Suite à la violente manifestation de ce mercredi, des fans de Ras Bath au Tribunal de la Commune IV qui s’est soldée par la mort d’au moins une personne et a fait de nombreux blessés, l’accès aux principaux réseaux sociaux utilisés dans le pays (Facebook et Twitter) a été suspendu.
Censure injustifiable d’un pouvoir débordé par les manifestants ou mesure de précautions souveraines qui entrent dans le cadre de la préservation de l’ordre public et de la quiétude sociale ?
Les autorités et les structures en charge du secteur des TICs (ministère de la Communication et des nouvelles Technologies, opérateurs de télécoms qui sont les fournisseurs d’accès et Agence malienne de régulation des télécommunications et des postes (AMRTP)) se refusent à tout commentaire sur cette suspension.
Notre opinion, faute de réponse à la question, est qu’aussi frustrante et révoltante qu’elle puisse paraître, la suspension de l’accès aux réseaux sociaux (notamment Facebook et Twitter) dans le contexte actuel, si elle est du fait des autorités doit être saluée comme une mesure précaution qui plaide pour la préservation de l’ordre public et de la paix sociale. En la matière, deux valent mieux qu’une.
Il est du devoir régalien de l’État de protéger l’ordre public (la sécurité des personnes et de leurs biens, la protection des infrastructures et des édifices publics…). Si le meilleur moyen d’y parvenir, ce n’est pas toujours le gazage et le matraquage. C’est aussi de trouver des voies et moyens d’empêcher des affrontements violents qui pourraient dégénérer avec des conséquences lourdes : mort d’hommes, voie de fait, atteinte aux biens publics et privés… comme on l’a vu avant-hier où tout ce qui a été fait ne l’a pas été seulement et exclusivement pour demander la libération du Rasta.
Puisque l’appel à cette manifestation a été lancé via Facebook et que par le même canal, des messages à la sédition et à la rébellion contre la République étaient en train d’être émis, à notre humble avis et à notre tempérament de partisan d’un État fort, il était du devoir de l’État de suspendre (s’il le pouvait) la diffusion de ces messages de haines et d’appel à la violence aux conséquences graves pour la paix sociale.
Sous cet angle, la suspension d’accès aux réseaux sociaux se justifie amplement. La traduction terre-à-terre est l’exemple d’un père de famille qui retire un couteau d’entre les mains d’un enfant qui joue avec. En le lui retirant, il ne lui prive pas de jouets, mais il l’empêche non seulement de se blesser lui, mais aussi blesser un autre enfant avec son jouet mortel (le couteau).
Si la suspension des réseaux sociaux a eu pour conséquence d’empêcher des manifestations à l’issue desquels des enfants instrumentalisés allaient être tués, oui nous disons foin d’indignation sélective, le gouvernement a pris la bonne décision.
Oui, si c’est le gouvernement qui l’a bloqué, il l’a bien fait. Parce qu’au moins, par cette suspension, il n’y a pas eu aujourd’hui de victime innocente. Oui, ceux qui sont tapis derrière leur clavier n’ont pas eu hier d’enfants d’autrui à instrumentaliser et à envoyer dans des affrontements risqués avec les forces de l’ordre pendant qu’eux ils attendent dans l’ombre, prêts à ramasser les débris du régime qu’ils espèrent voir exploser, à travers ces manifs.
La mesure peut paraître gênante (pour beaucoup de vieux branchés…), mais elle procède, à notre avis, de la défense de l’ordre public et de la paix sociale.
Une première dans notre pays qui fait beaucoup jaser ajoutées aux protestations outrées des utilisateurs frustrés de payer les effets collatéraux d’une situation loin de les concerner que l’État a laissé pourrir ». Aussi, demande-t-elle à l’Etat de vite s’investir pour « réglementer le secteur pour une utilisation judicieuse des réseaux sociaux ».
À travers sa Secrétaire générale Fatoumata Harber, la communauté des blogueurs du Mali met le point sur les i : « Lorsque ces réseaux sociaux sont bloqués, il va de soi que nous sommes des victimes collatérales de cette situation.
M.Bathily a été annoncé comme blogueur sur certaines ondes. (Mais) M. Ras Bath n’est vraiment pas blogueur. Il ne l’est pas et il ne l’a jamais été.
Peut-être que c’est un utilisateur des réseaux sociaux, il a utilisé Facebook pour rallier certaines personnes à ses idées, ou bien à son mouvement, cela va de soi. Mais lui, il n’est pas un blogueur.
Il faut une déontologie pour être un blogueur. Être un blogueur n’est pas s’en prendre à qui on veut, ce n’est pas se proclamer expert pour dire ce qu’on veut sur qui on veut. Le blogueur peut facilement se faire attaquer en justice ».
Par SAMBI TOURE