Les partielles de Baraouéli ont vécu avec la victoire sans appel du candidat de l’Adéma, Bouréima Dicko, membre de la majorité présidentielle, face au candidat de l’Urd, Modibo Niaré, qui a représenté l’opposition à ces joutes politiques. Au-delà du gain politique engrangé par la majorité, c’est un coup dur pour l’opposition qui n’a pas jusqu’ici compris qu’une élection ne se gagne pas à coût de meetings et de déclarations politiques à l’emporte-pièce.
À l’issue de ces partielles, c’était le quitte ou double, pour les camps politiques ; la majorité et l’opposition, qui cherchaient, toutes les deux, à emporter le scrutin et à traduire, pour l’adversaire vaincu, un certain rejet de la population, consécutif au boulet qu’il aura pris sur lui. Eh bien, dans ce jeu de cache politique, l’opposition a perdu la face, car son candidat, Modibo Niaré, maire de Konobougou, l’un des ténors de l’Urd, pris dans les épaules de Modi N’Diaye, responsable politique de premier plan de l’Urd, a été battu à plate couture par le champion de l’Adéma, celui-là même qui est devenu, dès le second tour du scrutin, le porte-drapeau de la majorité présidentielle.
Le jeu était déjà clair, dès l’entame du second tour : le candidat de l’Adéma se transformait en porte-étendard de la majorité et celui de l’Urd le représentant de l’opposition. De ce fait, la victoire de l’un ou de l’autre serait synonyme de la défaite de l’autre prétendant. Et plus grave, la victoire de l’un était assimilable à la perte de régime politique pour l’autre. Il est donc clair que les partielles de Baraouéli avaient un enjeu politique majeur pour chacune des deux tendances politiques. C’est à ce jeu que les protagonistes des joutes électorales de Baraouélé ont joué jusqu’au bout, sur le terrain, jusqu’au dimanche dernier où le scrutin a livré son verdict, implacable pour l’un des camps, à savoir l’opposition, qui a dû réaliser que le coup était bien plus dur à supporter pour elle.
En fait, l’opposition a semblé focaliser, sur elle, les frustrations supposées de la population contre la majorité présidentielle dont la locomotive, le RPM, à travers son candidat, a du s’incliner, dès le premier tour, pour laisser émarger du lot les deux candidats victorieux. En tous les cas, le camp oppositionnel, qui n’a jamais fait mystère de ses thèmes de campagne, a bien compris qu’elle pouvait surclasser la majorité présidentielle, via le candidat de l’Adéma, qui, une fois avoir arboré la tenue de la majorité présidentielle, avait lui-même signé son arrêt de mort. Pour la bonne raison que les frustrations dominantes de la population étaient à l’ordre du jour pour « punir » tout ce qui se présentait sous la bannière d’une majorité que l’opposition, par coût de déclarations pompeuses, a vite fait d’assimiler à la déchéance politique. Et cela, du seul fait de son appartenance à la mouvance présidentielle.
Erreur de stratégie ! Elle vient d’apprendre à ses dépens que l’élection politique, ici ou ailleurs, ne se gagne pas à grand renfort de propagande politique sur fonds d’invectives politiques surréalistes et surtout improvisées. Forte dans la machination politique, agrémentée par les meetings et les déclarions politiques à n’en pas finir, administrés au gré des circonstances politiques, et le plus souvent rythmés à mille lieues des préoccupations des populations, l’opposition, à l’issue de ces partielles, vient d’être rattrapée par ses propres turpides politiques. Le fait, pour le gotha politique de la majorité présidentielle de se réunir, comme un seul bloc, lors du second tour de ces joutes politiques, en dépit des difficultés d’approche et d’organisation qu’elle traine derrière elle, comme un boulet, est bien ressenti aujourd’hui, avec cette nouvelle victoire électorale, au sein de l’opinion publique, comme une nette avance politique dont elle jouit en face d’une opposition, stéréotypée, qui elle-même est loin de gagner la confiance politique auprès des populations. Ce, malgré les énormes efforts qu’elle déploie dans des déclarations politiques à l’emporte-pièce contre une majorité présidentielle qui resserre bien ses rangs en son sein. C’est donc une belle leçon de démocratie que la majorité présidentielle vient d’administrer à l’opposition, ayant voulu jouer son coup politique qui a fini par lui être très difficile à porter.
Abdoulaye OUATTARA