Sous la plume de Bilal Ag Achérif, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a publié un mémorandum le 2 août dernier dans lequel il accuse le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia) d’avoir exécuté des civils dans les environs de Kidal. La CMA demande une enquête diligente par un organe indépendant des Nations unies.
“Le 27 juillet 2016, juste une semaine après l’accrochage des 21 et 22 juillet à Kidal, deux éleveurs ont été assassinés par des éléments du Gatia à 70 km au sud-est de Kidal. Il s’agit de : Abdassadek Ag Ahmed et Mohamed Ag Anatane.
Cependant, quelques jours auparavant et face à la concentration des forces du Gatia à Takallot, la Minusma avait donné l’assurance que ces forces ne bougeraient de Takallot ; un jour après ce forfait, voyant que la Minusma était lente à se rendre sur le lieu du crime aux fins de constater celui-ci, nous avons envoyé une section pour procéder à l’inhumation des corps des victimes.
Le 30 juillet 2016, tôt le matin, les forces de la Plateforme ont fondu sur cette section. Ce nouvel acte d’agression a provoqué une reprise des combats jusqu’en fin de journée. Un repli des deux parties s’est alors opéré, avec sept personnes dont un civil, aux mains de la Plateforme : Halila Ag Sidaghmar, Rhissa Ag Sidaghmar, Sidy Ag Saghdoun, Mohamed Ag Biga, Ibrahim Ag Ahmedou, Alhadi Ag Issouf et Ibrahim Ag Alla.
Le 31 juillet 2016 les sept (personnes ont été cyniquement exécutées. Les images des corps exhibés presque nus, ont été présentées comme des trophées de guerre et ont fait l’objet de publications dans tous les réseaux sociaux. Les terroristes ne procèdent pas mieux pour exercer la violence morale sur l’opinion publique.
La CMA, qui commence à être sérieusement excédée, se pose aujourd’hui plusieurs questions dont voici quelques-unes : Le Gatia se considère-t-il membre de la Plateforme ? Si oui adhère-t-il à la signature apposée par la Plateforme sur l’accord de paix signé les 15 mai et 20 juin 2015 à Bamako ? Si oui, a-t-il perpétré, les agressions des 21, 22 juillet 2016, sur instructions de la Plateforme ou a-t-il agi à sa guise ? Que veut la Plateforme en enlevant et en tuant des civils ?
Qu’attendent les principaux acteurs du processus de paix pour freiner enfin la liberté totale dont jouit le Gatia pour mettre en péril le processus enclenché après tant de difficultés ? Comment ces acteurs peuvent-ils laisser les fondements et clauses de l’accord d’Alger se diluer pernicieusement dans un supposé ou réel contentieux intercommunautaire ? Par rapport à l’accord d’Alger, quelle est la position des FAMa qui contrôlent Gao alors que de cette localité s’organisent et partent toutes les colonnes et renforts qui viennent agresser la CMA ?
Les affrontements fratricides n’ont causé que trop des préjudices. Rien que du 21 au 31 juillet 2016 près de 150 morts dont neuf sommairement exécutés par le Gatia, et au moins 100 blessés. Tout cela par la mégalomanie de quelques psychopathes en perpétuel mal d’importance.
Il faut mettre fin au carnage et à ce sujet les parties signataires de l’accord ainsi que la communauté internationale sont interpellées. Quant à la CMA, elle reste attachée à la mise en œuvre intégrale de l’accord paraphé à Alger le 1er mars 2015 et aux vertus du dialogue. Mais d’un dialogue franc et loyal où ne dominent que les intérêts supérieurs de la paix et de la stabilité.
Aussi recommande-t-elle vivement : une enquête diligente effectuée par un organe indépendant des Nations unies pour situer les responsabilités de ces crimes et traduire les auteurs devant la justice. La remise des corps des victimes aux familles pour les mettre en sépulture normale. La dénonciation claire par la Minusma des responsabilités de violation de l’accord et sortir de l’ambigüité de style consistant à accuser ensemble le fautif et la victime de ces violations. Que les trois parties signataires de l’accord, la médiation et la communauté internationale conjuguent leurs efforts pour une mise en œuvre intégrale de l’accord qui doit rester le seul cadre approprié pour régler le problème de sécurité”.
A. M. C.