Au Mali, la méthode de taxation du pétrole lampant a toujours soulevé des polémiques. En effet, il a été constaté que la baisse des frais de dédouanement du pétrole lampant est très profitable à certains opérateurs économiques véreux qui n’en font qu’à leurs têtes et pour leurs poches. Il ressort de nos enquêtes que certains opérateurs s’adonnent à des mélanges contre nature du carburant super avec le pétrole lampant.
Il a été constaté que chaque fois que les frais de dédouanement du pétrole lampant baissent, l’importation augmente jusqu’à dépasser de très loin le besoin réel du pays. En effet, de nos jours au mali, à part la CMDT et quelques petites sociétés de la place, le pétrole lampant n’est pratiquement plus consommé. Cela est d’ailleurs facilement vérifiable. Cependant, où vont les millions de litres supplémentaires du pétrole lampant qui sont destinés à notre pays chaque fois que les frais de dédouanement sont considérablement revus à la baisse ? Voilà une question dont la réponse se limite qu’à un seul mot : « frelatage ». Autrement dit : mélange du super carburant ou le gasoil avec du pétrole lampant.
À titre d’exemple, pendant que le litre de pétrole lampant était dédouané à environ 20 francs CFA, le super carburant était dédouané à 340 francs CFA le litre et le gasoil à 270 francs CFA le litre. La quantité mensuelle de litre de pétrole lampant battait tous les records, car cette baisse assez incohérente des droits de douanes du pétrole lampant est devenue un business très rentable pour certains réseaux mafieux dont les acteurs se remplissaient quotidiennement les poches sur le dos de l’État, tout en vendant des produits de très mauvaise qualité aux populations.
Cependant, grâce à un effort conjugué de l’ONAP et la douane, cette mauvaise pratique avait été pratiquement stoppée. En effet, durant environ 8 mois, le pétrole lampant était dédouané presqu’au même montant que le gasoil et le super carburant. Cela a d’ailleurs été fortement apprécié par les loyaux opérateurs économiques. À titre d’information, le pétrole lampant produit localement ou importé est un mélange d’hydrocarbure d’origine minérale ou de synthèse destiné à être brûlé dans les réchauds domestiques et/ou les lampes d’éclairage qui n’est aucunement destiné aux véhicules.
«Pourquoi encourager ce trafic autour du pétrole qui fait perdre plusieurs centaines de millions à l’État et fait consommer aux Maliens des hydrocarbures de très mauvaise qualité. Nous souhaiterions que les prix de dédouanement du pétrole lampant soit toujours conformes à ceux du super carburant, sans quoi, le frelatage ne pourra jamais être contrôlé », a confié un jeune opérateur économique, sous couvert de l’anonymat, évoluant dans le secteur des produits pétroliers. Selon ce dernier, ce nouveau mécanisme de taxation du pétrole lampant, s’il venait à être appliqué, aura trois conséquences : premièrement, la fraude sera encouragée, deuxièmement, les citoyens auront des mauvaises qualités de carburant et enfin troisièmement les caisses de l’État recevront très peu d’argent.
À noter qu’entre 18 à 19 milliards de francs CFA sont destinés par an à l’aménagement des routes, grâce au dédouanement des hydrocarbures. Une somme qui sera sans doute revue à la baisse très bientôt si les plus hautes autorités ne s’assument pas face à cette situation.
KANTAO Drissa
Source: Le Flambeau