Le Centre International de Conférences de Bamako(CICB) a servi de cadre le vendredi 5 août dernier pour la première session ordinaire de la Haute Autorité de la Communication (HAC). La cérémonie d’ouverture était placée sous la présidence de Me Mountaga Tall, ministre de l’Economie Numérique et de la Communication, représentant le Premier ministre Modibo Keita. C’était en présence des représentants des Institutions de la République, des représentants des organisations professionnelles des médias et de plusieurs directeurs de médias.
Dans son intervention,le président de la HAC Fodié Touré a indiqué que deux décennies après la libéralisation, il règne un véritable désordre dans l’espace médiatique audiovisuel au Mali. Selon lui, une mise ordre du secteur est donc urgente et impérative.
« Pour la réussir et donner une réponse adéquate aux nombreuses attentes, cette session, la première de l’histoire de la HAC, va s’atteler à faire l’état des lieux de l’espace médiatique audiovisuel, du secteur de la publicité et de ceux de la presse écrite et des médias en ligne », a-t-il expliqué.
Au cours de ses premiers six (6) mois d’exercice dit-il, la HAC a reçu du ministre de l’Economie Numérique et de la Communication, une documentation et des dossiers relatifs aux services privés de communication audiovisuelle. Pour lui, l’examen préliminaire de ces dossiers a mis en exergue une situation extrêmement complexe des radios et des télévisions privées.
Plus de 800 fréquences pour des radios privées de 1994 à ce jour
« De 1994 à ce jour, sur le plan technique, plus de huit cent (800) fréquences ont été assignées pour l’exploitation de radios privées. », a-t-il rappelé. Avant d’ajouter que selon un rapport d’audit réalisé en 2015 avant l’installation officielle de la HAC par l’Autorité Malienne de Régularisation des Télécommunications et des Postes (AMRTP), 575 autorisations ont été délivrées (y compris les autorisations provisoires) pour l’établissement et l’exploitation de radios privées.
Sur ces 575 radios dit-il, 329 fonctionnent conformément aux termes de l’autorisation qui leur a été délivrée, 353 émettent sur des sites indiqués dans l’autorisation d’établissement, 24 émettent à partir de fréquences autres que celles qui leur ont été assignées, 3 émettent à partir de sites autres que ceux indiqués dans l’autorisation d’établissement et 219 fréquences assignées n’ont pas été mises en service.
43 radios privées émettant sans autorisation
Aux dires du président de la HAC, en plus de ces 575 radios à qui des fréquences ont été assignées, 43 radios émettent sans aucune autorisation dont 11 dans la zone géographique du District de Bamako.
« Il faut ajouter à cette situation déjà complexe, la délivrance, après l’installation de la HAC, de nombreuses autorisations provisoires sous réserve de leur confirmation par l’autorité de régulation », a-t-il laissé entendre.
Sur le plan administratif et juridique, le président de la HAC a fait savoir que l’examen des documents a permis de constater l’existence de radios privées émettant sur la base d’arrêtés interministériels devenus caducs parce que n’ayant pas été renouvelés. Mais aussi, des radios privées émettant sur la base d’autorisations provisoires délivrées par le ministre chargé de la Communication, des radios privées qui ont cessé d’émettre suite à une décision du ministre chargé de la Communication, des radios privées qui avaient cessé d’émettre mais qui ont repris leur service après y avoir été autorisées par le même département et des radios privées qui émettent à partir de fréquences non attribuées, donc frauduleuses.
Fodié Touré a soutenu que la situation des télévisions privées est encore plus préoccupante. Et pour cause dit-il, aucune d’elles ne dispose d’autorisation puisqu’il leur a simplement été donnée la possibilité de procéder à des essais. A l’en croire, il est aisé de constater que ces télévisions figurent toutes sur les bouquets proposés par certaines entreprises maliennes de distribution de programmes.
« Dans un tout autre domaine, le Mali compte aujourd’hui plus de 300 agences de publicité dont une dizaine seulement est capable de répondre aux attentes des usagers. Enfin, la presse en ligne, bien que relavant du domaine de la mission de régulation de la HAC n’est jusque-là réglementée par aucun texte. Il est donc urgent de légiférer en la matière », a-t-il indiqué.
A noter qu’au cours de cette session, quatre (4) thèmes essentiels ont été examinés. Il s’agit de la finalisation et la mise en œuvre du plan d’action et du chronogramme des activités de la HAC pour le reste de l’année 2016, l’amélioration du cadre législatif et réglementaire de l’espace médiatique audiovisuel et de la mission de régulation de la HAC, l’élaboration de cadres de coopération avec les partenaires, l’amélioration des méthodes de travail de la HAC. Des thèmes qui, selon Fodié Touré, concourent chacun à la mise en ordre de l’espace médiatique audiovisuel.
« La mise en ordre de l’espace médiatique audiovisuel impliquera sans aucun doute des mesures rigoureuses qui vont être prises en toute lucidité, en toute responsabilité et dans la stricte légalité. Le respect des lois, y compris par la HAC, revient à protéger ceux qui s’y soumettent et à sanctionner ceux qui choisissent de les violer et de les défier », a déclaré le président de la HAC. Pour qui, la mise en ordre de l’espace médiatique audiovisuel est un véritable défi. Car c’est une véritable opération d’assainissement du secteur. Un défi que la HAC ne peut relever sans l’accompagnement des plus hautes autorités du pays.
« Elle ne pourra non plus relever ce défi sans la collaboration et la participation des acteurs du monde de l’audiovisuel. L’assainissement du secteur est un challenge gagnant-gagnant puisqu’il permettra aux acteurs des médias audiovisuels d’aller vers plus de professionnalisme, plus de performance, plus de rigueur et plus de responsabilité », a conclu le président Fodié Touré.
Fily Sissoko
Source: Tjikan