Depuis le 21 juillet dernier, Kidal est le théâtre d’affrontements sanglants et implacables entre les éléments de la CMA et du GATIA. Mardi dernier encore, les belligérants ont fait parler les armes, malgré la présence de la Minusma sur les lieux.
Pour mettre fin à cette situation qui compromet gravement la paix dans la région, une seule solution s’impose : le désarmement et le cantonnement des combattants des deux côtés.
Comme le disait l’autre, Kidal est une plaie au Mali. En effet, depuis mai 2014, la région vit dans une situation chaotique. A l’origine du mal, les groupes armés de la CMA qui, au nom d’un territoire imaginaire, se sont appropriés de la région notamment la capitale Kidal. Depuis, Kidal est devenu un Etat dans un Etat. Toute chose qui a favorisé la naissance de groupes d’auto-défense comme le GATIA. C’était donc prévisible les affrontements entre ces nouveaux combattants (du reste loyalistes) et ceux de la CMA qui ne pouvaient que se regarder en chiens de faïence. C’est d’ailleurs l’Accord d’Alger qui aura quelque part permis d’éviter pendant un certains temps des affrontements entre ces groupes. Mais, trop de temps a été perdu dans l’application dudit accord.
Conséquences, entre autres affrontements, on retiendra celui des 21 et 22 juillet derniers qui a apposé les éléments de la CMA à ceux du GATIA. Des morts et des blessés ont été enregistrés des deux côtés.
10 jours après, les frères ennemis en sont venus encore aux armes à une quarantaine de km de Kidal. Là aussi, il y a eu des morts et des blessés. C’est alors que la Munisma a annoncé mettre un dispositif d’interposition entre les belligérants ainsi qu’un autre dispositif d’observation’’ pour contrôler les accès de la ville.
Qu’à cela ne tienne, mardi dernier (9 août) à Edjerer, localité située à 65 km de Kidal, des combattants du GATIA et de la CMA se sont de nouveau affrontés. On parle de plusieurs morts et blessés.
Du côté du GATIA, les responsables déplorent le fait qu’il lui est publiquement empêché de rentrer à Kidal tandis que, aucune interdiction de sortie de la ville n’a été exigée au HCUA.
Dans le camp de la CMA aussi les responsables accusent : « Nous n’avons pas attaqué, nous avons été plutôt attaqués ».
Aussi, selon le GATIA, le conflit actuel n’oppose que les Imghad et les Ifoghas à cause de la ‘’gestion oppressante’’ que les Ifoghas imposent à tous ceux qui vivent à Kidal.
En somme, le conflit revêtirait un caractère communautaire. Ce qui est encore très grave.
La situation dans la région de Kidal est actuellement très explosive et constitue une sérieuse menace pour la mise en œuvre de l’Accord pour la paix. Et, une interposition de la Minusma, fusse-t-elle permanente entre la CMA et le GATIA, ne peut constituer une solution durable. Cela, dans la mesure où les deux camps auront toujours l’occasion de s’affronter, comme ce fut le cas mardi dernier. Surtout que, la Minusma n’opère que dans un secteur de 25 km autour de Kidal.
La solution qui s’impose aujourd’hui (et il est urgent de chercher les voies et moyens de la mettre en application), c’est de procéder au désarmement et au cantonnement des combattants des deux camps et de confier la gestion de la sécurité des personnes et des biens dans la région aux forces de la Minusma.
Toute chose qui n’est d’ailleurs nullement en contradiction avec l’Accord d’Alger.
C’est la seule solution à même de mettre fin à ces interminables affrontements entre combattants à Kidal et permettre la mise en route de l’application de l’Accord pour la paix.
Boubacar Sankaré