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Le procureur général sur l’affaire Ras Bath: « la loi s’applique dans toute sa rigueur »
Publié le vendredi 19 aout 2016  |  Info Matin




Dans un entretien, avant-hier soir, sur les antennes nationales, le Procureur général de Bamako, Mohamed Lamine Coulibaly, a informé l’opinion nationale qu’il avait ouvert une enquête préliminaire, le 15 aout, contre Mohamed Youssouf Bathily, qu’il avait confié aux services d’investigation judiciaire de la gendarmerie du Camp I.
Ladite enquête, explique le Procureur général, concerne certains propos d’une violence rare qui sont une atteinte à la pudeur tant qu’ils heurtent le sentiment moral des particuliers qui sont involontairement témoins et qui sont susceptibles de troubler l’ordre public, et de causer un préjudice social manifeste. En outre, poursuit le procureur, les propos de Ras Bath, constituent un outrage envers les dépositaires de l’autorité ou de la force publique dans l’exercice de leurs fonctions.
Pour le Procureur général Mohamed Lamine Coulibaly, ces faits sont prévus et punis par les dispositions des articles 224 et 147 du Code pénal.
Avant de rappeler que le Mali est un État de droit qui consacre et protège les libertés fondamentales y compris celles d’opinion et d’expression dont l’exercice est prescrit dans le cadre des lois et règlements ; et de conclure que la présente procédure s’inscrit dans le cadre du droit commun et vise au maintien de l’ordre et de la sécurité publique.
Nous vous proposons la déclaration du Procureur général de Bamako.

Depuis quelque temps, on assiste à un lynchage médiatique sur un certain nombre de radios. Et puisque ça ne pouvait pas continuer, j’ai décidé, le 15 (du mois août, ndlr) d’ouvrir une enquête contre Monsieur Mohamed Youssouf Bathily ; enquête que j’ai confiée aux services d’investigation judiciaire de la gendarmerie qui fait un bon travail. Et dès que ce service va finir l’enquête, le dossier sera transmis à un Procureur qui va poursuivre, orienter le PV et poursuivre.
De quoi s’agit-il ?
Au fait depuis quelque temps, on a remarqué que Monsieur Bathily s’adonne à des déclarations qui offensent la pudeur et qui heurtent le sentiment national, des particuliers qui en sont témoins sans avoir cherché à l’être. Ces faits et comportements sont prévus et réprimés par le Code pénal.
Nous avons décidé d’arrêter l’hémorragie ; parce que ça ne pouvait pas continuer. Et nous avons ouvert une enquête qui a abouti à sa garde à vue ; et les délais de garde à vue seront scrupuleusement respectés. Naturellement, s’il y a lieu de prolonger, on le fera. Le Parquet n’hésitera pas. Le Parquet prendra toutes ses responsabilités dans cette affaire comme dans toutes les autres affaires.
Monsieur le Procureur pourquoi avoir attendu aujourd’hui pour mettre fin à cette hémorragie comme vous le dites ?
Bathiliy fait des déclarations, depuis quelque temps. Mais il fallait attendre que ça atteigne une certaine proportion. Nous sommes un peuple de tolérance ; un peuple de dialogue. Mais nous sommes aussi un peuple qui a des repères ; des repères à ne pas franchir ; des repères qu’on ne doit pas laisser franchir ; sinon, on ne serait pas nous-mêmes. Pour cela, il faut éviter de faire un pas en avant et trois pas en arrière. C’est pourquoi nous avons attendu que ça heurte la conscience sociale ; que ça heurte la conscience nationale pour agir.
Le Parquet a pour devoir et obligations essentiels de protéger la société que nous défendons contre vents et marées. Donc, c’est pour cette raison qu’il a été interpellé et gardé à vue.
Des déclarations et propos qui, au-delà de l’outrage à la pudeur, sont de nature à outrager les agents de l’État dans l’exercice de leurs fonctions. Ça ne peut pas perdurer.
Quand vous entendez des déclarations et propos qui sont de nature à démoraliser nos troupes ; ceux-là qui sont au Nord ; qui sont là pour la protection de la société ; qui sont là pour la défense de l’État ; qui sont là pour la défense de notre pays et nos frontières, il est inadmissible et de laisser passer de tels propos. C’est pourquoi nous avons décidé d’arrêter.
Il n’est pas poursuivi pour des délits de presse. Il est poursuivi pour des délits de droit commun. Il n’est pas poursuivi pour des délits de presse. Nous n’avons rien contre la presse. Nous sommes dans un pays qui consacre et respecte les droits et où les libertés d’association, les libertés d’expression et d’opinion seront respectées et garanties.
Nous y veillerons et nous protégeons ces droits. Maintenant, nous n’accepterons pas que certaines dérives aussi s’installent dans la société. Chaque fois que cela va commencer, on va arrêter ; on va sévir.
Il intervient en qualité d’animateur, mais les propos et déclarations que nous poursuivons ne révèlent pas de ces domaines-là.
Les propos et déclarations relèvent du droit commun, c’est ce que nous poursuivons pour le moment. Peut-être que d’autres poursuites pourront venir après ; c’est sûr d’autres poursuites pourront venir, mais pour le moment, voilà les faits que nous poursuivons.
Encore une fois, c’est une perte sèche pour le Mali ; c’est une perte sèche pour le contribuable malien. Les bureaux sont incendiés, les livres, les codes qui ont été achetés pour le travail des magistrats sont incendiés, il va falloir les remplacer et on les remplace avec l’argent du contribuable. Il faut respecter le contribuable. Il faut éviter de telle situation.
Mais rassurez-vous, les faits et gestes de ce matin (mercredi, ndlr) ne se justifient pas. Rien ne peut justifier cette inconduite.
Et rassurez-vous, les auteurs et complices seront recherchés, traduits en justice et la loi s’appliquera dans toute sa rigueur. Voilà, ce que je pouvais vous dire. Rassurez-vous, ils seront recherchés, traduits en justice et la loi s’appliquera dans toute sa rigueur.

Propos transcrits par Sékou CAMARA
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