GAO (Mali), Un commando islamiste a attaqué dimanche
Gao, la plus grande ville du Nord du Mali, déjà frappée par deux attentats
suicides en deux jours, marquant la première attaque contre une ville
récemment reprise par les soldats français et maliens, ont constaté des
journalistes de l'AFP.
"Beaucoup d'islamistes" auraient été tués lors de ces combats, selon un
officier de l'armée malienne, mais des journalistes de l'AFP sur place
n'étaient pas encore en mesure de vérifier cette information.
Des échanges de tirs entre soldats et islamistes ont éclaté en début
d'après-midi au coeur même de la ville, près du commissariat central, qui
était le siège de la police islamique quand les jihadistes occupaient Gao.
La fusillade a vidé les rues de Gao, contraignant les habitants à se terrer
dans leurs maisons pour éviter les balles de Kalachnikov et de mitrailleuse
lourde de calibre 14,5 mm.
"Des éléments du Mujao se sont infiltrés en ville et nous sommes en train
de les déloger", a déclaré à l'AFP une source malienne de sécurité, en
référence au Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest, l'un
des groupes armés qui occupait depuis des mois le nord du Mali, y multipliant
les exactions.
Une autre source de sécurité a évalué à "plusieurs dizaines" le nombre
d'assaillants.
En milieu d'après-midi, les tirs ont quasiment cessé autour du siège de la
police islamique dans le centre de Gao, mais ils ont repris ensuite au
gouvernorat, à environ 800 m plus au sud-est, vers le fleuve Niger.
Des militaires français patrouillaient en ville au côté de soldats et
gendarmes maliens, très nerveux. Ils mettaient en garde les habitants contre
la possible présence de tireurs embusqués, tandis qu'un hélicoptère français
d'attaque Tigre survolait la zone.
"Les effectifs islamistes infiltrés en ville ont été fortement réduits, il
y a beaucoup d'islamistes tués", a déclaré à l'AFP le colonel Mamadou Sanake,
de l'armée malienne, sans pouvoir donner de bilan plus précis.
"Certains d'entre eux se sont infiltrés par le fleuve, d'autres avec des
motos sur les grands axes", a-t-il ajouté.
Les rues de Gao étaient désertées, les habitants se terrant dans leurs
maisons.
Ces affrontements surviennent après un attentat suicide visant dans la nuit
de samedi à dimanche un poste de contrôle à l'entrée nord de Gao, le deuxième
en deux jours.
Aucun militaire malien n'a été atteint dans l'explosion, selon les soldats
sur place. Mais la route menant vers le nord et les villes de Bourem et Kidal
a été fermée et aucun véhicule n'était autorisé à l'emprunter.
Trois mines antipersonnel ont aussi été découvertes dans la zone, selon un
militaire français, qui a précisé que l'armée allait les faire sauter dans une
explosion contrôlée.
L'attentat de vendredi avait été revendiqué par le Mujao.
"Nous nous engageons à augmenter les attaques contre la France et ses
alliés. Nous demandons à la population de se tenir loin des zones militaires
pour éviter les explosions", a de nouveau mis en garde samedi le porte-parole
du Mujao, Abou Walid Sahraoui.
Gao, la plus grande ville du Nord malien, située à 1.200 km de Bamako,
avait été reprise le 26 janvier par les armées française et malienne aux
groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda, dont le Mujao.
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