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Opération de déguerpissement : La CNAS Faso-Hèrè accuse l’Etat et fait des propositions pour désamorcer la “bombe à retardement “
Publié le jeudi 11 aout 2016  |  Delta News
5è
© aBamako.com par A.S
5è anniversaire du parti CNAS-Faso Hèrè
Bamako, le 25 mai 2016 à la Maison des Ainés. Le parti CNAS-Faso Hèrè a célébré son 5è anniversaire.




Voici sa déclaration

Ces derniers jours, les pouvoirs publics ont lancé l’Opération “Bulldozer” destinée à assainir certaines artères de Bamako et à faire déguerpir les commerçants, artisans et autres opérateurs économiques occupant la voie publique.



Tout en déplorant le drame humain et social aux conséquences économiques désastreuses que vivent les victimes directes et indirectes de ladite Opération, le Bureau Politique National de la CNAS-Faso Hèrè (Convention Nationale pour une Afrique Solidaire) note que l’occupation anarchique de la voie publique est la conséquence directe non seulement de l’affaissement de l’Etat et de son autorité, mais aussi et surtout de l’absence, notamment depuis 19 69, d’une véritable politique nationale de développement économique et social volontariste mais réaliste, spatialement équilibré, encourageant le secteur productif et bénéficiant d’abord au Peuple malien.

En effet, l’exode rural massif qui vide les campagnes en débouchant sur une augmentation de l’armée de chômeurs ainsi que sur une ruralisation plutôt qu’une urbanisation de Bamako ne résulte ni d’une augmentation de la productivité agricole ni d’une demande de main d’œuvre pour des secteurs productifs en milieu urbain et semi-urbain.

La crise de l’agriculture, notamment celle de la petite exploitation familiale, amplifiée par la ruée vers l’orpaillage traditionnel et l’accaparement! des terres par des spéculateurs, l’absence de toutes perspectives pour la jeunesse rurale et urbaine, le contrôle de l’essentiel du secteur moderne – télécommunications, mines, banques et assurances, construction et travaux publics, agrobusiness, etc., etc. – par des intérêts étrangers, l’absence de toute politique industrielle de transformation de produits du primaire et de promotion des exportations de produits finis ou semi-finis, la prime à l’affairisme et aux affairistes aux dépens de véritables entrepreneurs et capitaines d’industrie et du commerce, l’absence de politiques et programmes d’adaptation au changement climatique ainsi que l’impunité pour la petite et grande corruption, y compris dans la gestion des marchés de Bamako, ont alimenté et continuent d’alimenter l’explosion du secteur informel en dehors de toute mesure d’accompagnement.

A ce secteur informel visible jouant à certains égards un rôle de soupape de sécurité économique, sociale et politique, s’ajoute aussi un secteur informel souterrain souvent fortement criminalisé présentant une menace sérieuse pour l’avenir démocratique du Mali en raison de l’influence de l’argent dans le jeu politique et électoral dans notre pays.

Pour couronner le tout, s’installe une mentalité corrosive pour la cohésion sociale marquée par le fétichisme de l’argent facile et basée sur le leitmotiv suivant : ‘’Chacun pour soi, Dieu pour personne !’’.

En rappelant que le bulldozer peut servir à la fois à détruire et à construire, le Bureau Politique National de la CNAS-Faso Hèrè estime que la réhabilitation de la planification du développement économique et social dans le cadre d’une politique volontariste d’aménagement du territoire, de promotion du développement rural en vue de rééquilibrer les termes de l’échange interne entre la ville et la campagne, de transformation industrielle des matières premières locales avant exportation, d’incitation à l’investissement productif pour l’emploi et de soutien actif de l’Etat aux véritables entrepreneurs nationaux qui soient capables de soutenir la compétition régionale et internationale est aujourd’hui plus nécessaire que jamais. La réhabilitation de l’école malienne, du travail productif, du mérite, de la performance et de l’esprit d’entreprise ainsi que la lutte résolue contre la corruption, l’affairisme et l’accapareme! nt des terres rurales doivent servir de socle à la modernisation et à l’assainissement des circuits commerciaux. Hors le retour aux Plans Quinquennaux de développement, l’effort d’assainissement des voies publiques, notamment à Bamako risque de n’être que la version malienne du supplice de Tantale, savoir, un éternel recommencement sans résultats durables.

Enfin, le Bureau Politique National de la CNAS-Faso Hèrè engage les pouvoirs publics à mettre rapidement en place un programme intérimaire d’urgence visant à une prise en charge psychologique et, le cas échéant, à une reconversion économique et sociale des victimes de l’Opération Bulldozer afin d’éviter toute récupération par des groupes terroristes et pseudo-djihadistes au Mali et dans la sous-région.

Le Mali pour tous, des chances égales pour chacun!

Fait à Bamako, le 05 août 2016

Pour le Bureau Politique National

Le Secrétaire Général

L’Ingénieur Soumana Tangara
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