Il y a des hommes qui naissent, d’autres qui meurent mais Mangala Camara reste aujourd’hui aux yeux de ces jeunes musiciens l’éternel flambeau.
Notre pays aura connu un grand nombre d’artistes de grandes renommées qui ne font hélas plus partie de notre monde. Pendant leur existence ceux-ci ont laissé des traces indélébiles au parfum de nostalgie. Il y’a près de six ans qu’un des plus grands artistes du Mali nous a quitté : Mamoutou Camara dit Mangala. Mes compatriotes se souviendront à jamais de l’illustre disparu unique en son genre. Il se différenciait nettement des autres dans le domaine vestimentaire, le choix des thèmes abordés, autant que dans la philosophie. Il disait tout haut ce que les autres pensaient tout bas. Cette attitude audacieuse créait la différence et faisait le charme de sa création musicale. L’artiste à la voix unique manquera longtemps à son peuple encore friand de sa musique. Sa nostalgie ne cesse de planer dans les lieux d’animation bars et restaurants confondus car Mangala a longtemps tenu ces milieux en effervescence. De nos jours rares sont des espaces d’animation nocturne où sa musique n’est pas interprétée. Chaque fois que ses chansons font échos, l’émotion est palpable. La chair de poule se saisit du public, toujours conquit. La raison est simple à déceler Mangala est mort au moment de son ascension fulgurante à la surprise de tous. Avant sa disparition il aura largement contribué à émerveiller le grand peuple du Mali, Mangala Camara débordait de talent et d’imagination. De son vivant il aura été un ambassadeur infatigable de la culture malienne. En France où il vécut un long moment Mangala n’a cessé de distiller la musique malienne peu lui importait les lieux d’animation. Si la mort fatale et précoce n’avait pas croisée sa route, je me demande en ces temps troubles de notre histoire de quelles harmonies innovantes et subtiles cet artiste d’exception se serait saisi pour chanter son amour du Mali ?
Aujourd’hui, je peux tout simplement oser dire que Mangala ne meurt jamais tant que sa musique est consommée par la génération actuelle. Au-delà du studio d’enregistrement baptisé en son nom par le promoteur de Binthily Communication, bien de jeunes artistes participent jour après jour à l’immortaliser sur scène dans les lieux phares de Bamako pour que l’on se souvienne à jamais de l’artiste. Je peux citer entre autre Alou Kouyaté et sa charmante épouse Mariam Doumbia, Hadja Fanta Diabaté, Adama Kouyaté dit Tèrèmèssè Belco Guindo et Modibo Coulibaly. Que se soient à la Rose des Sables à l’Hippodrome, au Maya à Sebenikoro ou au Mistral à Boulkassoumbougou ces jeunes artistes ne manquent pas de faire un clin d’œil à feu Mangala Camara. Par la qualité de leur voix, Mangala se retourne dans sa tombe en soupirant qu’il n’a pas vécu inutilement et a servi son pays avec amour et talent. C’est le lieu de rendre hommage à ces jeunes artistes qui font revivre Mangala dans toute sa plénitude musicale. De « Mali Sadio », à « Denko » en passant par « Yiri Toulé », « Koussoumbé » ou « Fantan den », jusqu’à « Djé Lalé », « Mogo koroba dogoya » et « Tant qu’on n’est pas arrivé sur l’autre rive ne te moque pas de celui qui se noie », qui faisaient partie de son dernier album « Renaissance ». Malheureusement, l’artiste n’est pas parvenu à lancer de son vivant à plus forte raison que de profiter de ses retombées. Mangala s’en est allé en se prenant une grande place dans le cœur de ses compatriotes.
A E Sissoko