Au Mali, la Haute autorité de la communication (Hac) vient de faire l’état des lieux de l’espace médiatique audiovisuel. C’est un désordre qui y règne. Le constat a été fait lors de la première session ordinaire de cet organe pour l’année 2016.Le président de la Hac, Fodié Touré (photo), évoque « une situation extrêmement complexe des radios et des télévisions privées ».
Depuis 1994, quelques 800 fréquences ont été assignées pour l’exploitation des radios privées au Mali. A ce jour, 219 fréquences n’ont pas été mises en service. C’est ce que révèle un audit réalisé en 2015.En 21 ans, 575 autorisations ont été délivrées pour l’établissement et l’exploitation des radios privées, y compris les autorisations provisoires. Le Mali devrait donc compter 575 radios. Il y en a 329 qui fonctionnent conformément au terme de l’autorisation qui leur a été délivrée, et 353 émettent sur des sites indiqués dans l’autorisation d’établissement.
Mais il y a des hors-la-loi. En effet, 24 radios émettent à partir des fréquences autres que celles qui leur ont été assignées, et 3 émettent à partir des sites autres que ceux indiqués dans les autorisations d’établissement. A côté des radios autorisées, il y en a 43 autres émettant sans aucune autorisation. Onze d’entre elles sont basées dans la zone géographique du district de Bamako, la capitale malienne. Il y a aussi des radios qui émettent sur des fréquences non attribuées et donc frauduleuses.
A côté des violations de la réglementation, il y a la situation complexe créée par cette même réglementation. Plusieurs radios fonctionnent sur la base des autorisations provisoires délivrées par le ministère de la Communication, alors que c’est la Hac qui accorde des autorisations définitives. Des radios qui n’émettaient plus ont repris du service sur la base d’autorisations administratives du ministère, pendant que d’autres ont cessé d’émettre sur décision du même ministère.
Si l’espace radiophonique préoccupe, le président de la Hac avoue que les chaînes de télévision inquiètent davantage. En effet, aucune d’elles ne dispose d’autorisation. Il leur a été simplement donné la possibilité de procéder à des essais.
La seule bonne note vient des entreprises de distribution de programmes et des radios étrangères. Celles-ci diffusent et émettent sur la base soit de conventions, soit d’accords, soit d’autorisations. Mais il reste à traiter les demandes pressantes des promoteurs nationaux et étrangers qui attendent depuis longtemps.
Le défi majeur à relever par la Hac est de mettre un terme au désordre ambiant. Cet assainissement est un challenge « gagnant-gagnant » entre la Hac et ses partenaires, a conclu Fodié Touré.
Assongmo Necdem