L’opération de libération des voies publiques a débuté à Bamako il y a de cela quelques jours. Mais cette opération est butée à des sérieux problèmes. Pour preuve, la semaine dernière, il y a eu des échauffourées et des jets de gaz lacrymogène entre les forces de l’ordre et des commerçants. Après une sortie médiatique du gouverneur du district de Bamako, Mme Sako Aminata Kane le lundi denier pour dire que tout est négociable sauf l’arrêt des opérations de déguerpissement, la Coordination des associations des commerçants détaillants de Bamako, elle aussi, veut se faire entendre. Le samedi 6 août 2016, elle a animé une conférence de presse au carrefour des jeunes de Bamako pour exiger l’arrêt immédiat des opérations de déguerpissement en cours à Bamako. Elle a, aussi, invité le gouvernement à indemniser les personnes affectées par l’opération. En cas de non satisfaction de ses doléances, la coordination entend marcher et procéder à une grève de 48 heures.
A la suite des déguerpissements des commerçants détaillants de Bamako, la Coordination des Associations des commerçants détaillants de Bamako a invité le samedi dernier au carrefour des jeunes de Bamako, les organes de presse écrites, orales, en ligne et audiovisuel en vu de faire la lumière sur les difficultés que vivent les commerçants détaillants de Bamako.
« l’arrêt immédiat des opérations de déguerpissement en cours à Bamako par le Gouvernorat et les Mairies du district de Bamako ; le recensement immédiat par les Mairies du district de Bamako des personnes affectées; l’identification immédiate par le gouvernement des pertes subies et l’engagement de les payer ; le recasement intégral dans 4 mois par les mairies des commerçants affectés par le projet anneau SOTRAMA conformément aux recommandations de la Banque mondiale, l’interpellation immédiate par la justice des acteurs de réalisation du projet anneau SOTRAMA », telles sont entre autres les doléances faites par la Coordination des Associations des commerçants détaillants de Bamako. « Si nos doléances ne sont pas satisfaites, nous allons faire une marche pacifique du grand marché de Bamako au niveau de l’Artisanat jusqu’à la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (Ccim). Puis nous allons faire une grève de deux jours sur toute l’étendue du territoire nationale du Mali où il n’y aura pas de commerce», a souligné le conférencier, Amadou Bedi Daou, président de l’Association des commerçants détaillants de Bamako.
Avant de menacer le pouvoir que si l’opération de déguerpissement n’est pas arrêtée, leurs voix ne seront pas gagnées lors des prochaines joutes électoraux. Ainsi, la Coordination a recommandé l’affectation d’autres sites propres aux détaillants, notamment : le parking de la grande mosquée, la cour SOTELMA en face de la Maison des Artisans et autres. En outre, elle (la coordination) recommande la constitution d’une commission avec tous les acteurs pour régler définitivement le problème en faveur de toutes les parties. Dans sa déclaration liminaire, le conférencier a rappelé que les opérations de ce genre qui ont été faites dans le temps n’ont pas eu les effets escomptés.
En réponse aux questions des journalistes, le conférencier a dénoncé le manque de volonté politique à mobiliser les fonds pour recaser les déguerpis. Avant de signaler qu’ils n’ont pas été consultés ni associés à cette opération de déguerpissement ordonné par le gouverneur du district de Bamako, Ami Kane. « Aucun local de recasement ne nous a été montré. Lors de la sortie de Ami Kane à la télé, elle disait qu’il y a des places disponibles dans certains marchés. Avec l’aide de la CCIM, on n’a été sur les lieux et on a trouvé que tous les lieux sont vendus par les maires. Ami Kane doit poursuivre ces maires », a déclaré Amadou Bedi Daou. Il a aussi dénoncé le comportement peu orthodoxe des responsables des commerçants qui ont signé des accords qui ne préservent pas l’intérêt des commerçants détaillants.
Pour sa part, Me Nouhoum Camara qui assure la défense des déguerpis a, dans un premier temps, souligné qu’il ne peut pas dire grande chose sur l’affaire car n’ayant pas d’abord en sa possession les dossiers. Puis dans un second temps, souligné que cette opération devrait être faite. Mais toutefois, il dira que les déguerpis ont des documents administratifs qui les autorisent à s’installer. Ainsi, il a souhaité que des indemnités soient payées à ceux qui ont subi des dégâts. Il a invité les autorités à prévaloir le dialogue et la concertation pour trouver une solution idoine aux problèmes.
Les autres intervenants membres de la coordination à l’image de Bako Djigui Kanté, Soumaïla Diabaté, Yacouba Sidibé, le commerçant De Gaulle ont tous fustigé cette opération de déguerpissement initiée par les autorités du pays. « Notre espoir fut brisé par cette opération. Nous ne voulons que nos droits. La situation est plus sévère que la rebellions au nord. Avec cette opération nous seront obligés d’aller à l’extérieur tel que l’Espagne dans des conditions déplorables. Le pouvoir n’existe pas sans les citoyens », ont-ils martelé.
Aguibou Sogodogo
Sidiki Dembélé, stagiaire