Convoqué au tribunal pour “injure publique à caractère sexuel” et “démotivation de troupes”, des milliers de manifestants sont sortis pour manifester leur soutien au chroniqueur vedette du moment Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath. La manifestation a dégénéré. Bilan : un mort et des dégâts matériels importants.
Arrêté dans la nuit du 14 août et gardé à vue au Camp 1, pour “injure publique à caractère sexuel”, Ras Bath devait comparaitre devant le juge hier pour faire la lumière sur cette situation.
Dès l’annonce de son arrestation sur les réseaux sociaux, radios, télé et la presse, les auditeurs et autres fans du chroniqueur des radios Renouveau et Maliba FM ont décidé de manifester le jour du jugement devant le Tribunal de première instance de la Commune IV du district pour la libération du Rasta.
Sur des pancartes des manifestants, on pouvait lire “libérez Ras Bath”, “vive la liberté d’expression”, entre autres. Pour des manifestants, cette arrestation du “Che Guevara malien” n’est pas acceptable. “Ce qui a été dit officiellement n’est pas la vraie raison de l’arrestation de Ras Bath. Il a été arrêté tout justement parce qu’il dit des choses qui n’arrangent pas le pouvoir”, a regretté un manifestant.
Engagement
“Nous sommes là pour soutenir Rasta. S’il est incarcéré aujourd’hui c’est que nous Maliens, on a fui notre responsabilité et cela ne risque pas d’arriver surtout dans ce cas”, a promis Zakaria Maïga, un manifestant.
Un autre du nom de Modibo Koné a souligné que seule la libération du “Che Guevara malien” peut mettre fin à leur manifestation. “Nous avons décidé de mourir pour la libération de notre Rasta. Nous ferons tout pour sa libération. S’il faut marcher nous marcherons, s’il faut casser nous allons casser, s’il faut tuer nous allons tuer et même s’il faut faire un coup d’Etat pour libérer Rasta nous allons le faire”, a-t-il martelé.
Affrontement
Prévu pour 9 h du matin, à 10 h 45 il n’y avait toujours pas de nouvelles de celui devait comparaître devant le juge pour “injure publique à caractère sexuel”. Impatients, des “soutiens” se sont alors agités, ce qui a déclenché les hostilités. Des injures par-là, des jets de pierres par-ci. Subitement les manifestants ont décidé de forcer l’entrée de la cour du tribunal, protégé par les forces de sécurité.
Les négociations des commandements ont échoué pour maintenir la foule hors de la cour. Face à cet échec, les éléments de sécurité ont fait usage des gaz lacrymogène pour disperser la foule. C’était sans compter avec sa détermination. Ils ont tenu tête aux forces de sécurité jusqu’à épuisement de leurs grenades lacrymogènes.
Les demandeurs de la libération de Ras Bath ont profité de cette situation, imprévue par les forces de maintien, pour faire irruption dans la cour. Ils ont mis le feu à un pick-up de la garde nationale et d’autres véhicules. Aussi, ils ont brisé les pare-brises des pick-up des policiers et les vitres de bureaux du tribunal.
Face à la menace des manifestants, des forces de sécurité ont dû faire usage de leurs pistolets mitrailleur (PM) en faisant des tirs de sommation.
Au moment où nous mettions sous presse, on déplorait la mort d’un manifestant et plusieurs blessés. Les manifestants promettent de rester mobilisés jusqu’à la libération de Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath.
Youssouf Coulibaly