Derrière l’agitation qui entoure la question de représentativité du mouvement arabe de l’Azawad (MAA loyaliste) au sein du comité de suivi de l’accord (CSA), il y a bien de la manipulation. Et le ministre Zahabi serait beaucoup dans cette crise qui risque d’affecter la communauté arabe.
La décision unilatérale du secrétaire général du MAA loyaliste, Ahmed Ould Sidi Mohamed de suspendre son secrétaire exécutif Moulaye Ahmed Ould Raggani au comité de suivi de l’accord n’a pas eu gain de cause. C’est pourquoi lors des deux derniers travaux du CSA, Moulaye Ahmed a été reconnu par la médiation comme représentant légitime du MAA. La raison est toute simple : c’est lui qui a été désigné par la majorité, notamment sur les quatre bases que comptent le MAA dans la région de Tombouctou, trois soutiennent la position de Moulaye.
Pis, le secrétaire général adjoint du MAA avait dans un communiqué accordé sa confiance à Moulaye Ahmed pour représenter l’organisation au sein du CSA. Sans oublier, l’appel et la manifestation des femmes de la communauté dans les bases pour que la paix revienne entre les rangs. Du coup, elles sont allées jusqu’à menacer de s’introduire dans la salle du CICB nues pour contraindre les hommes à faire la paix.
Après quelques mois, la tension est aujourd’hui palpable et vive entre les membres de la communauté Oulad Idriss dont est issu le secrétaire général du MAA, le vieil homme Ahmed Ould Sidi Mohamed..
Les manœuvres de Zahabi
Si la situation est arrivée à ce niveau de tension, c’est bien parce qu’il y a quelqu’un qui tire les ficelles. Il nous est revenu que c’est l’ancien ministre de la réconciliation ZahabI Ould Sidi Mohamed dont la mission consisterait à entretenir une crise entre les membres de sa communauté. Lors d’une de ses visites à Léré, en tant que ministre, il aurait même confié que si la situation perdure, il n’hésitera pas à organiser un congrès du MAA pour imposer ses hommes. Mais à quel titre ?
Pour entretenir la crise, Zahabi avait convoqué une réunion à sa résidence ministérielle et au cours de laquelle, il dit disposer des preuves qui impliquent Moulaye pour usurpation de poste. C’est pourquoi, il aurait confié à ses interlocuteurs que ce dernier sera trainé devant les tribunaux.
Pour comprendre l’aversion de Zahabi à l’endroit du Moulaye Ahmed nous confie un notable de la communauté, il faut remonter à la rébellion des années 1990. Les trois hommes Zahabi Ould Sidi Mohamed, le secrétaire général du MAA, Ahmed Ould Sidi Mohamed et Moulaye Ahmed Ahmed Ould Raggani avaient dirigé la rébellion. Si chacun des leaders de cette rébellion était revenu au pays, le secrétaire du MAA, le professeur Ahmed Ould Sidi Mohamed lui n’a jamais accepté de travailler au Mali. Pour quelqu’un qui vit en Mauritanie depuis 1970 et qui, une fois au Mali loge à l’hôtel, la question de siéger au comité de suivi ne devrait pas se poser d’autant plus qu’il n’est nullement dit que le poste est dévolu au seul secrétaire général. Mais, derrière ses agissements, il y a bien la main de Zahabi qui est devenue subitement le mentor du secrétaire du MAA pour ses intérêts personnels.
Conséquence fâcheuse de cette crise, il y a risque d’affrontements armés sur le terrain, un conflit entre fractions et surtout jouer sur le retour des réfugiés. Déjà l’existence d’un groupe armé à Nepkil, 15 kilomètre en est une parfaite illustration. Pour toutes ses manœuvres dilatoires, qui ne cadrent pas avec les plus hautes autorités et la communauté internationale, il a été chassé du gouvernement.
Djibril Traoré