Les 3 et 4 août, une forte délégation gouvernementale venue de Bamako, s’est rendue successivement à Gao et Ménaka pour procéder au lancement de deux ateliers régionaux d’information et de sensibilisation aux dispositions du Code des collectivités territoriales relatif à la mise en place des autorités intérimaires, une disposition importante de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger.
Les participants représentés par les responsables des deux exécutifs régionaux, du Haut conseil des collectivités, de l’Assemblée nationale, des représentants locaux des partis politiques, d’organisations de la société civile, de la CMA et de la Plateforme sont venus de tous les cercles et communes de Gao et de la nouvelle Région de Ménaka. La MINUSMA était représentée aux différentes rencontres à travers les divisions Affaires civiles, Affaires politiques, Information publique, la Force et la police de la MINUSMA.
La délégation venue de Bamako avait à sa tête le Directeur national de la décentralisation, accompagné d’autres cadres des ministères en charge de la décentralisation et de la réforme de l’Etat, de la réconciliation nationale, de la solidarité et de l’action humanitaire, tous maitres d’œuvre du processus. La mission avait pour objectif d’expliquer le concept d’autorité intérimaire aux personnes influentes des différents cercles des deux régions concernées.
A Gao, où des manifestations du mois passé contre la mise en place des autorités intérimaires ont causé des pertes en vies humaines, la délégation a été bien reçue et l’atelier s’est déroulé dans la salle de conférence du Conseil régional archicomble pour l’occasion.
A l’ouverture des travaux, le gouverneur Seydou Traoré, a attiré l’attention des participants sur le fait que « la mise en place des autorités intérimaires a fait véritablement l’objet de diverses interpellations, tant sur le plan national que régional par manque de large diffusion. Ainsi, le présent atelier permettra j’en suis sûr, à une large partie de notre population de s’en approprier et d’y adhérer sans réserve ».
Le gouverneur a ajouté que cet atelier vient dissiper la mauvaise information autour de la mise en place des autorités intérimaires qui a conduit à une marche de protestation des Mouvements des organisations de la société civile de Gao.
Prenant à son tour la parole et dans le souci d’éclairer la lanterne des participants, Abdrahamane Cissé, Directeur général des collectivités territoriales et chef de délégation précisera que « contrairement à la délégation spéciale composée de 3 à 7 personnes qui remplaçaient plus de 40 membres des collectivités, l’autorité intérimaire a le même effectif que celui de la collectivité qu’elle doit remplacer ». Pendant sa présentation, le Directeur général des collectivités territoriales a tenu à apporter des précisions quant à la nuance entre la délégation spéciale et l’autorité intérimaire en ces termes : « l’autorité intérimaire ne peut vendre le bien de la collectivité et ne peut prendre de prêt en son nom. Sa durée est de 06 mois et ne peut excéder les 12 mois sauf exception » a t-il martelé.
Ménaka : autre lieu, autre réalité
Arrivée à Ménaka le 04 août par un vol spécial de la MINUSMA, la délégation a été accueillie par le nouveau Gouverneur de la région. Dans cette entité également de création récente, les autorités administratives avaient initié le débat avant la tenue de la présente session. Daouda Maiga, Gouverneur de la région de Ménaka s’exprimait ainsi à l’ouverture : « Je vous prie de profiter de la présence de cette délégation pour avoir toutes les réponses à vos questions. Nous avons commencé les discussions avant aujourd’hui, et nous comptons continuer les discussions au besoin ».
L’arrivée de la délégation aura effectivement permis de répondre aux questions spécifiques à Ménaka qui vient d’être érigée en région. Pour Ménaka qui ne dispose pas encore d’infrastructure ni de structure de fonctionnement appropriées, la rencontre s’est déroulée dans le dépôt de l’OPAM (Office des Produits Agricoles du Mali). Ici également, leaders communautaires, représentants de la CMA et de la Plateforme, femmes, jeunes et vieux de la région ont répondu en masse à l’appel du Gouverneur qui s’est personnellement impliqué dans la mobilisation pour une meilleure sensibilisation des acteurs de premier plan.
Après une présentation générale sur les autorités intérimaires, le conférencier, non moins Directeur général des collectivités territoriales, a précisé que « pour Ménaka, il est prévu un collège transitoire en plus des autorités intérimaires. Ce collège transitoire sera chargé de gérer le conseil régional et l’assemblée régionale. C’est une disposition du code des collectivités qui va donc s’appliquer ». Les collèges transitoires sont des mécanismes de gouvernance locale à ériger uniquement dans les zones où il n’existe pas de collectivité territoriale. Ils vont provisoirement exercer les fonctions d’autorités intérimaires avant la mise en place effective de celles-ci. Ils sont composés de Conseillers aux niveaux de la région, des cercles et des arrondissements. La particularité de la sensibilisation à Ménaka a été le fait de traduire les communications en langue locale.
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