PARIS - Un mois après le début de leur intervention au Mali, les forces françaises ont détruit l'essentiel du dispositif militaire des groupes islamistes qui occupaient le nord du pays et traquent à présent les jihadistes dans leurs refuges du nord-est, près de la frontière algérienne.
Une nouvelle phase du conflit qui pourrait se révéler plus périlleuse pour les troupes françaises, après leur marche en avant jusqu'à Tessalit (nord-est).
"On va les chercher !" Avec 4.000 soldats français sur le terrain, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, affiche la même détermination qu'au premier jour : "On sécurise avec les forces maliennes autour des villes que nous avons reprises".
En un mois, les bastions des jihadistes sont tombés les uns après les autres. Konna dès la mi-janvier, Gao, Tombouctou, Kidal, puis Tessalit.
Un coup de boutoir auquel les islamistes n'ont opposé que peu de résistance, préférant se replier vers l'extrême nord-est du pays, dans la région montagneuse de l'Adrad des Iforghas. Et avec un seul soldat tué depuis le 11 janvier, les Français sont parvenus à limiter au maximum les pertes dans leurs rangs.
"La deuxième phase commence, avec une concentration des forces dans le nord-est et parallèlement le renforcement de la sécurité des grandes villes, des principaux axes, face à des attaques très ponctuelles des jihadistes, à base d'explosifs ou de mines", analyse Pascal Le Pautremat, spécialiste des questions de défense.
Une phase très différente des premières semaines du conflit. "Ca va être plus risqué, avec un harcèlement sur les bases arrières, les couloirs logistiques des forces, les convois sanitaires qui peuvent être vulnérables", souligne-t-il.
Mercredi, quatre Maliens ont été tués dans l'explosion d'une mine entre Douentza et Gao et un premier attentat suicide a eu lieu vendredi dans cette ville où un kamikaze s'est fait exploser, blessant légèrement un soldat malien.
Une stratégie "indirecte" que redoutent les responsables de la défense, en raison des risques d'attentats au Mali ou ailleurs contre les intérêts français.
Sur le terrain, les forces spéciales françaises ont repris vendredi le contrôle de Tessalit, au nord de Kidal, dernier bastion des islamistes, et l'aviation concentre ses frappes contre les dépôts d'armes ou de carburants des jihadistes.
Après avoir "traité" le maximum de cibles, les Français poursuivront-ils les "terroristes" dans ce massif rocailleux où pourraient être détenus les sept otages français enlevés dans la région ?
"Vu la vitesse à laquelle les terroristes se sont délités, on aurait tort de ne pas tirer partie de la situation et de ne pas occuper le maximum de points. Ca réduit les zones dans lesquelles les terroristes vont nomadiser", estime Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R).
"Ca veut dire aussi qu'il va falloir tenir tous les points que l'on reprend. Que des troupes maliennes ou africaines aillent jusqu'à Kidal ou Tessalit pour assurer la sécurité des villes et de la population", souligne-t-il.
Silence radio en revanche sur la suite des opérations.
Les Français ont accumulé un maximum de renseignements sur la région, avec l'appui des moyens électroniques américains. Selon les spécialistes, des opérations pourraient être lancées par des unités des forces spéciales en liaison avec des combattants des groupes touaregs de la région, pour harceler les islamistes jusque dans leurs sanctuaires de l'Adrar des Iforghas.
La montée en puissance de la force africaine devrait également permettre aux forces françaises de bénéficier de l'appui de centaines de soldats africains.
La présence de sept otages français aux mains des islamistes pèsera sur les décisions françaises, mais elle n'a pas entamé jusqu'à présent la détermination de l'exécutif. Il peut d'ailleur se prévaloir du soutien de l'opinion : un mois après le début de l'opération, trois Français sur quatre (73%) sont favorables à l'intervention militaire au Mali.