Afin de présenter le contenu de l’Accord d’Alger en termes plus explicites aux journalistes maliens, la Misahel en partenariat avec l’organisation internationale de la francophonie (OIF) et l’Union européenne (UE) a organisé un séminaire de deux jours. Cet atelier initié à l’endroit d’une cinquantaine de journalistes maliens s’est tenu du jeudi 28 au vendredi 29 juillet dernier à l’hôtel Salam.
Ainsi, durant les deux jours de séminaire, plusieurs thèmes ont été exposés. Parmi lesquels, «Les défis de la communication de l’accord : exemples concrets des rédactions». Il a été animé par notre consœur du journal ‘’Le 22 septembre’’, Rahamata Diaouré. Selon elle, quatre défis majeurs doivent être relevés par les hommes de médias dans le suivi et la mise en œuvre de l’accord d’Alger pour la paix et la réconciliation au Mali.
Les journalistes étant le reflet de leur société, selon Ramata, le premier défi est leur faible connaissance du processus ayant conduit à la conclusion de l’Accord (ces pourparlers inter-maliens auxquels ils ne furent qu’une infinitésimale minorité à pouvoir assister), tout comme du rôle des médiateurs, de ce qu’est réellement la Communauté internationale et, du texte du document en lui-même, ainsi que des autres accords (d’Anefis par exemple) et Entente (sur l’installation des autorités intérimaires) signés par une partie des Parties à l’Accord.
Le deuxième défi est d’amener les acteurs des médias maliens à être capables de faire une bonne explication de ce texte après se l’être, selon le terme à la mode, «approprié». Elle a donné comme exemple cette phrase dans le document ‘’Responsabilité du journaliste de l’UNESCO (1983)’’ qui dit ceci : «La tâche primordiale du journaliste est de servir le droit du peuple à une information véridique et authentique, par un attachement honnête à la réalité objective, en plaçant consciemment les faits dans leur contexte adéquat, en relevant leurs liens essentiels, sans entraîner de distorsions, en déployant toute la capacité créatrice du journaliste, afin que le public reçoive un matériel approprié lui permettant de se forger une image précise et cohérente du monde, où l’origine, la nature et l’essence des évènements, processus et situations, seraient compris d’une façon aussi objective que possible».
Ramata Diaouré a cité comme troisième défi, celui de l’accès à l’information et du choix de son mode de traitement. «En effet, le public reproche souvent aux journalistes leur manque d’objectivité», affirme-t-elle. Elle ajoute aussi que bien de journalistes répondent que l’objectivité n’existe pas et qu’en tout état de cause, elle ne relève pas de la nature et des conditions d’exercice de leur travail. Dans le cas du Mali, le citoyen journaliste n’a-t-il pas souvent, par rapport aux évènements concernant le Nord du pays, tendance à se muer en «défenseur de la patrie», en «partisan de l’intégrité territoriale», donc en partisan tout court, et à refuser à certains le droit à l’expression publique de leur point de vue ou de leurs revendications? se demande-t-elle.
En réponse, elle soutient que «nous pouvons admettre comme objectif, parlant des médias maliens, ce qui est exempt de partialité et de préjugés. Mais n’oublions pas que l’observation d’un événement et sa relation ne peuvent être réalisées indépendamment de la personnalité, de la culture, des convictions et des préoccupations des journalistes».
Pour terminer son exposé, elle a défini un quatrième défi majeur, celui de la sémantique. Il s’agit de la terminologie utilisée par les médias.
Bintou Danioko