Le procureur assure que le jeune homme décédé lors de son interpellation avait pris de la drogue, contredisant les déclarations de l’avocat de la famille.
Adama Traoré, décédé à la suite de son interpellation dans le Val-d’Oise le 19 juillet, était sous l’emprise du cannabis a affirmé jeudi le procureur de Pontoise à l’Agence France-Presse, contrairement aux informations communiquées la veille par l’avocat de sa famille. « L’expertise toxicologique faite à partir des prélèvements réalisés » lors de la première autopsie d’Adama Traoré conclut à la « présence de THC (molécule active du cannabis, NDLR) à une concentration sanguine élevée », a déclaré Yves Jannier. Le rapport note que « Adama Traoré était sous l’emprise des effets psychotropes du cannabis au moment de son décès », a-t-il ajouté.
La dernière prise de cannabis est évaluée « à moins de 12 heures avant le décès », et, compte tenu de la forte concentration de THC, probablement dans les « une à deux heures précédant le décès ». Il n’avait en revanche pas consommé de médicaments ni d’alcool, selon ce rapport. Mercredi, l’avocat de la famille d’Adama Traoré, Yassine Bouzrou, avait affirmé : « Les analyses toxicologiques démontrent une absence de médicaments et de stupéfiants, et également une absence d’alcool. » En réalité, a expliqué Yves Jannier, deux analyses toxicologiques ont été effectuées. L’une, réalisée à partir d’un scellé contenant « des vomissures », conclut à l’absence de médicaments, de stupéfiants et d’alcool. Mais la seconde, réalisée à partir de prélèvements sur le corps d’Adama Traoré, conclut à une consommation de cannabis.
L’avocat se dit non informé
Contacté, Me Bouzrou a déclaré à l’AFP que ce second rapport « n’a pas été notifié aux parties au moment où je vous parle ». La mort d’Adama Traoré, 24 ans, qualifiée de « bavure » par son entourage, avait entraîné plusieurs nuits de violences dans la petite ville de Beaumont-sur-Oise, d’où il était originaire, et dans les communes voisines. Les deux autopsies réalisées n’ont pas relevé de traces de violences sur le corps du jeune homme. Elles n’avaient pas permis d’expliquer son décès. Tous les résultats des analyses complémentaires n’ont pas encore été communiqués.
L’enquête est dirigée depuis le 20 juillet – le lendemain du décès – par une juge d’instruction. Au nom de la famille, Yassine Bouzrou avait indiqué avoir déposé deux plaintes dénonçant l’attitude des forces de l’ordre pendant et après l’arrestation. L’une d’elles devait être adressée au procureur de Pontoise, qui dit n’avoir rien reçu.