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Migration clandestine : plus de 6000 Maliens expulsés depuis 2013
Publié le lundi 15 aout 2016  |  L’Indicateur Renouveau
Migrants
© aBamako.com par A.S
Migrants rapatriés d’Algérie
Bamako le 10 aout 2016 424 jeunes rapatriés d’Algérie sont arrivés à l’école de Sogoniko




De 2013 à nos jours, plus de 6000 migrants Maliens ont été rapatriés. Ces chiffres ont été communiqués vendredi par la direction nationale du développement social, lors d’un point de presse tenu à Bamako. Selon les responsables de la direction, ces Maliens expulsés ont été appuyés par l’Etat, à travers “l’accueil, la prise en charge psychosociale, l’hébergement et la nourriture pendant le transit ainsi que la prise en charge du transport pour les destinations de retour”.

Ibrahima Abba Sangaré, directeur national adjoint du développement social, a fait le 12 août 2016 le point de la situation des expulsés Maliens depuis 2013 au micro de Mahamane Baba Kounta :

“En 2013, nous avons reçu 273 Maliens refoulés de la Libye. En 2014, nous avons reçu 3455 personnes refoulées dont 2116 de la République centrafricaine et 1239 du Cameroun. En 2015, nous avons reçu 1126 personnes refoulées dont 344 de la Guinée équatoriale, 34 de l’Espagne, 67 de la Tunisie, 291 du Gabon, 26 de la Guinée-Conakry, 194 du Nigeria, 170 de la Libye. Et en 2016 à mi-parcours, nous constatons encore 1196 de nos compatriotes refoulés pour retourner au Mali. Nous avons mené des opérations qui nous ont permis d’abord de les accueillir, de les héberger, de les nourrir, de les soigner et de prendre les disposions avec les compagnies de transport pour que chacun regagne sa localité. A ce niveau, nous avons demandé en collaboration avec les autres services techniques de les sensibiliser et de les accompagner dans le cadre de la réinsertion, comme le problème de l’emploi au Mali n’est pas un problème qu’on peut résoudre du jour au lendemain”.



Parmi ces migrants Maliens expulsés, 430 ont quitté l’Algérie cette semaine pour rentrer au Mali. Ils disent avoir vécu dans des “conditions extrêmement difficiles” dans ce pays d’accueil.

L’Association malienne des expulsés (AME) a donné la parole à ces migrants pour qu’ils témoignent et qu’ils alertent les éventuels candidats à l’émigration.

Bouba Camara est l’un de ces expulsés, il vient de la région de Kayes : “Déjà à un kilomètre de Gao, on a été attaqué par les rebelles. Ils fouillent et demandent de l’argent. Ils prennent tout ce qu’on a. On venait des lieux où il n’y a ni eau ni nourriture. Nous-mêmes on sait qu’on a survécu, mais c’était vraiment dur. On a fait six jours dans le Sahara et on a souffert. Quand on voit son prochain mourir, c’est une souffrance dont on ne peut pas parler. Donc moi j’ai vu mes camarades mourir au cours du voyage et je n’arrivais pas à les sauver. Nous on était 69 personnes. 60 sont arrivées en Algérie et 9 personnes sont mortes. En Algérie, il y a du travail, mais les Algériens même sont des mafieux, leur vie c’est le trafic. Il y a des Maliens qui passent, il y a des femmes maliennes, sénégalaises, nigériennes, togolaises et des guinéennes qui passent par le Nord du Mali pour aller clandestinement en Europe, mais elles passent par l’Algérie. Moi je souhaite vraiment que ce chemin soit barré”.

L’AME a réagi à l’expulsion de ces Maliens d’Algérie. Selon le président de l’Association, des mesures d’accompagnement seront mises en place pour aider ces Maliens.

Ousmane Diarra est le président de l’AME : “Depuis un mois, on a appris que nos compatriotes qui vivent en Algérie sont dans des situations très difficiles. Il y avait beaucoup de tracasseries dans certaines frontières, même si ces pays sont membres de la Cédéao. Alors dans la Cédéao, on a une convention additionnelle qui montre qu’il y a la libre circulation des personnes et de leurs biens. Ici à Bamako aussi, les conditions n’étaient pas beaucoup réunies, mais il y avait quand même un accueil le premier jour. Vingt-quatre heures après ils sont vraiment dans des conditions très difficiles. Mais on va trouver des voies et moyens pour les orienter vers des ONG humanitaires comme Enda-Mali et d’autres organisations qui peuvent prendre en charge certaines personnes. Nous c’est pour les accompagner psychologiquement”.

Avec Tamani
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