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Lettre à mon oncle Bass,
Publié le lundi 15 aout 2016  |  Le 26 Mars




Cher oncle,

Toute la troupe familiale te dit « Nangadef » et envoie par la même occasion un salut fraternel à tes amis au Sénégal. Aussi, à Fantambougou-Bamako, nous disons tous « Alhamdoulilahi » car, nous n’avons transporté personne au cimetière. C’est vrai que Lahara est inévitable, mais, mieux vaut y aller très tard que… tôt. Walahi, bilahi, jure. !

Par ailleurs, pour répondre à quelques passages de ta dernière lettre, je te signale que je n’exagère en rien. « Eternel pleurnichard » dis-tu ? Non, je ne l’ai jamais été car j’ai depuis fort longtemps, j’ai versé toutes mes larmes. Aujourd’hui, je n’en ai plus. Aussi, Walahi, Bilahi, je jure, je ne suis pas d’accord avec toi, quand tu me mets en garde en signalant que « la poule, à force de farfouiller, finira par déterrer le couteau qui sera utilisé pour l’égorger ». D’abord mon oncle, pour qui veut me ranger dans la catégorie des volailles, je ne suis pas une poule, mais plutôt un coq.



Ensuite, le couteau, je l’ai découvert, depuis ma tendre enfance. Il est plus tranchant, plus implacable plus mortel, qu’aucun autre sur terre.

Ce couteau, mon oncle, s’appelle : la misère. Et il m’a tranché la gorge depuis belle lurette. Alors, permets-moi tant que je le peux de fouiller et de farfouiller, dans les affaires de ces gens-là… d’en haut.

D’ailleurs, il n’y a plus de péril dans ce pays, en matière de dénonciation.

Les voleurs de la République s’en foutent bien, lorsqu’ils ne s’en amusent.

Détourner et piller les ressources nationales sont devenu un phénomène de mode, un symbole de courage, « d’intouchabilité », de puissance et d’intelligence. Et ceux qui conservent encore cette part de dignité leur interdisant de plonger dans la mare aux diables, ils sont tout simplement perçus comme des maudits, des incapables, et des poules mouillées. Pour te dire que la lutte contre la corruption et la délinquance financière déclenchée par Alpha National (soyons reconnaissants envers ce Grand) a, de nos jours, perdu toute son essence.

Et, ironie, du sort, ce sont actuellement les corrupteurs et les corrompus qui narguent le peuple. Je le dis pian ! Parce que, c’est ça qui est ça.

Par ailleurs tonton, je te signale que la troupe familiale à Fantambougou a réceptionné 3 nouvelles bouches la semaine dernière. Il s’agit de Molobaly, Madou et Oumar qui nous sont revenus de Tanmarasset en Algérie.

Les malheureux font partie de 420 autres jeunes maliens d’en bas qui, à la recherche de la bouffe et d’un peu d’espoir avaient pris l’implacable et cruel chemin de l’exil alimentaire. Malmenés, dépossédés de leurs maigres biens et humiliés, tous n’ont eu d’autre choix que de retourner à la maison.

Walahi, bilahi, je jure, désormais, ils réfléchiront avec la tête et non le ventre avant… de partir.

Des nouvelles de la République ?

Elles sont hélas très tristes, mon pauvre Bass.

En effet, c’est avec consternation que les maliens ont appris la semaine dernière, la mort de 5 de nos soldats dont les corps ont été récupérés dans le fleuve Niger vers Teninkou. Avant, nos malheureux compatriotes avaient été portés disparus suite à une lâche embuscade qui a été revendiquée par le groupe terroriste Ansar Dine.

Walahi, tonton, nous aurons ces gens et les ferons payer tous les crimes qu’ils ont commis.

En attendant, ils peuvent encore courir. Mais, le Mali restera UN et INdivisible, démocratique, laïc et social. Walahi, Bilahi, je jure !

Autre mauvaise nouvelle, c’est les interminables et sanglants affrontements entre la CMA et le Gatia à Kidal. Le dernier remonte à la semaine dernière et a fait plusieurs morts et blessés.

A mon humble avis, la situation dans cette partie du pays continuera hélas à se détériorer si des mesures radicales et urgentes ne sont pas prises. Parmi elles, le désarmement et le cantonnement (de gré ou de force) de tous ces groupes armés. C’est à ce prix que nous pourrons voir les lueurs de l’Accord pour la paix.

Walahi,

Bilahi, je jure !

A lundi prochain Inchallah !

Par ton petit Ablo.

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