozy, tombée sous la barre des 50% en janvier 2008 pour ne plus jamais se relever significativement ensuite. François Hollande, ajoute-t-il, peut aussi capitaliser sur "une bonne image personnelle et l'absence de colère à son égard".
Pour autant, souligne le politologue, il s'agit "indéniablement d'un effet Mali sans doute assez provisoire". L'intervention française est approuvée par trois Français sur quatre mais "le coeur de l'attente reste les questions économiques et sociales: la croissance et l'emploi". L'embellie "n'empêche pas l'expression d'une forte angoisse sociale", résume Frédéric Dabi.
"Le Mali joue positivement sur l'image du président, sa capacité à prendre des décisions difficiles ou à faire preuve d'autorité, mais n'a pas d'effet sur la perception de son action", confirme Bruno Jeanbart (OpionWay). "Le juge de paix, sujet majeur, central et prioritaire, reste le chômage et François Hollande sera jugé sur sa capacité à inverser la courbe d'ici à la fin de
l'année comme il s'y est engagé", souligne-t-il de la même manière.
Pour la première fois depuis six mois, le président cesse toutefois de perdre des points auprès de l'électorat de gauche, un "signe positif" qui pourrait être, selon Bruno Jeanbart, la conséquence des réformes de société mise en chantier par l'exécutif (mariage pour tous, non cumul des mandats, droit de vote des étrangers, taxe à 75%...).
Pour Céline Bracq (BVA) aussi, "l'embellie reste extrêmement fragile puisque sur les fondamentaux, l'efficacité et la justice sociale, sept Français sur dix estiment que la politique économique et sociale du gouvernement est inefficace et six sur dix qu'elle est injuste".
"Sur ce terrain, François Hollande est encore en terre de mission, tout particulièrement auprès des catégories populaires", détaille-t-elle. La gestion des dossiers "particulièrement emblématiques", tels Petroplus ou PSA Aulnay, sera scrutée par les Français, "très critiques" jusqu'à présent, prévient l'analyste.