Pour efficacement lutter contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme au Mali, tous les citoyens doivent être engagés en dénonçant toutes formes de mauvaises pratiques.
L’information, la communication et la dénonciation sont très importantes dans la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme dans notre pays.
Selon le président de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif), Marimpa Samoura, depuis quelque temps, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme constituent des menaces d’une extrême gravité pour la stabilité des Etats et des économies du monde entier.
Pour faire face à ces menaces, la communauté internationale s’est mobilisée à hauteur des dangers courus et a, en conséquence, conçu des principes normatifs, à travers notamment certaines conventions des Nations unies auxquelles les pays devraient se conformer.
Ainsi, il a été recommandé aux autorités des actions soutenues pour combattre le phénomène et instaurer une coopération sous-régionale et régionale plus suivie, permettant aux structures nationales de venir à bout du fléau.
"Notre pays s’est résolument engagé dans ce combat en intégrant déjà en 2006, dans sa législation nationale la directive de l’Uémoa s’y rapportant. La création et l’opérationnalisation de la Centif, depuis 2008, sont aussi des illustrations de cet engagement constant du Mali à circonscrire les conséquences du blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme", explique le patron de la Centif.
Aussi le Mali est-il l’un des premiers Etats de la sous-région à transposer dans sa législation nationale la directive de l’Uémoa relative au blanchiment des capitaux et au financement du terrorisme, adoptée par les ministres chargés des Finances de l’Union, le 2 juillet à Bissau.
La célérité de cette internationalisation confirme le leadership du Mali au sein de notre espace économique. Dans la même dynamique, soulignera M. Samoura, s’inscrit la promulgation, il y a quelques mois, par le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, de la loi n°2016-008/AN-RM du 17 mars 2016, portant loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
Malgré ces efforts déployés, les résultats demeurent en deçà des attentes, regrette-t-il.
La dénonciation, seule clef du succès
Pour ce faire, la dénonciation reste le seul moyen efficace pour venir à bout du fléau qui ralentit notre économie et menace notre sécurité. Sur cette question, le secrétaire général du ministère de la de la Justice et des Droits de l'Homme, Moumouni Guindo, demande plus d’implication et d’engagement des citoyens surtout les assujettis (les agents des banques et des institutions financières).
"Dans le contexte actuel, il est essentiel que tous les acteurs financiers nationaux du Mali comprennent le rôle clé qu’ils ont à jouer dans la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme : banques, opérateurs évoluant dans le commerce des métaux précieux", précise-t-il. Et d’ajouter que chacun des acteurs, assujettis à la déclaration des opérations suspectes qu’ils détectent, doit être à même de relever des indicateurs d’alerte et de jouer sa partition dans cette lutte sans frontière.
La Centif est une cellule de renseignements financiers de type administratif, placée sous la tutelle du ministre chargé des Finances. Elle a un pouvoir de décision autonome sur les matières relevant de sa compétence et jouit de l’autonomie financière. Elle est chargée d’analyser et de traiter les informations contenues dans les déclarations d’opérations suspectes reçues des personnes assujetties que sont : le Trésor public, la BCEAO, les banques et établissements financiers, les professions juridiques indépendantes, les compagnies et courtiers d’assurances, les casinos, les agents immobiliers, les ONG, les marchands de pierres et métaux précieux, etc.
Abdoul Karim Konaté