La sortie du procureur général près la Cour d’appel de Bamako, Mamadou Lamine Coulibaly, mercredi soir sur le petit écran, révèle une compréhension inédite de la liberté d’expression et de presse dans notre pays. Dans le cas de l’animateur Ras Bath, qui a maille à partir avec la justice pour des propos tenus sur une radio, le patron du parquet de Bamako assure ne pas être dans un combat contre la presse et met en avant un délit de droit commun.
Mais c’est là que le bât blesse, parce que c’est sur les ondes d’une radio que les propos qualifiés d’outrage à la pudeur ont été tenus par Ras Bath, assimilable dès lors à un journaliste dans l’exercice de ses fonctions.
Et en pareille circonstance, la loi de la presse et les délits de presse demeurent les seuls références. C’est du moins l’avis de bon nombre d’observateurs. Les deux références fixent une responsabilité en cascade. Sous cet angle, Ras Bath est le complice du promoteur de la radio propriétaire de l’émission. Celui-ci, on le sait, est libre comme le vent. Première entorse à la loi.
Si l’on s’en tient aux explications du procureur général, on peut aussi se demander pourquoi un magistrat, censé préserver l’ordre public, laisse une situation préjudiciable à la quiétude sociale perdurer ? Deuxième entorse. Pourquoi le procureur n’interpelle-t-il pas le prêcheur Bandiougou Doumbia, l’un des contradicteurs les plus virulents de Ras Bath, auteur de mille propos tout aussi grivois ou heurtant la morale publique ? Troisième entorse.
On ne peut s’empêcher d’avoir le sentiment d’une République des pourrissements à haut débit.
DAK