C’est du moins, ce qui ressort de la journée d’information et d’échanges organisée la semaine dernière, à l’hôtel Salam, par l’ONG GRADEM en partenariat avec l’Association “Terre Des Hommes”. Une journée d’échanges qui a regroupé plusieurs défenseurs des droits des enfants et des députés dont le 1er vice-président de l’Assemblée nationale, Mamadou Tounkara, lequel a présidé la cérémonie d’ouverture.
Selon des études réalisées par GRADEM en 2009 et 2014 au Mali, 30% des travailleurs domestiques ont moins de 15 ans et 87% d’entre eux se réveillent avant 6 heures. Les mêmes études indiquent que 59% des domestiques sont agressés verbalement, tandis que 38% le sont physiquement. Les régions de Ségou, Koulikoro et Mopti occupent la tête du peloton des localités pourvoyeuses de travailleurs domestiques. Toutes choses qui prouvent à suffisance que la situation de ce groupe, c’est à dire les enfants, n’est pas du tout positive au Mali. C’est surtout cela qui a contexté la tenue de cette journée d’échanges dont l’objectif est d’amener les décideurs à prendre conscience de la gravité de la situation.
Au cours des échanges, les aide-ménagères, à travers mademoiselle Sokona Traoré, ont lancé un cri de cœur à l’endroit des législateurs maliens qui y étaient en grand nombre.
«J’ai l’honneur de m’adresser à vous, autorités politiques du Mali, pour attirer votre attention sur notre situation et nos conditions de travail. Soumises à des horaires incompatibles avec notre âge, nous sommes souvent menacées, insultées et brutalisées. Aussi, nous sommes souvent accusées de vol et obligées de rembourser des objets brisés dans l’exercice de notre travail. Nous ne dormons pas assez. Notre salaire mensuel est parfois coupé lorsque nous vendons moins. Nos salaires ne sont pas toujours payés. Nous n’échappons pas au harcèlement sexuel et aux grossesses in désirées. Autorités politiques et administratives, je vous prie de mieux assurer la protection des domestiques dans notre pays…Nous espérons une meilleure condition de vie», a plaidé Sokona Traoré.
Auparavant, la chef de la délégation de l’association Terre Des hommes (Tdh), Annabel Debakre, s’est réjouie de la tenue de cette rencontre, qui, à ses yeux, est l’occasion unique d’échanger sur les opportunités et les moyens de protection des enfants concernés par la mobilité au Mali. Selon elle, malgré les efforts consentis par tous les acteurs de la protection de l’enfance, la lutte contre l’exploitation par le travail, les violences, la maltraitance, les abus subis par les enfants en situation de mobilité, a besoin de plus de soutien pour que les textes soient appliqués et que les dispositions de protection soient adaptés aux réalités actuelles.
«Si nous ne voulons que l’avenir social, économique et culturel de la Nation malienne soit compromis, si nous voulons mieux prévenir d’éventuelles crises sociales, économiques et culturelles, nous sommes appelés ensemble à remettre en cause nos choix en matière de protection des enfants», a déclaré le 1er vice-président de l’Assemblée nationale, l’honorable Mamadou Tounkara. Avant d’ajouter que le législatif malien doit renforcer sa collaboration avec l’exécutif et le judiciaire afin de contribuer à l’application totale des lois et dispositions que le Mali a adopté. Aussi, dit-il, il est temps pour les autorités politiques et députés de lancer les réflexions nécessaires en vue de la ratification de la Convention C189 de l’OIT, qui vise à la prévention des abus et à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs domestiques.
M’Pè Berthé