Opération déguerpissement, ce n’est pas Opération coup de poing lancée dans certains pays pour lutter contre la corruption et le blanchissement d’argent, mais une initiative (pas nouvelle) d’Ami Kane pour assainir Bamako, notre capitale, qui se prépare à accueillir le Sommet Afrique-France en janvier prochain. Déjà, la colère des populations monte et la Gouverneure du District de Bamako, Ami Kane, semble prendre du recul. Finira-t-elle par capituler comme ses prédécesseurs et surtout, comme son mentor IBK qui a jeté l’éponge dans la lutte contre la corruption, la gabegie et la délinquance financière ?
L’Opération de libération des voies publiques, lancée en mi-juillet par la Gouverneure du District de Bamako, a pour objectif, selon elle, de rendre coquette, comme autrefois, notre capitale, aujourd’hui envahie par des montagnes d’ordures qui n’ont rien à envier au mont Kilimandjaro. À cela, s’ajoute l’occupation illicite et anarchique des voies publiques. Saluée par les uns et décriée par les autres (plus nombreux), cette Opération a toutes les chances de foirer, à l’image de la lutte contre la corruption qu’avait décrétée, en 2014, l’actuel locataire de Koulouba, Ibrahim Boubacar Kéïta, qui a d’ailleurs réitéré son soutien à la Gouverneure pour cette initiative.
Trois signes présagent d’un échec cuisant de la «Dame de fer du Gouvernorat du District de Bamako». Il est d’abord utile de rappeler qu’avant le «règne» d’Ami Kane au Gouvernorat du District de Bamako, ses prédécesseurs avaient aussi lancé des opérations similaires qui se sont soldées par la désillusion. Et tout porte aujourd’hui à croire qu’Ami Kane va céder face aux pressions venant de part et d’autre, même si lors de la réunion de concertation tenue au Gouvernorat de Bamako avec les associations des commerçants détaillants et la société civile, les déguerpis ainsi que les familles fondatrices de Bamako, elle martelait que «tout est négociable, sauf l’arrêt des opérations de déguerpissement». Elle avait aussi ajouté : «Tous les Maliens veulent que Bamako soit propre et moderne, à l’image des autres capitales dans le monde. Tous les Maliens se plaignent de l’anarchie dans notre capitale. Tous les usagers de la route veulent la fluidité de la circulation. L’objectif recherché par cette Opération de déguerpissement est de rendre Bamako coquette, comme auparavant. Donc, il n’est pas question de l’arrêter». Ce qui reste aujourd’hui flou, puisqu’elle semble déjà essoufflée, à peine son «Opération» commencée.
Deuxième acte qui fait penser à l’échec d’Ami Kane, c’est la manière dont cette opération de déguerpissement est menée : avec une brutalité inouïe. Mais, peine perdue, car dès que les «déguerpisseurs» (policiers, gendarmes…) tournent le dos, les déguerpis, bien que leurs «locaux illicites» soient démolis, trouvent un moyen de se réinstaller. D’une manière ou d’une autre ! Autant dire que la réussite de cette opération n’est pas pour demain et que la Gouverneure a manqué de tact pour convaincre les populations à quitter les voies publiques.
Troisième acte, c’est la précipitation et l’improvisation dans le lancement de ladite opération. Il aurait été bon qu’Ami Kane mette des comités de suivi de déguerpissement dans chaque commune du District de Bamako. Le rôle de ces comités, qui allaient être placés sous l’égide des maires, serait de contrôler et de surveiller que les déguerpis aient vidé les lieux pour de bon. S’il le fallait, des sanctions auraient été infligées aux récalcitrants, avec l’appui des forces de l’ordre.
Au regard de tout ce qui précède, Ami Kane a de fortes chances que son «Opération» échoue lamentablement. Et là, qu’en serait-il de l’organisation du Sommet Afrique-France par le Mali, alors que d’autres pays comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire sont aux aguets ? En tout cas, même si lors du 7ème numéro de «Rendez-vous avec Koulouba» organisé à la Maison de la presse le 9 août dernier, le Directeur de la communication et des relations publiques de la Présidence de la République du Mali, Racine Thiam, affirmait que «le Sommet aura bel et bien lieu à Bamako, car toutes les dispositions sont prises pour qu’il ait lieu», nous restons dubitatifs. Et comme des «Saint Thomas», nous attendons de voir avant de croire.
Bruno E. LOMA