En donnant le coup d’envoi de l’opération, le chef du gouvernement a planté un pied de baobab, une espèce qui symbolise, expliquera Modibo Keita, la pérennité, la majesté et la durabilité. Les services des Eaux et Forêts ont précisé que le choix de nos espèces d’arbres a été dicté par leur adaptation au climat et leur utilité à la société
Le chef du gouvernement, Modibo Kéita, a procédé samedi dernier au lancement de la campagne nationale de reboisement dans la forêt classée de Tienfala, située à 25 kilomètres de Bamako sur la route de Koulikoro. Il a planté un pied de baobab, ouvrant la voie aux ministres et autres personnalités présentes. Chacun d’eux a planté un pied d’arbre d’une des espèces forestières autochtones de notre pays. Au total 400 espèces forestières autochtones ont été plantées sur une superficie de 2 hectares préparée à cet effet.
Après ce coup d’envoi donné par les autorités, les agents forestiers emmenés par leur direction national, Biramou Sissoko, et appuyés par la population locale, ont pris d’assaut l’espace préparé pour recevoir les jeunes pieds d’arbres. Il faut, par ailleurs, rappeler que cette campagne de reboisement a été couplée aux activités relatives au projet de la Grande muraille verte au Mali.
Cette 22è édition de la campagne de reboisement était placée sous le thème « Restaurer les écosystèmes dégradés, un devoir noble contre les effets des changements climatiques ». Les organisateurs ont choisi comme slogan « Reboiser les terres dégradées, c’est lutter contre la désertification, c’est aussi un acte de citoyenneté ».
L’événement a mobilisé plusieurs membres du gouvernement, dont le ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Mme Kéita Aïda Bô. On notait aussi la présence du gouverneur de la région de Koulikoro, Sékou Coulibaly, des autorités communales et villageoises. La population locale a tenu à être le témoin privilégié de cet événement qui se tient dans sa localité. Le musicien Dabara Dembélé et son groupe ont assuré l’animation folklorique de cette cérémonie haute en couleurs.
Le Premier ministre Modibo Kéita qui s’est dit très satisfait de l’organisation de la campagne de reboisement, a expliqué que le baobab symbolise la pérennité, la majesté et la durabilité. S’adressant à l’assistance, le chef du gouvernement a rappelé que la route qui relie la capitale à Koulikoro était une des plus verdoyantes, il y a une cinquantaine d’années. La flore et la faune ont depuis disparu et laissé la place à une savane d’arbustes. Les phénomènes climatiques extrêmes comme les sécheresses, les inondations et les hausses de températures sont devenus le lot quotidien de notre environnement.
Le Premier ministre a lancé un cri du cœur en demandant à la génération présente de prendre garde pour ne pas être les fossoyeurs de notre environnement, de notre cadre de vie, de notre bien-être. Il a appelé à préserver ce patrimoine inestimable. Les femmes ont un rôle important à jouer dans cette sauvegarde, car elles souffrent des méfaits de la dégradation de notre environnement, a concédé le chef du gouvernement.
Mme le ministre Kéita Aïda Bô a soutenu que le reboisement vise 4 objectifs principaux à savoir la restauration des terres dégradées et la lutte contre la désertification, l’embellissement des agglomérations pour offrir aux citoyens un meilleur cadre de vie, la réalisation de divers types de plantation pour la satisfaction des besoins en énergie domestique, en bois de service et bois d’œuvre et enfin la conservation de la diversité biologique.
En application d’un de ces objectifs, Mme le ministre a rappelé que le chef de gouvernement lui a instruit « la nécessité de ne pas permettre, dans les forêts classées, l’exploitation même à titre provisoire des superficies par les populations et cela pour toutes les cultures ». C’est pourquoi, le choix de cette forêt classée depuis 1939 et qui s’étendait sur 3000 hectares à l’origine se justifie et se veut une réserve forestière stratégique au bénéfice des villes de Bamako et de Koulikoro.
Elle protège la capitale contre les catastrophes naturelles comme les éboulements, les pluies torrentielles et les vents violents et constitue avec les forêts classées de la Faya et les Monts Mandingue, les poumons d’absorption de la pollution engendrée par les villes de Bamako et de Koulikoro en pleine expansion. Malheureusement les pressions humaines exercées sur cette forêt avec les coupes abusives de bois, les feux de brousse, les lotissements (plus de 50 titres fonciers attribués) ont affecté sérieusement sa vocation. Face à cette menace, le département a engagé un processus d’immatriculation du domaine forestier classé avec son collègue des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, en vue de mieux examiner et gérer les irrégularités constatées, a souligné Mme le ministre.
L’heure est grave à cause de l’incivisme grandissant des populations, l’occupation illicite des massifs forestiers et les exploitations de toutes sortes, le développement de l’orpaillage traditionnel, a alerté Mme le ministre qui a, par ailleurs, attiré l’attention du Premier ministre sur l’insuffisance de ressources humaines pour faire face aux missions. Elle a ainsi révélé que sur un effectif de 771 agents, 99 ont fait valoir leurs droits à la retraite en 2015, 6 ont été froidement abattus par les bandits armés et dans le même temps. Alors que le gouvernement n’envisage le recrutement que de 22 agents techniques.
La campagne de reboisement concerne 116.776 hectares pour 54.361.276 plants toutes espèces confondues, la restauration de sites miniers et la régénération naturelle assistée. Quant à la Grande muraille verte, elle s’étendra sur 2066 kilomètres de long et 215 kilomètres de large. Elle concernera les régions de Kayes, Koulikoro, Ségou, Mopti, Tombouctou et Gao.
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