Bamako - Le Mali a, pour la première fois, fait état jeudi de soldats maliens portés disparus depuis l’attaque, le 19 juillet, du camp de Nampala (centre), sans cependant commenter une vidéo diffusée par le groupe jihadiste Ansar Dine montrant des militaires maliens otages.
Selon le dernier bilan fourni par le gouvernement, 17 militaires ont été tués et 35 blessés dans l’attaque du camp de Nampala, dans la région de Ségou. L’assaut a été revendiqué par deux groupes armés: un mouvement peul de création récente et Ansar Dine.
"A la suite des événements tragiques de Nampala, une mission d’enquête a été dépêchée sur place. La conclusion de cette mission est qu’il y a eu 17 militaires maliens tués, 37 militaires blessés et six autres disparus", a déclaré devant la presse le colonel Abdoulaye Sidibé, porte-parole du ministère malien de la Défense.
Aucune question des journalistes n’a été autorisée lors de ce point de presse, alors que depuis mercredi soir circule une vidéo d’Ansar Dine montrant cinq hommes, en tenues militaires, se présentant comme des soldats capturés le 19 juillet à Nampala.
Cette vidéo de moins de trois minutes a été diffusée par l’agence privée mauritanienne Al-Akhbar. On y voit les cinq hommes assis devant une bannière avec des mots écrits en arabe sur fond noir tendue par deux ravisseurs dont on ne distingue pas les visages. Les otages récitent ensuite tour à tour un texte manifestement imposé.
Une source au ministère de la Défense sous couvert d’anonymat a indiqué à l’AFP qu’il s’agissait bien de militaires maliens.
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a convoqué jeudi un Conseil de Défense, pour la deuxième fois depuis l’attaque contre Nampala, a constaté un journaliste de l’AFP.
A l’issue de la rencontre, le ministre de la Défense Tièman Hubert Coulibaly a également évoqué "six portés disparus" parmi les militaires et indiqué avoir vu des images "publiées sur Internet", sans plus de commentaire.
Le rapport de l’"enquête de commandement" mentionne "six portés disparus. Nous avons vu les photos publiées sur Internet, mais des analyses sont en cours pour déterminer le statut de ces éléments", a déclaré le ministre.
Selon lui, la réunion de jeudi a notamment permis de "faire le point" sur l’exécution d’une loi de programmation militaire de 2015 et sur le programme de l’année en cours. "Il est prévu des infrastructures et des acquisitions pour renforcer l’armée de terre, et soutenir les investissements en termes d’équipement", a-t-il affirmé.
Le ministre de la Sécurité, Salif Traoré, a également évoqué une loi de même type en cours d’élaboration concernant "la sécurité intérieure". "L’effectif des forces de sécurité doit augmenter et des formations aussi seront organisées", a-t-il ajouté.
Aucune estimation chiffrée ni calendrier n’ont été communiqués. Devant la presse, le colonel Abdoulaye Sidibé a fait état d’effectifs militaires importants dépêchés à Nampala, dont le camp a été attaqué plusieurs fois depuis 2015. "Nous avons désormais sur place 500 hommes et 100 véhicules militaires", a-t-il dit.
Ansar Dine fait partie des groupes armés jihadistes qui ont contrôlé le nord du Mali de mars-avril 2012 à janvier 2013, à la faveur de la déroute de l’armée face à une rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été dispersés et en grande partie chassés par une intervention militaire internationale déclenchée en janvier 2013 et qui se poursuit. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères.
ac-sd-hos/cs/mrb/lp