Après la construction de la première partie du Marché Bomboli Niaré, en Commune II, il se pose avec acuité la question de son occupation. Tandis que l’opérateur, qui est lié à la mairie de la CII du district par un contrat de bail, veut attribuer les places aux commerçants, ces derniers estiment qu’ils n’ont à faire qu’avec la mairie. Face au tiraillement entre les parties qui persiste, cela depuis quelques mois, l’Association ‘’Danaya’’ des commerçants, gestionnaire dudit marché a animé, samedi dernier, une conférence de presse sur place.
La conférence était animée par les responsables de l’Association ‘’Danaya’’, Adama Samaké et Mme Camara Maïmouna Traoré, en présence du président du Collectif des marchés du district de Bamako et des présidents de plusieurs marchés de la capitale, venus apporter leurs soutiens aux occupants du Marché Bomboli Niaré qu’ils estiment victimes d’injustice et de trahison de la part de la mairie et de l’opérateur économique Moctar Simpara.
Selon Adama Samaké, plusieurs tentatives entreprises par la mairie de la CII du district de Bamako pour déguerpir ce marché en vue de sa construction ont été vaines. C’est suite à l’intervention de feu Moussa Badoulaye Traoré, alors maire du district de Bamako, qui a révélé de la disponibilité d’un financement entre la ville de Bamako et l’Association internationale des maires francophones (AIMF) pour la construction du marché, que les commerçants ont cédé.
« Il s’investit et tint plusieurs rencontres avec les gens du marché et leur promit de trouver un fonds en vue de construire des hangars modernes afin de les y réinstaller. C’est dans ce cadre qu’un fonds fut acquis et mis à la disposition de la mairie de la CII du district de Bamako. Cette convention fut matérialisée par la mise en place de la commission N° 057/MC-DB créée le 7 avril 2009 chargée de l’aménagement du marché Bomboli ».
Ce premier Contrat de bail avec promesse de vente, approuvé par les commerçants, selon les responsables de l’Association Danaya, stipule en son article 1er : « Le maire de la CII du district en qualité donne en bail à Monsieur Moctar Simpara commerçant qui accepte et déclare bien connaitre la parcelle N° E/3 commercial d’une superficie de 105,3 sise dans le lotissement du marché Bomboli conformément au plan de lotissement approuvé par décision N° 041 du 24/05/2007 en vue de l’implantation d’un immeuble à usage commercial ou artisanal conformément aux plans d’exécution approuvé ».
A l’article 3 : le contrat prévoit : « le preneur reçoit la parcelle de terrain dans l’état où elle se trouve et souffrira de toutes les servitudes reconnues d’utilité publique indépendamment des réserves du domaine public telles qu’elles résultent des textes intervenus ou à intervenir ».
Mais selon le conférencier, la commission n’a jamais été opérationnelle et depuis les occupants n’ont été associés à rien.
Aussi, lorsque les commerçants résidents ont constaté l’attribution des contrats de bail sur le site prévu pour la construction de hangars modernes grâce au fonds francophone, ils ont protesté pacifiquement, car ils ne convenaient pas à leurs désidératas.
En effet, selon Mme Camara, les occupants du Marché comprenaient par fonds francophone, un don et non un financement pour enrichir des opérateurs économiques sur le dos des populations.
Dans un second contrat signé le 19 mai entre la mairie et l’opérateur, il n’est plus question de « servitudes » ni « d’utilité publique », comme indiqué dans le premier contrat. C’est là où les commerçants font état du parachèvement du complot entre l’opérateur et la mairie contre eux. Ils dénoncent cette attitude et invitent le maire à fournir plus de détails par rapport à ladite convention. Par ailleurs, sollicitent-ils l’intervention de la famille fondatrice Niaréla, à laquelle l’historique même du marché se rattache, à travers Bomboli Niaré.
Outre les termes du contrat, les commerçants dénoncent également la qualité des travaux exécutés par l’opérateur. Selon un responsable du Marché, l’opérateur a exclu beaucoup d’anciens occupants du marché au profit de « tous venants », les hangars destinés à la vente des produits alimentaires sont à proximité de toilettes mal entretenues ; les toits des hangars ne sont pas aussi étanchés et laissent filtrer de l’eau dès les premières gouttes de pluie.
Aussi, en dernier point, les commerçants refusent de traiter avec l’opérateur Moctar Simpara, mais plutôt, le maire de la CII.
En tout cas, ils promettent d’occuper immédiatement les installations, si ces préoccupations sont résolues.
Pour sa part, le président du Collectif des marchés du district, M. Cissé, a indiqué qu’il suit avec beaucoup d’attention ce dossier et celui d’autres marchés de la capitale où des opérateurs économiques et des élus veulent trinquer sur le dos des paisibles populations. Par conséquent, il tient responsables les autorités de tous les dérapages consécutifs à ces questions qui sont de plus en plus cruciaux dans notre pays.
Par Sidi Dao