Entre la Majorité présidentielle dont l’objectif est de soutenir les actions du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, et l’Alliance démocratique pour la paix (Adp-Maliba), rien ne va plus. Le divorce est désormais bien consommé. En effet, le Comité exécutif de cette formation politique vient de se soumettre à la volonté des militants de base : «retrait pur et simple» de la Majorité présidentielle.
À titre de rappel, le lundi 11 juillet 2016, les militants de base de l’Alliance démocratique pour la paix (Adp-Maliba) ont saisi le Comité exécutif d’une «Motion pour le retour aux fondamentaux de notre engagement politique», dans laquelle ils évoquent des sujets d’actualité nationale et appellent le parti à redéfinir sa ligne politique, notamment en réfléchissant sur le sens de l’appartenance de l’Adp-Maliba à la Majorité présidentielle. La motion a exhorté le Comité exécutif à effectuer un «retrait pur et simple» du parti de la Majorité présidentielle. Ainsi, le Comité exécutif s’est saisi de cette requête officielle émanant des militants de base et a délibéré sur la forme et le fond du document.
Dans sa déclaration du 12 juillet 2016, le Comité exécutif de l’Adp-Maliba a reconnu, sur la forme, la pleine légitimité de la motion et s’est félicité de l’initiative des signataires. Selon les membres du Comité exécutif, la motion des militants a démontré la force et la vitalité démocratique des structures de base du parti. Sur le fond, le Comité exécutif a manifesté son soutien aux arguments constatant l’éloignement de la Majorité présidentielle des engagements pris à l’endroit de nos compatriotes.
Par la suite, le Comité a déploré les dysfonctionnements de la Convention des partis politiques de la majorité présidentielle (Cmp) et s’est inquiété de la situation générale du pays. Face à ce constat, par respect pour sa base militante et pour les Maliens auxquels des promesses ont été faites, le Comité exécutif de l’Adp-Maliba a décidé de ne pas rester passif. À cet effet, «nous, apprend-on, le Comité exécutif avait suspendu toute participation à la Majorité présidentielle et ouvert immédiatement des consultations nationales dans l’ensemble des structures de base au Mali et à l’étranger, en vue de recueillir l’avis de l’ensemble des militants du parti».
Ces consultations nationales ont débuté le jeudi 14 juillet 2016 avec le départ d’une délégation conduite par le président de l’Adp-Mali, Amadou Thiam, pour la région de Ségou. D’autres délégations se sont rendues dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso ainsi que dans le District de Bamako.
En raison du délai imparti par le Comité exécutif, en l’occurrence la fin du mois de juillet pour boucler le processus, mais aussi face au contexte sécuritaire contraignant sur certaines parties du territoire, dans les régions de Mopti, Gao, Kidal, Taoudéni et Ménaka, des mandats ont été transmis aux représentants locaux aux fins d’animer des consultations locales.
À l’extérieur du pays, des consultions ont été animées par les représentants de l’Adp-Maliba en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Burkina Faso, en Guinée, au Togo, au Gabon, en République Démocratique du Congo, au Congo-Brazzaville, en France, en Espagne, en Allemagne, en Chine, en Arabie Saoudite, aux Emirats Arabes Unis. Le président Amadou Thiam a effectué un déplacement officiel aux Etats-Unis.
De ces consultations, il ressort que les militants de base se sont prononcés à l’unanimité pour un retrait de l’Adp-Maliba de la Majorité présidentielle. À ce titre, conformément aux statuts du parti et suite à sa session du jeudi 4 août 2016, le Comité exécutif de l’Adp-Maliba a suivi le choix des militants et décidé du retrait du parti de la Majorité présidentielle, à compter du vendredi 5 août 2016.
Question : quel sera le positionnement politique du parti à l’avenir ? Selon nos informations, les militants de base ont appelé à la convocation de la Conférence nationale du parti afin que la ligne politique soit clarifiée dans un délai raisonnable. Dans cet intervalle, ils ont exhorté le Comité exécutif à se positionner en «sentinelle de la démocratie», en «gendarme des intérêts du peuple». Toute chose qui reste encore floue.
L’Adp-Maliba va-t-elle opter d’aller à l’opposition ou d’être du centre ? Nous le saurons au terme de la Conférence nationale dont la date n’est pas pour le moment fixée.
Bruno E. LOMA