Bien que n’étant pas de membre de la CEDEAO, ce pays a envoyé en 2013 un contingent de 2200 hommes pour aider à la reconquête du nord de pays. Les deux pays sahéliens ont aussi les destins liés dans le combat contre l’avancée du désert.
A N’Djamena, la capitale du Tchad, l’ambiance est festive aujourd’hui. Et pour cause : c’est le jour d’investiture du président Idriss Déby Itno. Au pouvoir depuis 1990, le président Deby Itno, 64 ans, a été réélu le 10 avril dernier dès le premier tour de la présidentielle pour un cinquième mandat avec 61,56% des voix contre 12,80% pour le chef de l’opposition Saleh Kebzabo.
Le dispositif sécuritaire a été renforcé dans la ville, où l’opposition menace de gâcher la fête. Les autorités tchadiennes ont même interdit les rassemblements de l’opposition prévus samedi et hier. Regroupés, depuis deux semaines, au sein d’un Front de l’opposition nouvelle pour l’alternance et le changement (Fonac), les adversaires du président Déby ont également prévu une opération « ville morte sur l’ensemble du territoire national » aujourd’hui, jour de l’investiture.
La cérémonie d’investiture se déroulera en présence de nombreux invités, dont le président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta qui est arrivé hier après-midi à N’Djamena. La présence de la délégation malienne à l’investiture de Déby traduit l’engagement du chef de l’Etat de renforcer la coopération, déjà fructueuse, entre le Mali et le Tchad. Bien qu’ils ne partagent pas de frontière commune, ces deux pays ont une même préoccupation : s’unir pour lutter contre le terrorisme qui traumatise les populations, notamment celles de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel.
Le Tchad s’est imposé, grâce à l’efficacité de son armée, comme un allié incontournable dans la lutte contre les groupes terroristes en Afrique occidentale et centrale. Les soldats tchadiens ont montré leur savoir-faire contre le groupe djihadiste nigérian Boko Haram et contre les groupes terroristes du Nord de notre pays. Ce n’est pas un hasard si la ville de N’Djamena abrite le Quartier général (QG) de l’opération militaire française Barkhane au Sahel.
Le Tchad n’est pas membre de la Communauté économiques des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Et pourtant… pourtant… c’est bien lui qui a envoyé, en 2013, le plus important contingent, 2 200 hommes, pour nous aider à reconquérir le Nord de notre pays, occupé par les terroristes et leurs alliés indépendantistes. Durant les premiers mois de son déploiement au Mali, le contingent de ce pays sahélien a payé un lourd tribut, avec la mort de près d’une trentaine de soldats. Parmi les blessés, figure le général Mahamat Idriss Deby, fils du président tchadien et numéro 2 du contingent au Mali. La MINUSMA comprend également des troupes tchadiennes.
Au-delà du volet sécuritaire, le Mali et le Tchad évoluent côte à côte dans des regroupements régionaux (CENSAD, CILSS) et à l’Union africaine (UA). Aussi la lutte contre les changements climatiques est un défi qui unit les deux pays. En effet, la vulnérabilité, face à la désertification et aux changements climatiques, la dégradation des terres, constitue pour les pays du Sahel et en particulier ceux au Sud du Sahara fortement exposés, l’une des plus importantes menaces de ce 21ème siècle. Ces pays doivent impérativement pour la survie de leur économie et la cohésion sociale mettre en œuvre une réponse efficiente de lutte et de gestion de ces défis. C’est pourquoi nos dirigeants ont adopté l’Initiative africaine de la Grande muraille verte (IAGMV) en 2005. Le projet de Grande muraille verte, endossé en 2007 par l’Union Africaine, constitue la solution et le modèle efficients de ces Etats face à l’enjeu environnemental et climatique. L’Agence panafricaine de la Grande muraille verte (APGMV), créée en juin 2010 pour opérationnaliser l’initiative, comprend le Burkina Faso, Djibouti, l’Erythrée, l’Ethiopie, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, le Soudan, le Tchad.
La Grande muraille verte est prévue pour être un rempart contre l’avancée du désert dans le Sahel. Elle doit traverser toute la bande sahélo-saharienne de Dakar jusqu’à Djibouti. Le tronçon prévu dans notre pays sera long de 2066 kilomètres et large de 215 kilomètres. Il concernera les régions de Kayes, Koulikoro, Ségou, Mopti, Tombouctou et Gao.
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