La composante 2 du Projet de développement des compétences et emploi des jeunes (PROCEJ) a été lancée mardi dernier sous le thème de la « création d’emplois par le secteur privé ». Il s’agit de renforcer les compétences pour l’employabilité et les opportunités d’emploi pour les jeunes dans certains secteurs prioritaires comme l’agriculture, l’agro-alimentaire, le BTP, les mines.
Les activités du PROCEJ sont destinées aux jeunes diplômés de 15 à 35 ans, titulaires d’un diplôme minimal de Brevet de technicien de l’enseignement technique. Une enveloppe de 12,5 milliards FCFA sera consacrée à une compétition de plans d’affaires pour sélectionner 500 jeunes qui seront techniquement, financièrement accompagnés et suivis afin qu’ils puissent, à leur tour, créer des emplois. Au total, on estime à 2000 jeunes potentiels qui sortiront du chômage.
Ce projet fait partie d’une panoplie d’actions imaginées et mises en œuvre par les autorités pour lutter contre le chômage des jeunes qui est, depuis plus d’une décennie au centre des priorités de nos autorités. Un premier document de Politique nationale de l’Emploi a été adopté en 1999 et le deuxième avec son plan d’actions opérationnel 2015-2017 a été adopté en mars 2015. L’ambition est d’accroitre les opportunités d’emplois décents.
Le secteur privé comme recours. La vision à long-terme est de faire du secteur privé la principale source de création d’emplois. La stratégie dédiée est de créer de nombreux emplois décents et productifs, notamment à travers l’industrialisation et les travaux à Haute intensité de main-d’œuvre (HIMO).
Ces efforts ont été couronnés par la création en 2015, de 58 967 emplois dans le secteur formel dont 24 896 emplois privés et 34 071 emplois publics. Ce nombre est faible par rapport aux jeunes arrivants sur le marché du travail parmi lesquels une large proportion ne dispose pas de qualifications techniques et académiques suffisantes.
En effet, la population des 15 à 25 ans est estimée à 2 600 000. Le nombre de créations d’emplois formels correspond donc à seulement 2% de l’effectif de cette classe d’âge.
Les jeunes occupent la majorité des emplois créés. Sur 24 896 emplois privés, 19 416 sont occupés par des personnes dont l’âge est compris entre 15 et 40 ans. Parmi celles-ci, les jeunes âgés de 26 à 30 ans occupent la majorité des emplois avec 7 056 soit 36,3%. Par ailleurs, 4 908 emplois sont occupés par des personnes ayant dépassé 40 ans.
Au même moment, on enregistre des pertes d’emploi qui ont été de l’ordre de 1 386 en 2015. Comme pour les emplois créés, le District de Bamako a enregistré le plus grand nombre de pertes d’emplois avec 587 (soit 42% de l’ensemble).
Le secteur informel, grand pourvoyeur d’emplois .Il faut cependant souligner que le secteur informel reste le refuge de la plupart des jeunes. En 2015, la quasi-intégralité des emplois était dans le secteur informel avec 96,4%. Les jeunes gens victimes des failles d’un système qui, loin de leur faire acquérir les qualifications recherchées par les employeurs, engendre un déficit de compétences. Régulièrement, les employeurs déplorent le manque d’adéquation des profils, qui agit comme un frein à leur productivité.
L’accès à des formations de qualité et le développement de compétences adaptées au marché du travail font partie des solutions pour assurer l’emploi des jeunes. La formation technique et professionnelle mais aussi la formation sur le tas ou l’apprentissage sont les voies les plus indiquées pour accéder facilement au monde du travail. Il faut associer étroitement les employeurs aux processus de formation, car c’est le seul moyen de s’assurer que les jeunes assimileront des connaissances et des aptitudes adaptées aux besoins du monde professionnel.
Adéquation formation-emploi, la solution incontournable. C’est ce qui explique certainement la priorité accordée par les autorités à la formation professionnelle. La Politique nationale de formation professionnelle a été adoptée en juillet 2009. L’ambition est de développer les ressources humaines pour soutenir la productivité et la compétitivité par la formation des actifs des secteurs productifs, des agents de l’Etat et des collectivités territoriales et par l’insertion socio-économique des jeunes et des femmes. La mise en œuvre de la politique nationale de formation professionnelle se réalise à travers Programme décennal de développement de la formation professionnelle pour l’Emploi dont le document cadre a été adopté en 2011.
Pour relever le défi de l’emploi, une prise de conscience des jeunes s’imposent également. Préférer les filières d’avenir à la facilité des spécialités qui offrent très peu de débouchés reste la seule issue. Depuis quelques années, nos universités de droit, de gestion et de sciences humaines ont déversé des milliers de diplômés, qui pour la plupart, sont venus augmenter le nombre de chômeurs sans aucune possibilité d’emploi. Et malgré cette situation alarmante, nos facultés accueillent chaque année des milliers de jeunes bacheliers. Il est temps que nos étudiants s’orientent vers les filières qui leur ouvrent facilement les portes du monde du travail. Nous devons accepter qu’aucun Etat, quel qu’il soit, ne peut donner du travail à tous.
Ibrahim OUEDRAOGO