Région charnière entre le grand Nord du Mali et le Sud, Mopti souffre de tous les côtés. Mais elle est malheureusement exclue de tous les programmes directs humanitaires dont : le programme de Démobilisation, Désarmement et de Réinsertion (DDR). Or, faut-il le rappeller: Douentza, Konna, Tenekou, Yowarou,… sont quotidiennement attaquées par les terroristes. Ces villes pourtant sont de la circonscription administrative de la région de Mopti. Alors, pourquoi cette exclusion quand on sait qu’il y avait également des jeunes combattants de toutes les « ethnies » confondues qui se sont battus auprès des autres regroupements dits désormais ex-rebelles ? Des jeunes dogon, peul, bambara,… se sont battus souvent les mains nues dans la région de Mopti pour repousser l’ennemie commun. Où sont-ils ces jeunes aujourd’hui ? Dans la nature ! Ils errent dans la nature et ont même formé un groupe appelé Mouvement pour la Défense de la Patrie (MDP). Ces jeunes ont adhéré à la plateforme signataire de l’accord de paix. Mais qu’en est-il aujourd’hui de leur intégration, à l’instar des jeunes de Kidal, Tombouctou et Gao ? Qu’est-ce que le gouvernement malien fait pour encadrer ces jeunes de la région de Mopti qui subissent quotidiennement la rigueur de la mort ? Pourquoi laisser le tourisme mourir dans la zone de Mopti ? Cette région, jadis, reconnue pour son dynamisme socioéconomique et culturel se meurt aujourd’hui dans le tréfonds d’un « pré-djihadisme » récupéré dans les désormais ex-zones touristiques comme Bandiagara, Djenné… Le constat est amer mais réel : les mosquées sans orientations idéologiques claires pullulent aujourd’hui dans la région sans que l’on ne sache exactement ce qu’on enseigne dans ces formations éducatives. On y enseigne l’islam ? Sous quelle forme ? Des arts martiaux ?
L’exclusion de la région de Mopti du processus de DDR est une faute grave de l’Etat malien. Car cette zone ne peut être séparée des régions du Nord du point de vue sécuritaire. L’insécurité n’a plus de frontière. Des stratégies participatives sont la seule et unique solution pour venir à bout de ce fléau du 21ème siècle. Tous les peuples doivent être conviés aux débats et toutes les couches socioprofessionnelles avec leurs capacités de résilience. L’attentisme au-delà des actions ponctuelles de la MINUSMA ou des postes isolés des Forces maliennes est un abandon de l’Etat. Nul n’a le monopole de la vérité et des vérités sont souvent nécessaires pour venir à bout de certains fléaux. La conjonction de plusieurs vérités est appelée consensus. Il ne s’agit pas d’un consensus mou ou même des compromissions, mais il s’agit des apports sociaux de tous les peuples du Mali. Surtout ceux du Sud pour exprimer, l’unité du pays. Pour arriver à ce consensus populaire, la région de Mopti offre des richesses inégalées de part, sa riche culture diversifiée constituant un résumé du Mali à tout point de vue. Alors qu’attendons-nous pour déclencher ces actions de concertations en allant de la base au sommet. C’est-à-dire, selon une approche réellement participative et non participante comme le font aujourd’hui le Comité Vérité, Justice et Réconciliation, ce dernier machin qui n’arrive même pas à prendre forme. Nous suscitons alors des débats dans les propositions suivantes :
1. Recenser les secteurs les plus touchés par la crise dans la région de façon participative, mais pas comme le fait le Conseil social économique culturel et environnemental, un autre machin à supprimer et à reformer vite dès la prochaine révision constitutionnelle ;
2. Intégrer les résultats de cette réflexion dans le schéma directeur d’aménagement du territoire qui doit être appelé schéma socioéconomique d’aménagement du territoire pour ne pas vouloir dire que c’est l’apanage des ingénieurs de génie civil ou autres ;
3. Etablir un plan d’urgence de sécurité de la région dont l’insertion des jeunes dans l’administration publique ou dans les activités socioéconomiques ;
4. Demander le renforcement de la MINUSMA, pas naïvement comme d’habitude dans le cas de la sécurité directe, mais le financement de la sécurité par la lutte contre le chômage des jeunes. Chaque fois le Mali plaide pour rendre robuste le mandat de la MINUSMA et chaque fois c’est un échec, le mandat doit être robuste dans la lutte contre le chômage pas la lutte à la « Ministre Baby» en comptabilisant des journaliers déguerpis désormais de Bamako, mais à travers un plan intégré capable de dévier les jeunes de la voie du terrorisme.
5. Pour l’espace de débat, il faut désormais quitter les chantiers battus et impliquer des citoyens capables de fixer une autre approche de réflexion propre aux peuples africains.
Si nous ne faisons pas attention, la région de Mopti va rejoindre idéologiquement les mouvements du mal, mais nous y veillons !