Les rappeurs maliens ont décidé de donner de la voix et de dénoncer les errements du pouvoir en place, Mylmo, Master Soumi, Tal B tous déçus comme la plupart des Maliens. Ces musiciens ont composé des textes d’actualité, pour inciter le président IBK à revoir sa copie dans la gestion du pays : Yabé 2012, (Mylmo), Toukoutoukou Bari Bari, Gwèlèkan (Master Soumy) et Inchallah de Tal B...Des morceaux au vitriol
Les rappeurs maliens reviennent de plus en plus aux racines du mouvement hip hop à savoir : le « rap conscient » un mouvement qui dénonce les injustices, le chômage, la corruption, et cherche surtout à faire participer la population et principalement les jeunes, Le genre musical est aujourd’hui incarné au Mali par les paroliers Mylmo, Master Suomi, Tal B vient de rejoindre ce groupe d’artistes engagés.
Dans son titre «Yabé-2012», Mylmo démontre comment les Maliens ont été foncièrement déçus par le président d’IBK qui leur avait pourtant promis une Nation digne et honorable, un État fort et responsable. Mais aujourd’hui, c’est la désillusion à tous les niveaux, la découverte de l’imposture dans toute sa laideur. Le président IBK ne se préoccupe, en vérité, que de son prestige, ses allures bourgeoises (achat d’avion).
Toutes les attentes qui ont essentiellement motivé les Maliens, dans un élan euphorique sans précédent, à élire le candidat Ibrahim Boubacar Kéita, ont été cruellement déçues par un président ayant, plutôt, presque réussi à « institutionnaliser » le népotisme et l’oligarchie dans toutes les sphères du pouvoir.
L’amplification des maux sociaux dans lesquels les populations maliennes ont longtemps sombré et qui étaient supposés n’être plus que de lointains souvenirs avec l’avènement du nouveau régime, censé en être une panacée, n’est autre que le résultat d’un système politique suicidaire, propre à condamner le peuple au désespoir.la pauvreté aggravée et généralisée.
Cette situation a relativement transformé une frange importante des maliens, en des sous-hommes, avec tous les vices ou tares sociales qui s’y rapportent, notamment, l’escroquerie, la délinquance, la mendicité, la vénalité etc. En définitive, selon Mylmo rien n’a changé. Bien au contraire, le mal persiste avec plus d’acuité, et le chemin qui mène vers notre sortie de l’auberge, est encore long et engorgé d’incertitudes. Les Maliens ont donc été la source de leur propre malheur.
Quant à Master Soumi, un rappeur très engagé, il occupe les ondes des radios privées avec son single sorti après les « évènements de Gao » intitulé « Toukoutoukou Bari Bari » il dénonce la mauvaise gouvernance, avec en toile de fond les changements à « répétitions » du gouvernement et qualifie IBK de Kayamagan. Un petit saut dans l’histoire du Mali pour savoir qui est Kayamagan
Aussi, Master Soumi avait exprimé son indignation après avoir constaté la composition du nouveau gouvernement. Surtout avec la présence de certains hommes qui sont prêts à jeter leur dignité aux chiens pour des strapontins.
Pour sa part, Tal B dépeint, dans son nouvel opus « InchAllah », le sentiment qui anime, selon lui, les Maliens trois années après l’arrivée d’IBK au pouvoir. Tal B enchaine ses diatribes contre le pouvoir IBK : « Le pays est sec. Les pauvres sont devenus encore plus aigris. Djo Brin il faut « sciencer » un peu, les Maliens estiment qu’il est temps d’arrêter de parler.
L’argent ne circule plus. Tout le pays est fâché. «Inchallah, Inchallah», Djo brin, il est temps de changer de disque. On ne construit pas un pays par des slogans. On t’a choisi par ce qu’on te faisait confiance », clame le rappeur. Et d’ajouter : «Un an, deux ans plus tard on attend toujours que tu tiennes tes promesses. Le pays marche sur un seul pied. Les écoliers ne sont pas dans les bonnes conditions d’études. Les diplômés s’interrogent : où sont passés nos 200 000 emplois ? Les Maliens (ménagères, chauffeurs de Sotrama, chefs de famille, l’armée …) m’ont chargé de te dire qu’ils sont fâchés.
Depuis longtemps, trop de promesses ont été prises et rien n’a changé. Le Nord est toujours occupé, les jeunes se font tuer, Gao pleure, le banditisme augmente, les jeunes pleurent… Inchallah ne construit pas un pays…»
Les textes engagés de ces rappeurs maliens, très inspirés, pourront-ils apporter un quelconque changement au Mali ?
Mémé Sanogo
Source: L'Aube