C’était attendu, l’Alliance Démocratique pour la Paix (ADP-Maliba) a fait ses valises. Les responsables du parti étaient face à la presse, le samedi 06 août dernier. Au cours de ce point de presse, les responsables du parti ont annoncé avoir définitivement quitté la coalition des partis qui composent la majorité présidentielle.
« Après consultations de toutes ses bases, les militants se sont prononcés pour un retrait de la majorité présidentielle », a rappelé l’honorable Amadou Thiam, vice-président du parti, par ailleurs deuxième vice-président de l’Assemblée Nationale du Mali. A en croire le très courageux Amadou Thiam, ce retrait est la traduction d’un sentiment général de déception des maliens face à la tournure que prend la gestion actuelle de notre pays.
Prendre conscience de l’ampleur du mécontentement populaire
« Cela doit pousser les plus hautes autorités à prendre conscience de l’ampleur du mécontentement populaire, des défis à relever et de la nécessité pour tous de faire preuve davantage d’engagement et de patriotisme au service du Mali d’abord », a poursuivi le député Amadou Thiam.
A rappeler que le président d’honneur du parti, l’opérateur minier, Aliou Diallo était cependant une personnalité de l’entourage d’IBK. Il fut le principal financier de la campagne d’IBK en 2013. Aussi son parti a été l’un des premiers soutiens politiques du candidat IBK. A noter également que l’ADP-Maliba dispose de quatre députés à l’AN, son retrait de la majorité – une première sous l’ère IBK d’autres viendront – fera tache d’huile sur la scène politique nationale.
Enfin, on se souvient, il y a moins d’un mois, le parti avait suspendu sa participation aux activités des partis politiques qui soutiennent le président Ibrahim Boubacar Keïta. Les discussions engagées entre la direction du parti et les responsables de la MP n’ont pas abouti. De toutes les façons c’est courageux de la part des responsables l’ADP-Maliba et de leurs militants
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Quelques griefs de l’ADP-Maliba
La gestion catastrophique et clanique du pays avec son corollaire de promesses électorales non tenues par le président de la République, IBK est en train de porter un coup de massue au sein de la majorité présidentielle.
Le mardi 12 juillet 2016, le président de l’ADP Maliba, l’honorable Amadou Thiam a organisé un point de presse au siège du parti à Bamako-Coura en face de l’ex primature pour annoncer la suspension de son parti des activités de la majorité présidentielle. Cette suspension était consécutive à la léthargie et à l’incapacité de la coalition présidentielle à faire face aux problèmes du pays. « La situation générale du pays est inquiétante à bien des égards. Le processus de paix est à la traine, l’économie nationale ne profite pas aux populations, l’image du pays est fortement écornée par des scandales à répétition restés impunis », avait soutenu le président de l’ADP Maliba.
Cette décision de suspension et finalement de retrait définitif de la majorité a été bien mûrie et bien réfléchie. En effet, à la fin d’une réunion extraordinaire du parti, le lundi 11 juillet 2016, à son siège, les responsables du parti ont décidé de suspendre leur participation à toutes les activités des partis de la majorité présidentielle. Une motion avait été ainsi élaborée. Elle retrace toutes les dérives du régime IBK et les promesses non tenues de ce dernier qui, selon les initiateurs, risqueront de conduire le Mali vers le précipice. La lenteur dans la résolution de la crise du Nord, les multiples scandales de corruption et autres malversations qui ont entachées les trois ans de règne d’Ibrahim Boubacar Keita sont les grandes lignes de la motion.
« Nous voulons le Mali nouveau promis à nos compatriotes, un Mali qui défend ses intérêts, qui défend ses valeurs, qui défend son mode de vie, qui s’appuie sur sa jeunesse qui ne s’en remet pas, pour fixer son destin, à un clan ou à l’étranger, mais à la justice, à l’éducation, à la solidarité et à la création équilibrée de richesse . Nous ne reconnaissons plus dans cette majorité qui garde le silence et reste inactive lorsqu’il faut débattre en notre sein et avec l’opposition », a déploré, dans la motion, la direction de l’ADP Maliba.
Nous avons demandé le point de vue d’un analyste de la scène politique sur le départ de l’ADP-Maliba de la majorité présidentielle. Pour lui, c’est ce que veut dire adhérer à une majorité présidentielle. On adhère aux actions d’un dirigeant quand celle-ci vont dans le sens de l’intérêt général et on s’en écarte quand le dirigeant en question fait autre chose. « Supporter contre vents et marées est tout simplement irresponsable et apatride », a-t-il souligné et d’ajouter : « Je pense que ce parti a de l’avenir. Au moins les responsables de ce parti ne sont pas des béni oui oui et ils ne sont pas là pour leur poche. C’est courageux de leur part et l’histoire politique reviendra leur courage, leur vision, leur sens de l’anticipation. Au Mali, pour des raisons d’intérêts personnels (postes au sein de l’administration, obtention de marchés publics, argent, brosse voiture etc.) les hommes politiques ne sont pas conséquents. Ils se soucient rarement les engagements pris à l’intention du peuple.
Moussa Mamadou Bagayoko