Le sac des locaux par les émeutiers a provoqué des dégâts considérables. Les travaux de réparation nécessitent du temps.
La journée d’hier était calme à travers la ville. A Hamdallaye, c’était le calme après la tempête des échauffourées du mercredi entre manifestants réclamant la liberté de l’animateur Ras Bath et forces de l’ordre dans les parages du Tribunal de grande instance de la Commune IV.
Les véhicules de la mairie et de la société de ramassage d’ordures Ozone étaient occupés à débarrasser la chaussée de ce qui restait des dégâts causés sur les voies publiques. Les émeutiers avaient érigé des barricades sur les voies pour entraver la circulation.
Les opérations de nettoyage provoquaient de légers embouteillages qui étaient régulés par les agents de la mairie eux-mêmes transformés pour la circonstance en agents de la circulation. En dehors de ces désagréments passagers, les usagers vaquaient paisiblement à leurs occupations.
A l’approche du Tribunal de grande instance de la Commune IV, quelques traces du passage des émeutiers étaient encore visibles sur la chaussée. Mais les devantures des concessions étaient débarrassées des détritus et des jeunes devisaient tranquillement autour du thé comme il est de coutume dans nos rues.
Des femmes proposaient des friandises et des épis de maïs grillés.
Quelques policiers anti-émeutes avec leurs équipements (boucliers, matraques) montaient la garde devant le portail du tribunal. Nous avons dû montrer patte blanche pour pouvoir pénétrer dans la cour où nous avons découvert une scène d’apocalypse. L’ampleur des dégâts renseigne sur les moments difficiles que les occupants du tribunal ont dû subir par la furie des manifestants.
La cour de la juridiction était jonchée de gravats, de morceaux de bois, de vitres cassées. Des voitures personnelles et deux véhicules des forces de l’ordre (police et garde nationale), calcinés, étaient encore sur place.
Le personnel du tribunal est au chômage technique en raison des dégâts matériels causés à l’édifice. Le personnel féminin devisait tranquillement dans la cour.
Le président du tribunal Moussa Ali Yattara nous montre son bureau saccagé. « Fort heureusement, dit-il, j’ai été protégé et couvert par les gardes qui ont empêché la foule de m’atteindre. Ils m’ont exfiltré sous les assauts des manifestants qui lançaient des cailloux à partir du mur d’enceinte du tyribunal, de celui de la maternité et d’un conteneur posé dans la rue ».
Le magistrat confie qu’il doit une fière chandelle aux agents de la garde nationale qui ont risqué leur vie pour l’extraire de la pression de la foule qui menaçait d’envahir son bureau.
« Je suis resté dans mon bureau jusqu’au moment où les manifestants ont mis le feu aux rideaux de la fenêtre. A partir de cet instant, le garde a pris la responsabilité de me sortir en me couvrant de son corps pour me conduire dans la voiture que j’ai conduite moi-même. L’agent de la garde nationale est resté perché sur le toit du véhicule pour couvrir mon exfiltration jusqu’au commissariat du 5è arrondissement à Lafiabougou », témoigne le Moussa Ali Yattara qui estime que rien ne justifiait la mise à sac du tribunal par les manifestants car il avait envoyé des agents pour leur dire que l’animateur Youssouf Bathily alias Ras Bath n’allait pas venir dans sa juridiction.
Le magistrat déplore et dénonce les violences perpétrées contre l’édifice avant de rappeler que son service n’en était pas à son premier grabuge. Ce tribunal a connu des casses sur le site de Lafiabougou d’où il a emménagé à Hamdallaye. A présent, le tribunal ne sera pas opérationnel avant de longues semaines. « Heureusement les documents ont pu être sauvés », soupire le président du tribunal.
Le président du Syndicat autonome de la magistrature (SAM), Cheick Mohamed Chérif Koné et certains collègues étaient venus constater les dégâts et prodiguer des messages d’encouragement et de soutien moral et psychologique au personnel du Tribunal de grande instance de la Commune IV.
... suite de l'article sur L’Essor