Pour la première fois dans l’histoire, l’ancienne puissance coloniale nomme une femme à la tête de sa représentation diplomatique au Mali. La nouvelle ambassadrice, Mme Evelyne Decorps, remplace ainsi Gilles Huberson, en fin de mission au Mali.
Pour remplacer le très discret et efficace Gilles Huberson qui quitte le Mali pour l’Ile Maurice, l’Elysée a jeté son dévolu sur Mme Evelyne Decorps, précédemment ambassadrice de la France au Tchad depuis 2013. Sur le site de l’Ambassade de France au Tchad, Mme Evelyne Decorps qui cumule une expérience de trente-trois (33) de carrière, arbore un large sourire sur sa photo officielle.
Titulaire d’un diplôme d’études politiques (IEP Bordeaux) et d’une maîtrise des Langues étrangères appliquées, Mme Evelyne a commencé sa carrière en 1983 dans l’administration centrale (Coopération et développement) du Ministère français des affaires étrangères. Deux ans après, c'est-à-dire en 1985, elle pose ses valises diplomatiques en Guinée-Conakry. La jeune diplomate qui fait ainsi ses premiers pas à l’étranger, met son talent au service de la mission de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de la France à Conakry. En 1991 au moment où le vent de la démocratie souffle sur le continent africain, elle retourne à la Coordination géographique de l’administration centrale du Quai d’Orsay.Elle quitte, en 1998, la Coordination géographique pour la Coopération Internationale et Développement. A partir de 2001, on retrouve ses traces à Tunis en qualité de deuxième conseiller adjoint aux opérations de coopération à l’Institut français. Mme Evelyne Decorps monte de grade et devient entre 2005 et 2008, la premièreconseillère à l’ambassade de la France au Ghana. En 2008, elle retourne comme inspectrice à l’Inspection générale, une structure en charge de l’évaluation des missions diplomatiques et consulaires de la France à travers le monde. Elle est nommée en 2011 à Vancouver en qualité de consule générale. C’est elle qui est choisie en 2013 pour succéder à Michel Révérend De Mhenton à la tête de l’ambassade de France au Tchad, un pays stratégique en matière de sécurité dans le pré-carré français.
Une diplomate chevronnée sur un terrain ensablée et marécageuse
Selon le site www.makaila.fr, Mme Evelyne Decorps s’est attirée en 2014, les foudres des membres de la société civile et de l’opposition tchadienne quand elle a déclaré que la France ne soutiendra pas les révoltes. « Nous soutenons le processus démocratique et nous continuerons à le faire. Seulement nous ne soutiendrons pas les révoltes», a-t-elle déclaré.
Chevalier de la Légion d’honneur et de l’Ordre National du Mérite, cette polyglotte de 59 ans, parle en plus de sa langue maternelle, l’anglais, l’allemand et l’espagnol.
La nomination de cette diplomate chevronnée à Bamako qui déroge à la tradition, ne manquera pas de susciter des interrogations. Car, c’est la première fois que l’ancienne puissance coloniale envoie une femme en qualité d’ambassadeur pour préserver ses intérêts. Sa nomination intervient à une période cruciale des relations franco-maliennes. Sur le plan économique, les entreprises françaises peuvent se frotter les mains. Gilles Huberson a su déminer le terrain. Cet officier supérieur très discret et très efficace a pesé de tout son poids pour arracher la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation.
Mme Evelyne Decorps arrive dans un contexte marqué par les difficultés de mise en œuvre de cet accord avec de fortes récriminations de l’opinion publique nationale contre la position de la France surtout à Kidal. L’euphorie avec laquelle l’opération Serval a été accueillie a cédé la place à une grande déception. La nouvelle patronne de l’Ambassade de France au Mali est très attendue sur les plans sécuritaire et politique. Elle va donc essayer de désensabler le processus de paix sans oublier de veiller sur le marigot politique qui peut déborder à tout moment. Et cela avant le grand sprint de 2018. Bienvenue à Son Excellence Mme Evelyne Decorps au bord du Djoliba !
Chiaka Doumbia