La campagne agricole 2016-2017 promet d’être belle, accompagnée par la disponibilité d’engrais de bonne qualité, partout au Mali champêtre, et particulièrement à l’Office du Niger, à l’Office riz Ségou, en zone OHVN, à Sélingué et dans le delta intérieur. De son côté, le coton promet une production record, selon les assurances données par le ministre de l’Agriculture Kassoum Denon, après une visite de terrain qui a débuté avec l’hivernage. Interview exclusive!
Le Républicain : Après plus d’un mois de visites de terrain, que dites-vous aux Maliens, que promet cette campagne agricole 2016-2017 ?
Kassoum Denon : Depuis que nous avons été commis aux affaires et depuis plus d’un mois, comme vous l’avez si bien dit, nous sommes sur le terrain, dans la zone cotonnière, dans la zone Office riz, les Moyens Bani, Sélingué, Manantali, la zone CMDT de Kita, Koulikoro, Banamba, Sirakorola, Kolokani, nous avons sillonné toutes ces zones. C’est ce dimanche 7 Août que nous avons quitté l’Office du Niger, et on a eu la chance de parcourir toute la zone, l’Office du riz à Ségou, et la Station de Recherche Agricole de ces zones. A la lumière de ce parcours, nous pouvons dire que l’hivernage au Mali s’est véritablement installé. On a démarré dans les très bonnes conditions, parce que nous avons constaté que les quantités d’engrais prévues pour la campagne étaient déjà disponibles au niveau des producteurs.
De façon générale, quelle est la physionomie de la Campagne agricole ?
La physionomie de la Campagne agricole se présente bien. L’hivernage est entrain de se dérouler normalement sur l’ensemble du territoire. Et à l’image des zones visitées, nous pouvons dire que l’hivernage s’est véritablement installé
Quels sont les défis de cette campagne agricole?
C’est le défi de la productivité parce que nous avons mis suffisamment d’intrants à la disposition des producteurs. Nous voudrions à la faveur de la bonne pluviométrie que ces intrants puissent être utilisés pour aller à l’augmentation des rendements de production. Nous voulons faire une agriculture moderne compétitive et durable, cela ne peut pas se faire sans une intensification de l’agriculture.
Dans les zones visitées, quels sont les aménagements récemment réalisés, ceux en cours ou prévus à moyens termes ?
Le président de la République a promis d’aménager 100 000 hectares. A la suite de nos visites à travers les zones agricoles, nous sommes en train d’être rassurés davantage que cet objectif peut être atteint. Cet objectif peut l’être, à travers quoi ? Les petits barrages d’irrigation de proximité (IPRO) que nous sommes en train de construire. Nous allons construire 56 petits barrages pour aménager 2 700 hectares dans toutes les régions, et même dans le delta intérieur, parce que nous avons un Programme d’Irrigation de Proximité à ce niveau qui va couvrir l’ensemble des zones où on peut faire des retenues de l’eau … Nous avons des aménagements à l’Office du Niger de 360 hectares, déjà aménagés, qu’on va mettre à la disposition des producteurs. Il y a également environ 3000 hectares qui sont à l’Office du Niger dans le cadre de l’UEMOA et dans le cadre du Programme d’Accroissement de la Productivité Agricole au Mali (PAPAM) qui vont être aussi ajoutés aux aménagements. A l’office riz Ségou, il y a 1 271 hectares nouveaux, qui vont s’ajouter aux aménagements pour cette année.
Les travaux sont très avancés, ils sont à 89%, tout cela peut être mis à la disposition des producteurs. Au niveau du Programme de Développement Economique Rural de la Région de Koulikoro (PDERK) à Kita, de l’Agence de Développement rural de la Vallée du Fleuve Sénégal (ADRS), nous avons des périmètres qui vont être aménagés dans le cadre du Projet de Développement Intégré dans le Cercle de Kita. Au niveau de Sélingué aussi, les aménagements sont en cours. Je pense qu’au regard de tout ce que nous avons vu au cours de cette visite, nous sommes en mesure de dire que, si la tendance se poursuivait, on atteindra facilement les 100 000 hectares. L’année dernière, nous avons aménagés plus de 40 000 ha, un peu moins de 50 000 ha, ce que nous allons faire cette année est de 40 000 ha. On atteindra l’objectif de 100 000 ha.
Quelle est l’enveloppe financière de ces réalisations ?
C’est par projet, et les coûts des enveloppes financières diffèrent. A l’office du Niger, quand vous avez 3 000 hectares de nouveaux aménagements, vous les multipliés par 5 millions de FCFA, ça vous fait le coût. Quand vous êtes dans l’Irrigation de Proximité, il y a des sites qui font 100 millions de FCFA, des barrages qui font 110 millions de FCFA, et il y a des sites qui font 200 millions de FCFA. Ce qui est certain, les partenaires techniques et financiers (PTF) nous aident. Pour les IPRO-DI, nous avons environ 52 millions d’euros (environ 30 Milliards) qui vont permettre de faire l’irrigation de proximité. Au niveau de la Banque Mondiale et des autres donateurs de l’Union Européenne, il y a des enveloppes qui sont prévues dans ce cadre. Les PTF sont beaucoup plus orientés pour l’aménagement des terres afin d’atteindre cet objectif.
Donc il y a une partie financée par les partenaires, et d’autres par le budget national ?
Absolument. Effectivement, l’Etat contribue aux aménagements pour une partie, et les PTF pour l’autre. Ça peut donner une notion de financement globale.
Où en sommes-nous dans la distribution de l’engrais, tous les points de distribution sont-ils dotés en intrants agricoles?
Comme vous avez constaté effectivement, le problème d’engrais a fait couler beaucoup d’encre en République du Mali. La campagne dernière, il y a eu beaucoup d’interpellation au niveau de l’Assemblée, mais quand nous sommes arrivés aux affaires, sur instruction du président de la République, lors du Conseil Supérieur de l’Agriculture, le président nous a instruit d’assainir le secteur. Non seulement au niveau de la qualité, mais aussi au niveau de l’utilisation de ces intrants.
Nous avons mis des dispositions non seulement pour sélectionner les vrais fournisseurs d’engrais, mais aussi nous sommes allés à la base pour mettre en place des brigades pour suivre de plus en plus ces engrais au niveau de nos parcelles. A la date de notre visite, tous les engrais étaient en place. Mais nous avons constaté juste en début du mois, des insuffisances dans certaines zones. Le président nous a instruit d’augmenter le quota d’achat des engrais jusqu’à 10 milliards de FCFA. Nous avons engagé une première tranche de 5 milliards de FCFA, aujourd’hui tous ces engrais ont été mis en place, nous avons tenu à ce que des commissions de réception identifiées puissent nous dresser les rapports. Sur le terrain aussi nous avons visité les magasins témoins pour voir comment tout cela se passe. Nous suivons tout le processus de très prêt, et je pense que nous serons à bout de ce problème d’intrants qui fait couler beaucoup d’encre.
En plus du riz, le coton, culture de rente constitue une base de notre économie, comment se porte t-il? Quel est le climat avec les cotonculteurs ? Sont-ils en confiance ?
Nous pouvons dire que le coton se porte très bien aujourd’hui. Le coton est à 112 % de réalisation. Je crois qu’il y a toutes les chances que ce soit un record. On est à 698 000 hectares déjà ensemencés. L’état végétatif est très bon, les traitements sont en cours. Nous avons exigé que les quatre traitements puissent être réalisés pour avoir la qualité de la fibre. Ceci est sans ambages. Donc à ce niveau il n’y a aucun problème et pour les petits différends qui étaient entre les cotonculteurs, nous avons sillonné toute la zone CMDT région par région, zone agricole par zone agricole, cercle par cercle pour essayer d’expliquer le bien fondé de la cotonculture. Aujourd’hui en zone CMDT tous ceux qui refusaient de faire le coton, ont repris du service et en plus, tout le monde fait le maïs. Tout le monde est d’accord que l’essor du coton ce n’est pas lié à une seule personne mais, c’est pour le Mali.
Avez-vous les moyens pour votre mission ?
J’ai les moyens parce qu’on a 15% du budget de l’Etat et je crois que ces 15% vont être utilisés à bon escient.
Effectivement mis à votre disposition ?
Ça se fait progressivement, en tout cas, ce qui va être mis à notre disposition va être utilisé correctement dans l’investissement.
Avez-vous un message ?
Le message, c’est un message d’apaisement pour dire que la tendance aujourd’hui de l’hivernage au Mali est bonne. En tout cas le message c’est que les paysans doivent continuer à utiliser judicieusement l’engrais, continuer la surveillance pour la protection des végétaux.
Sidiki Dembélé
Aguibou Sogodogo
Boukary Daou