Les yeux du monde entier sont rivés sur les Etats-Unis d’Amérique, à quelques 3 mois de la fin du mandat du président Barack Hussein Obama. Un face à face inédit opposera deux candidats pour la Maison Blanche : Donald Trump, le magnat de l’immobilier âgé de 70 ans se veut le reflet d’une certaine Amérique, puritaine, nationaliste et solidement ancrée dans ses valeurs judéo-chrétienne contre Hillary Clinton, 68 ans, candidate la plus expérimentée et la plus compétente selon plusieurs observateurs, revendiquant une Amérique multi raciale sans discrimination aucune. Mais ce qui pimente cette période pré-électorale, c’est bien le comportement sulfureux, antipathique et raciste du candidat Trump. Il n’en finit pas de multiplier les bévues à la face du monde entier en étalant son ignorance de la géopolitique internationale.
Le verbe agressif et populiste, toujours dans la provocation, surfant sur la vague anti-immigration grandissante aux Etats-Unis et fustigeant l’élite de Washington, tels sont les ingrédients de Donald Trump. Au début de la campagne pour les primaires républicaines, peu d’observateurs auraient parié sur celui-ci à cause de son inexpérience et son ignorance de l’exercice du pouvoir institutionnel parmi tant de caciques et compétents candidats républicains, tel que Ted Cruz ou encore Jeff Bush. Quelques mois plus tard, il est le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine. Il a su tirer profit d’un certain malaise social au sein d’une Amérique blanche et conservatrice en manque de repères avec un foisonnement de libertés individuelles aux Etats-Unis. Beaucoup aimeraient voir de nouveau à la Maison Blanche un couple blanc américain avec comme origine les WASP (White Anglo-Saxon Protestant) ayant en commun la même vision stricte de la famille. Peu importe les incompétences dont peut faire montre Donald Trump, pourvu qu’il reste fidèle aux idéaux judéo-chrétiennes de l’Amérique.
A l’international, l’on redoute déjà les conséquences dramatiques de l’accession d’un candidat qui crie à tout va qu’il interdirait l’accès aux musulmans du territoire américain. Pour lui, il est évident que les musulmans constituent une menace contre le pays et qu’il faut à tout prix instaurer une interdiction de ressortissants « des pays musulmans qui historiquement soutiennent le terrorisme ». Lors d’un de ses meetings en juin, il se moquait de sa rivale Hillary Clinton pour ce qu’elle avait affirmé à propos des musulmans : « Les musulmans sont des gens pacifiques et tolérants, et ils n’ont rien à voir avec le terrorisme."» Ça, c’est Hillary Clinton!».
Ces sorties controversées sur le terrorisme et l’Islam radical ont rendu furieux le président Obama qui n’avait pas tardé à lui répondre de manière acerbe : «Critiquer l’administration et moi parce que nous n’utilisons pas l’expression "islam radical", c’est une diversion politique. Ce n’est pas une stratégie ! […] Qu’est-ce ça changerait exactement d’utiliser cette expression ? Est-ce que cela rendrait l’EI moins déterminé à essayer de tuer des Américains ? Appeler une menace par un autre nom ne la fait pas disparaître!». A cet égard, le Washington Post publiait «Trump exploite la tragédie d’Orlando pour salir les musulmans et Obama».
Plus les jours passent, plus l’élite américaine se rend compte du danger Trump qui plane sur les Etats-Unis et le Monde. Et il semble évident qu’ils s’en embarrassent de plus en plus. Comment un pays aussi grand que l’Amérique a pu tolérer qu’un tel candidat avec une connaissance exécrable de la géopolitique, une ignorance totale des sensibilités diplomatiques et un mépris pour les valeurs démocratiques puisse se présenter à la présidentielle, murmure-t-on dans les couloirs de Washington ? Dans une tribune publiée en début de semaine, 50 experts du parti républicain s’insurgeaient de la catastrophe Trump qui n’aurait ni la personnalité, ni les valeurs, ni l’expérience : « M. Trump a démontré à maintes reprises qu’il comprend mal les intérêts vitaux du pays, ses défis diplomatiques complexes, ses alliances indispensables et les valeurs démocratiques sur lesquelles la politique étrangère des Etats-Unis doit être fondée (…)Ces particularités sont dangereuses chez un individu qui voudrait devenir président et commandant en chef, ayant la responsabilité de l’arsenal nucléaire américain. »
Il est à souhaiter que le pays de l’Oncle Sam élira la première femme président de son Histoire après avoir élu le premier président noir. Hillary Clinton, à la Maison Blanche, un autre rêve américain qui se réaliserait.
Ahmed M. Thiam