C’est un double constat qui vient d’être fait sur la situation parlementaire de notre pays. En premier lieu, Bafotigui Diallo, député élu sous les couleurs du parti présidentiel, RPM, dit ceci : ” Notre Assemblée Nationale est très mal dirigée.. ” Auparavant, c’est Joseph Brunet – Jailly qui tirait à boulets rouges sur l’institution parlementaire. Fin connaisseur du Mali, il rappelait : ” L’Assemblée n’a pas été consultée sur l’Accord de paix, et ne s’en est pas elle – même saisie…
En un mot : elle n’a ni rôle, ni autorité. ” .
Les lecteurs de notre excellent confrère, ” L’Indépendant “, ont été les premiers à savourer les pertinentes remarques du député Bafotigui Diallo, le vendredi 5 août 2016. Sur sa page Facebook, le député avait, en effet, dépeint la situation au sein de l’Assemblée Nationale. A la lecture, l’on aperçoit une peinture noire. Le confrère parla ainsi de ” nouvelle fronde en vue contre le président de l’Assemblée Nationale “. Cela valait le coup car de nombreux députés, de tous les bords, s’étaient insurgés contre la ” gestion patrimoniale ” de leur président, M. Issiaka Sidibé. Avant ça, le député Bafotigui Diallo n’avait pas hésité à interpeller le Ministre du Développement rural de l’époque, Dr Bocary Tréta, sur la question de l’engrais. La suite est connue !
Cette fois – ci, le député estime que notre pays, le Mali, était en danger. Pour lui, donc, ” c’est le moment pour le peuple de se faire entendre à travers ses élus nationaux, mais hélas ! ” Et de poursuivre ” : Notre Assemblée est à l’image de son président. Quand l’institution est mal dirigée, elle reste à l’image de son chef “. Alors l’Indépendant le rapporte, Bafotigui propose de ” mettre fin au mandat du président de la représentation nationale en cas de défaillance ou d’incapacité constatée. ” On doit mettre un terme au mandat du président de l’institution qui s’occupe d’autres choses que celles de la Nation. Notre Assemblée Nationale est très mal dirigée, ” Commentaire outré du député. Voilà un homme politique, élu de la Nation, de rappeler à ses pairs que la politique était la recherche de solutions aux problèmes de la société, de soutenir les actes posés par le gouvernement. Or, selon lui, ” tel n’est pas le cas de l’Assemblée Nationale du Mali.. ”
Quelques jours auparavant, ” La Sentinelle “, un autre confrère reprenait un papier tiré du blog de Joseph Brunet – Jailly, publie par Médiapart, le 18 juillet 2016. Une question a particulièrement attiré notre attention : Quel est exactement le rôle de l’Assemblée Nationale (du Mali) ? Réponse claire : ” Depuis longtemps, il est mineur. L’Assemblée a pu voter une réforme du Code de la famille que le Président ATT n’a pas osé promulguer, laissant à la rue la charge de faire la loi. Et plus récemment, comme l’a rappelé Adam Thiam, l’Assemblée n’a pas été consultée sur l’Accord de paix, et ne s’en est pas elle – même saisie. En un mot ; elle n’a ni rôle, ni autorité. ”
L’auteur va plus loi en se penchant sur la capacité des députés à ” penser les problèmes du Mali au niveau national et international. Suivons son regard : ” Un seul exemple : Karim Keïta, homme d’affaires parmi bien d’autres, mais fils du nouveau Président, bien que nouveau venu en politique est aussitôt élu député puis aussitôt porté à la présidence de la Commission de la Défense et de la Sécurité, et reconnait lui – même, le 27 avril 2016, que cette Commission n’a fait aucune proposition dans son domaine de compétence. Interrogé de façon pressante et précise par Lilianne Nyatcha, quelques jours plus tôt sur BBC Afrique, il avait indiqué que la Commission était consultée, mais le seul sujet qu’il avait pu citer, était celui du DDR (Désarmement, Démobilisation, Réinsertion).
Puis, il avait insisté sur ses bons rapports, anciens et amicaux, avec le Ministre de la Défense, confirmant sa conception exclusivement familiale de la société et de la vie politique…”.
Joseph Brunet – Jailly a aussi rappelé les faits de grève constatés à Bamako contre le Président de l’Assemblée, beau – père du nommé Karim Keïta.
Comme on le voit, la représentation nationale est encore sur la sellette. Le pays est plus qu’aujourd’hui en danger. Le pouvoir en place essuie échec. Et pour cacher ses carences, le pouvoir tente toujours de distraire l’opinion publique. Deux exemples pour illustrer cela.
Le 19 juillet, l’armée malienne a subi une attaque lâche d’hommes armés, venant de la Mauritanie, dans la localité de Nampala. Il y a eu officiellement 17 morts et plusieurs blessés.
Peu après, le pouvoir balança sur la place publique l’arrestation d’un ‘’lieutenant ” du mouvement Ançardine. Il n’en fallait pas plus que ce dernier publie les photos de 5 militaires capturés lors de cette attaque. La publication a été faite sur un site d’informations mauritanien. Bamako n’a plus bronché.
Aussi, incapable d’engager de grands travaux, Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré avaient fait mieux, le pouvoir se cache dernière dame Sacko Aminata Kane, nouvellement nommée Gouverneure du District de Bamako.
Depuis plus de deux semaines, celle qui prétend avoir effectué le séjour à la Mecque à au moins vingt – deux (22) fois, donc une musulmane bon teint, a entrepris de démolir les instruments de travail, sinon de vie de dizaines de milliers de pauvres gens.
Fonctionnaire de police de son état, le quotidien national ” L’Essor ” a livré un portail élogieux de la Gouverneure à ses lecteurs, vendredi dernier, sans pour autant indiquer comment elle était parvenue à faire 7 fois le Hadj e 15 fois l’Oumra. A part les réactions indignées du Parena, UDD, Sadi, la classe politique a brillé dans son ensemble par le mutisme. Exception de taille, l’ADP – Mali, ayant récemment tourné le dos à la majorité présidentielle, a dit regretter ” la tournure que prennent les opérations ” de casses de la Gouverneure. Va t – on vers un Etat policier ?
Silence radio de l’Assemblée Nationale. Ses membres assistent dans l’indifférence à la démolition des boutiques, Kiosques, étals, des citoyens qui ne cherchent pourtant qu’à travailler pour vivre. Pendant ce temps, la République se déchire au Nord du pays. La – bas, force reste et demeure aux groupes armés.
Que Dieu sauve le Mali !
B. Koné