Depuis un peu plus d’un an, le Mali dépense beaucoup de temps et d’énergie au sujet de l’application de l’Accord pour la paix et la sécurité, sans parvenir à la réalisation de ce qui constitue la panoplie de mesures transitoires. Lesquelles constituent pratiquement des préalables pour aller à l’essentiel. De son côté, le Gouvernement accorde une confiance aveugle aux différents signataires dont principalement la Plateforme et la Coordination des mouvements armés (Cma). Mais il n’est pas évident que le Président IBK ait reçu le retour de l’ascenseur de ce côté-là.
C’est donc regrettable de constater que les responsables des groupes armés qui avaient pris les armes contre le Mali, brûlé le drapeau national et profané les symboles républicains, puissent encore continuer à se comporter comme les enfants gâtés de la République à qui l’on ne refuse rien, sans pour autant donner en contrepartie les preuves concrètes de leur repentance.
Dès lors, l’application de l’Accord se présente comme un fantôme que poursuivent les autorités républicaines sans jamais l’atteindre, puisque s’éloignant d’eux à chaque fois qu’elle semblait à portée de main.
Mais l’on ne pourrait continuer à ce jeu, dans lequel l’Etat n’a plus à brandir de nouveau sa bonne foi et sa disponibilité déjà bien connues. Ce que doivent faire au contraire les autres parties, au regard de leurs engagements dans ledit Accord, notamment au chapitre 1 consacré aux “Principes et engagements “. Il y est stipulé en son article 1 que “Les Parties réitèrent leur attachement aux principes ci-après : respect de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Etat du Mali, ainsi que de sa forme républicaine et son caractère laïc…rejet de la violence comme moyen d’expression politique et recours au dialogue et à la concertation pour le règlement des différends… “. Et l’article 2 de préciser : “Les Parties s’engagent à mettre en œuvre, intégralement et de bonne foi, les dispositions du présent Accord en reconnaissant leur responsabilité première à cet égard”.
Comme on le voit, il n’y a pas de place à de la mauvaise foi ou à du dilatoire, parce que cet Accord, même s’il est mauvais quelque part, engage toutes les parties signataires et par conséquent engage tout le peuple malien.
Il va falloir donc évoluer pour ne pas rester otage de cet Accord qui pourrait finir par devenir une source de problèmes, en lieu et place d’un recueil de solutions comme souhaité, notamment tel que précisé à l’article 5 : “Le présent Accord vise à créer les conditions d’une paix juste et durable au Mali, contribuant à la stabilité sous-régionale, ainsi qu’à la sécurité internationale…”.
Maintenant, s’il y a des difficultés dans l’application de certaines dispositions, qu’on se mette autour d’une table pour en discuter comme le prévoit l’Accord lui-même. Rien dans son contenu ne peut être figé. Il suffit de tenir compte des intérêts du Mali. Au titre VIII consacré aux dispositions finales, l’Accord ouvre une fenêtre en ce sens, dans la mesure où en son article 65 il est dit que “Les dispositions du présent Accord et de ses annexes ne peuvent être modifiées qu’avec le consentement express de toutes les Parties signataires du présent Accord et après avis du Comité de suivi”. Il y a là, un mécanisme à mettre en place chaque fois que de besoin, pour surmonter les écueils. Et cette disposition a été mise en œuvre lorsqu’il s’est agi de discuter pour harmoniser les points de vue sur la question des autorités intérimaires. Ce que certains ont appelé des négociations en dehors de l’Accord.
Il y a lieu donc lieu de soulever la tête vers l’horizon pour voir que 2018 approche à pas de géants et cela évoque, bien entendu, l’élection présidentielle qui appelle une série de réformes constitutionnelles et administratives avant sa tenue, alors même que l’on ne parvient même pas encore à tenir les élections locales. En plus, il y a lieu d’adapter le fichier électoral aux nouvelles réalités nées de l’application de l’Accord, notamment avec le nouveau découpage administratif, sans compter que le nombre de députés devra évoluer en fonction de cette situation. Tout un programme qu’il faut désormais mettre en œuvre en si peu de temps. Alors, vigilance pour pouvoir respecter le calendrier républicain.
A. B. NIANG