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Entreprises : L’exigence de bonne gouvernance
Publié le lundi 15 aout 2016  |  L’Essor




La salle de réunion de la Résidence Bouna à l’ACI 2000 a abrité samedi dernier une conférence-débat, animée par le ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires Foncières, Me Mohamed Aly Bathily, la présidente de l’Association des comptables et auditeurs internes agréés du Mali (ACIAM), Mme Kadiatou Konaté et le président de la Ligue des juristes du Mali, Amadou Tiéoulé Diarra.

Organisée par les cabinets GDAMconsulting et C.A.U.S.O Expertise et conseil, cette conférence-débat s’inscrivait dans le cadre du prolongement d’un séminaire international, que les deux cabinets avaient organisé sur l’audit interne avec pour thème « Pratique de l’audit interne et méthodologie de l’audit opérationnel : Focus sur l’évolution et nouveautés apportées au CRIPP ». L’atelier de formation s’était déroulé du 10 au 12 août 2016 au même endroit.

Au menu des échanges : « la gouvernance à l’épreuve des enjeux économiques et des exigences démocratiques au Mali ». Prenant la parole la première, la présidente de l’ACIAM, Mme Kadiatou Konaté, a développé le thème de la pratique de l’audit interne suivant différentes normes et valeurs en usage à travers le monde. Elle a insisté sur la nécessité de la bonne gouvernance qui est au cœur des préoccupations tant du politique que des citoyens ordinaires. Ce sont les politiques, notamment les législateurs, qui déterminent les critères de valeurs et normes de gouvernance dans le souci de la gestion transparente et efficiente des ressources publiques en vue de réaliser le bonheur des concitoyens, au nom desquels ils agissent. C’est dans ce cadre que sont mises en place les autorités de régulation pour contrôler la bonne application des normes.

De la même manière, la gouvernance des entreprises nécessite des mécanismes d’auto – contrôle. D’où l’importance des auditeurs internes dont la mission est de s’assurer de la stricte observation des normes de gestion par l’ensemble des composantes de l’entreprise, notamment la direction générale et le conseil d’administration. Mais, dans cette perspective, il arrive souvent que le rôle de l’auditeur interne soit très mal compris, quand bien même il concourt à la bonne marche de l’entreprise. Parce que l’audit interne obéît à des normes et des valeurs. Le hic est qu’en la matière, il n’y a pas de demi-mesure. Ou l’on applique les normes et leur valeur dans toute leur rigueur pour obtenir des résultats positifs, ou l’on feint de les appliquer et les résultats seront absolument négatifs en raison des manquements aux principes de bonne gestion. Dans ce cadre de figure, l’entreprise court à sa perte.

LA VIELLE INTERROGATION SUR LA POULE ET L’ŒUF. Abondant dans le même sens, Amadou Tiéoulé Diarra a reformulé la problématique en empruntant la démarche philosophie, relative à la vieille interrogation : entre la poule et l’œuf lequel a précédé ? Pour coller au thème, il s’est interrogé : ‘entre la norme et la valeur, laquelle a précédé’ Selon lui, la problématique renvoie à la chute du mur de Berlin en 1990, qui a marqué un tournant décisif dans les relations internationales avec l’introduction de normes et valeurs de gouvernance dans le monde. Désormais toutes les normes et valeurs régissant les rapports humains se mesurent à la grille du libre échange. Pour la mise en œuvre de ces normes, les instances internationales, au premier rang desquelles l’Organisation des Nations unies (ONU) ont décidé de dépolitiser certains domaines, jusque-là contrôlés par les Etats.

C’est ainsi que le rôle de la société civile, comme instrument de contrôle et de sanction des pouvoirs publics, a été reconnu. L’Union africaine (UA) aussi, qui en est une déclinaison, lui emboita le pas en définissant le périmètre de pouvoir laissé à la société civile pour recadrer certaines décisions du politique pour le bien des citoyens. Il appartient donc aux organisations de la société civile (OSC) de s’approprier de leur rôle pour le jouer pleinement. Pour cela, il a invité les OSC à apprendre à mieux connaître les conventions internationales.

Le ministre Bathily, qui devrait tirer la synthèse des différentes communications, n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer la corruption de notre société et l’impunité qui en est la sève nourricière. Pour lui, la malversation n’est pas financière, elle peut-être politique aussi. Le législateur, qui est chargé d’élaborer les lois de la République, combat un ministre de la République pour avoir appliqué la loi dans toute sa rigueur. Cela revient à dire que la République marche sur sa tête.

Malheureusement, c’est le cas au Mali, a-t-il déploré. Parlant de la question du foncier pour argumenter son analyse, Mohamed Ali Bathily a insisté sur le paradoxe relatif à l’absence du Cadastre au Mali depuis son indépendance en 1960. « On dit que l’agriculture est le moteur de notre économie, pendant qu’il n’y a aucun mécanisme qui protège les terres agricoles… ». Selon lui, c’est maintenant que son département a pu obtenir du gouvernement 1,5 milliard de Fcfa pour procéder au bornage géophysique des terres, qui est une étape décisive du Cadastre, dont l’enveloppe nécessaire s’élève à environ 33 milliards de Fcfa.

Le second paradoxe qu’il a relevé est le refus d’accorder au paysan la possibilité de gager sa terre pour accéder au financement bancaire. Pendant qu’en 2015, les services des domaines ont pu mettre la main sur le volume des fonds levés par les opérateurs économiques au niveau des banques avec les titres fonciers. Cette enveloppe s’élève à plus de 1 534 milliards de Fcfa de crédits pour financer leurs activités commerciales. Pourquoi refuser une telle possibilité aux paysans, si l’on veut que l’agriculture joue tout son rôle dans le développement de notre pays, s’interroge t-il ? Pour lui, la terre est un capital comme tout autre. Dans tous les pays développés, la terre est comptabilisée dans le Produit intérieur brut (PIB). Il est donc dans l’intérêt de nos décideurs de faire autant pour donner à l’agriculture toute sa place dans le développement de notre pays.

A. O. DIALLO

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L’Essor N° 17187 du 17/5/2012

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