Au cours d’une conférence presse organisée, avant-hier samedi, à l’Espace Gourmande (ex Espace Bouna), l’Association ‘’Gao Lama Borey’’-Gao LA.BO (les ressortissants du terroir de Gao), n’est pas allée par le dos de la cuillère pour dénoncer la mise en œuvre sélective de l’Accord pour la paix et rejeter formellement l’installation d’autorités intérimaires en lieu et place des organes élus.
La jeune association (créée le 8 juillet 2016) a sorti la grosse artillerie, indistinctement contre le Gouvernement, certains groupes armés et la communauté internationale.
Pour sa conférence, ce sont des personnes bien au fait de l’actualité qui ont occupé le présidium. Il s’agit du président de l’Association Gao LA.BO, Imrane Saliou ; Fayçal H., secrétaire général de l’Association ; TOURE Hadizatou HAIDARA, représentante de la diaspora; Ibrahim IKASSA, personne ressource ; Abdel Kader MAIGA, personne ressource.
Le président de l’Association a introduit la conférence, en faisant observer une minute de silence à la mémoire des victimes de la manifestation du 12 juillet dernier, à Gao ; avant d’entonner l’hymne national repris en chœur par les participants.
Imrane Saliou a ensuite fait savoir que Gao Lama Borey repose sur trois piliers : la solidarité entre les sédentaires du Nord ; la justice sociale ; le Mali Un et Indivisible.
Mme TOURE Hadizatou HAIDARA a fait savoir que c’est en raison du fait que le K.O devient interminable au Nord que la diaspora a lancé un appel à ses membres à venir en aide aux parents qui n’ont rien demandé que survivre. Elle a dit bravo à toutes ces femmes qui sont restées sur place durant toute l’occupation ; courage à toutes les femmes qui ont perdu leur époux, des enfants et de rappeler que dans toute guerre, ce sont les femmes et les enfants qui paient le plus lourd tribut.
Pour parler du processus de mise en œuvre de l’Accord, c’est Ibrahim IKASSA qui a été mis à contribution. Dès l’entame de son réquisitoire, il a dénoncé la faible implication des couches sociales censées être les destinataires de l’Accord à sa préparation, à sa négociation et à sa signataire. Ce qui l’a amené à dire que ledit Accord a choisi sa propre logique en 4 étapes.
La 1ère est qu’il renvoie à la recherche d’un certain raffermissement de la réconciliation nationale.
La 2e est qu’il engage l’État à opérer les éventuelles réformes institutionnelles et sociopolitiques induites par les résolutions de la Conférence d’entente nationale.
La 3e étape est que l’Accord se penche sur les questions de défense et de sécurité pour clore les antagonismes de tout bord et les velléités indépendantistes.
Enfin la 4e étape porte sur la mise en œuvre de l’Accord qui serait la résultante de la sécurisation progressive du territoire national, le retour et le redéploiement de l’administration et des services sociaux de base dans les zones laissées à l’abandon.
Si M. IKASSA trouve impératif le retour de l’administration ; il trouve cependant ahurissante la mise en place d’autorités intérimaires. Ce, d’autant plus que les autorités légitimes sont là et ne demandent qu’à être redéployées. Il ne s’explique pas non plus que cette question des autorités intérimaires a pris le pas sur les autres priorités telles que les patrouilles mixtes, l’organisation de la Conférence d’entente nationale ou d’autres réformes législatives et institutionnelles.
C’est face à moult atermoiements dans la mise en œuvre de l’Accord que Gao LA.BO se pose un certain nombre d’interrogations : pourquoi éluder la question des autorités intérimaires qui remplaceraient les organes élus ; pourquoi a-t-on fait voter la loi sur les Collectivités parmi tant d’autres textes susceptibles de l’être ; pourquoi signe-t-on subrepticement une ‘’Entente’’ pour installer dans les régions du Nord des autorités intérimaires…
Après l’analyse du processus de mise en œuvre de l’Accord, Gao LA.BO rejette l’installation des autorités intérimaires ; réserve la mise en œuvre de l’Accord à une association inclusive des communautés à la base, à l’occasion de la Conférence d’entente nationale ; exige une réparation juste et adéquate aux victimes de la tuerie du 12 juillet dernier à Gao.
Abdel Kader MAIGA a exposé le rôle et la place des autorités nationales, des groupes armés et de la Communauté internationale dans la gestion de la crise du Nord.
Pour ce qui est de la communauté internationale, il met en cause le fait qu’elle impose un Accord ambigu dont la mise en œuvre est pratiquement impossible.
Quant à l’État, il devrait savoir, entre les groupes armés et les communautés sédentaires, qui sont son meilleur allié.
S’adressant aux communautés du Nord, malgré les peurs et les angoisses, il a appelé à ne pas faire d’amalgame.
En réaction au traitement préférentiel fait aux groupes armés dont les éléments sont toujours intégrés et qui pillent les magasins d’armement pour reprendre le maquis, en lieu et place des dignes fils de ce pays, le conférencier a dénoncé le manque de visionnaire à la tête de l’État. Il a émis le vœu d’un État plus présent, non pas à travers des gouverneurs mercantilistes, mais des services sociaux de base, parce que, a-t-il déploré, « les Maliens ont l’impression que le Nord est à la vente aux enchères ».
Pour terminer, il a martelé: « pas d’autorités intérimaires criminelles au Nord ».
En réponse à la question sur l’utilisation du terme ‘’Accord dit pour la paix’’, les conférenciers ont fait savoir que plus d’un an après sa signature, l’on continue à enregistrer un nombre important de morts.
Quant à la manifestation du 12 juillet, ils ont fait comprendre qu’elle visait non seulement à rejeter les autorités intérimaires, mais aussi à exiger l’intégration des jeunes de Gao (qui ont fait preuve d’héroïsme et de patriotisme pendant l’occupation) au sein des Forces armes et de sécurités et dans les circuits économiques. Cela, sans condition (présentation d’arme au préalable).
PAR BERTIN DAKOUO
Carte de visite de Gao LA.BO
Le secrétaire général de l’Association a présenté l’Association qui est née des frustrations vécues par les communautés face aux conséquences néfastes de la crise socio-sécuritaire que subissent lesdites communautés. Elle a pour objectifs : la lutte contre la pauvreté ; le développement des régions, en mettant l’accent sur les activités génératrices de revenus (AGR) ; la lutte contre l’analphabétisme ; le développement promotionnel social, économique, culturel local et communal ; la défense des intérêts des ressortissants des régions du Nord ; l’organisation et le renforcement des AGR et promouvoir un système de micro-crédit…
Parmi les réalisations à son actif, il y a la construction, en cours de 6 forages à grand diamètre dans les régions de Gao et Tombouctou, pour plus de 12 400 000 FCFA, en plus des 3 premiers déjà fonctionnels ; la fourniture de lits, de matelas, de matériels dentaires, des matériels radiographiques et une ambulance à l’hôpital de Gao ; la distribution de vivres aux populations pendant le mois de ramadan ; la distribution d’ordinateurs et de matériels scolaires aux élèves de Gao ; la fourniture de matériels et de 2 véhicules au CSCOM du village de Forgho (commune de Sany/Gao), des ballons et maillots ; la fourniture d’équipements à la maternité d’Ansongo, de matériels sanitaires et de 2 ambulances, en plus de son électrification par des installations de panneaux solaires ; la fourniture de semences aux femmes de Gao.