L’animateur de radio Youssouf Bathily dit Ras Bath arrêté dans la soirée du lundi au mardi devait comparaître hier en urgence au Tribunal de grande instance de la Commune IV. Ses partisans surexcités avaient pris d’assaut les alentours de la juridiction et réclamaient à cors et à cris sa libération immédiate et sans conditions. L’accès à la juridiction était extrêmement difficile à cause de la présence de femmes et d’hommes de tous âges et de toutes les catégories socio-professionnelles. Les manifestants secouaient vigoureusement le portail du tribunal, exigeant de pouvoir pénétrer dans la salle d’audience.
Des jeunes criaient en brandissant des bouts de papier sur lesquels on pouvait lire : « libérer Ras Bath ». Certains brandissant même un portrait géant du chanteur jamaïcain Bob Marley, comme pour assimiler la cause de leur idole aux idéaux défendus et chantés par le célèbre musicien de Reggae. « Nous n’allons pas nous laisser faire. Il faut libérer Ras Bath qui est la seule personne à nous dire la vérité sur ce qui se passe dans ce pays », claironnait une dame.
Les usagers de la circulation qui avaient le malheur de passer par là rencontraient toutes les difficultés pour se frayer un chemin.
Parmi les manifestants, on remarquait la présence du célèbre rappeur Ismaïla Doucouré dit Master Soumi, venu lui aussi manifester son soutien à Ras Bath. Le chanteur tentait de calmer la foule et invitait au respect de la justice. Mais il n’en clamait pas moins son opposition à l’injustice, l’inégalité sociale, la délinquance financière et autres tares de la société que Ras Bath dénonce régulièrement dans ses émissions.
Dans la foule des nombreux anonymes, Mme Ramata Kéita, transformatrice de produits agro-alimentaires résidant à Bamako-Coura Bolibana, assurait avoir renoncé à l’injection de médicaments par voie intraveineuse pour venir soutenir Ras Bath. « Le procureur doit nous donner les raisons de son arrestation, sinon nous ne quitteront pas le tribunal », lançait-elle.
Devant la montée de la tension, les audiences du tribunal ont été suspendues. Et la salle a été évacuée avant même la fin du premier jugement de la journée dont le rôle affichait environ une vingtaine d’affaires.
L’évacuation de la salle d’audience n’a pas empêché la situation de dégénérer en émeute. Les manifestants ont pénétré dans la cour du tribunal pour s’adonner à des actes de vandalisme. Le tribunal a été saccagé, des véhicules brûlés (voir l’article ci-contre). Les images du grabuge ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux en fin de matinée d’hier.
M. COULIBALY