Ce n’est donc plus les Douanes maliennes qui mettront fin à la coopération économique entre le Maroc et le Mali, mais le terrorisme économique des soi-disants importateurs, qui ont menacé de brûler les camions des exportateurs marocains s’ils s’entêtaient à transporter la pomme de terre au Mali.
Décidément, les importateurs de légumes frais et de pomme de terre notamment Kadiatou Lah et Abdoulaye Ballo, ne lésinent pas sur les moyens pour se faire entendre des autorités. Après avoir remué ciel et terre sans succès pour faire revenir la Direction générale des douanes du Mali (DGD) sur sa décision d’appliquer les termes du Tarif Extérieur Commun de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Mali, ils ont décidé de s’en prendre aux camions des exportateurs marocains, qui ont décidé de se conformer à la réglementation de notre pays en payant correctement les droits de douane quel que soit le prix. Ils ont menacé de bruler tous les camions qui transportent de la pomme de terre, de l’Oignon et autres produits crus au marché de Médine. Comme dit clairement dans un article de presse : «…ils (parlant des responsables de l’association) ont par ailleurs usé de toute leur force pour que des membres de leur association en colère ne brûlent pas les camions et tous leurs chargements… ».
Le mot brûler a donc été lâché par un journaliste, qui a dû l’entendre de la bouche des responsables de l’association. C’est ce qu’on appelle du terrorisme économique. Le journaliste rendait compte d’une conférence de presse que l’Association a organisée le mardi dernier dans un magasin au marché de Médine. Mais, le hic est qu’ils aient fait bouche cousue sur la menace qu’ils auraient proféré contre leurs partenaires marocains de bruler leurs camions. Quel retournement de situation ? Quand on se rappelle qu’il n’y a pas encore longtemps, ce sont ces mêmes personnes qui faisaient l’apologie de la coopération sud-sud entre le Maroc et notre pays à la demande de nos plus hautes autorités ? Le ridicule ne tue donc plus au Mali.
L’information nous a été communiquée par des sources proches du Bureau des Douanes de Kati, où les exportateurs marocains se sont présentés avant hier pour faire part de leur inquiétude sur des menaces d’incendie contre leurs camions que certains soi-disants importateurs maliens leur ont proféré. Les hôtes marocains étaient très préoccupés par les propos haineux emprunts de violence de leurs partenaires. Qui ne sont d’ailleurs que des intermédiaires, dont le rôle est de vendre la marchandise et empocher les bénéfices et rembourser les fournisseurs.
Les négociants s’inquiétaient du sort de leurs investissements. Parce que leur commerce serait quelque peu contrarié par le chantage de leurs partenaires maliens, qui ne sont en fait que des agitateurs professionnels. Si les autres sont inconnus des administrations douanières et de la direction nationale du Commerce et de la Concurrence, ce n’est pas le cas pour Kadiatou Lah. Cette maliano-zambienne est bien fichée des deux administrations qui se moquent volontiers de son cynisme. Selon des sources dignes de foi, après leur conférence le mardi, elle a appelé le directeur national du commerce et de la concurrence, Modibo Kéïta, pour se plaindre de l’arrivée d’un camion chargé de pomme de terre en provenance Maroc. La marchandise avait été importée par un de leurs concurrents plus ambitieux, répondant au nom de Harouna Konaté. Qui détenait toute la documentation et en règle surtout.
Aussitôt informé, Modibo Kéïta envoya une équipe d’enquêteurs dans la même journée pour voir de quoi il s’agissait. Les enquêteurs avaient mandat de vérifier la conformité de l’arrivage avec les informations contenues dans la déclaration d’intention levée plus tôt. Malheureusement pour eux, les enquêteurs ont trouvé qu’Harouna Konaté a fait ses opérations dans les règles de l’art. Quel culot donc de la part de Kadiatou Lah et ses camarades ? Comment ou de quel droit un citoyen libre de tous ses mouvements et jouissant de toutes ses facultés peut interdire à un autre citoyen d’exercer librement ses activités commerciales, dès l’instant qu’il possède les documents administratifs y afférents ? Il faut être Kadiatou Lah et Abdoulaye Ballo pour agir de la sorte.
Aujourd’hui, cette association se croirait trop forte pour prendre en otage toute la filière pomme de terre. Mais, c’est sans compter avec la détermination des autres commerçants qui ont hâte de faire des affaires aujourd’hui. Car la pomme de terre est très prisée sur le marché malien. Le kilogramme de la variété locale varie entre 400 à 600 FCFA selon le marché contre 700 à 800 FCFA pour la variété importée du Maroc. Selon nos sources, hier une douzaine de camions ont déversé leurs contenus sur le marché à la douleur d’Abdoulaye Ballo et de ses camarades. Qui n’ont que leurs yeux pour voir sans pouvoir empêcher quoique ce soit comme, ils le prétendent dans la presse. Selon nos sources, ils sont libres de vendre ou non, mais ils ne peuvent empêcher les autres de vendre. Surtout que la liberté d’entreprise est reconnue et garantie par la Constitution en son article 14.
Les autorités maliennes soucieuses du sort des producteurs locaux
Selon nos sources, dans le souci de protéger la production nationale sur plainte des producteurs locaux, la DNCC a exigé des importateurs de s’approvisionner d’abord sur le marché local avant de prétendre à l’importation où être producteur comme le PDG de GDCM, Modibo Kéïta, qui a investi des milliards FCFA pour booster la production nationale.
C’est dans cette perspective que la DNCC a été approchée par Kadiatou Lah qui prétendait posséder un immense champ de pomme de terre dans un village près de Nioro du Sahel. Pour en avoir le cœur net, le directeur de la DNCC, Modibo Kéïta l’avait accompagné avec certains cadres de sa structure pour voir de visu ledit champ. Pendant près d’une journée, la bonne dame a fait tourner en rond ces braves cadres pour finir par leur montrer une vaste étendue vierge dans un village situé à la frontière mauritanienne.
Après vérification par les services déconcentrés de la DNCC à Nioro, il s’est avéré qu’elle n’avait pas dit vrai. Car, c’est le chef de village de cette localité lui-même qui a infirmé l’information, arguant qu’il n’a jamais connu cette femme. De la même manière qu’elle a nargué la DNCC, elle a fait autant avec les Douanes en 2014. (Cf la note d’information à l’adresse du DG des Douanes).
Mais, en recevant les journalistes le mardi dernier dans leur magasin pour les briefer sur l’arrivée de ce camion, pourquoi Abdoulaye Ballo, Kadiatou Lah et leurs camarades agitateurs n’ont pas dit à leurs interlocuteurs qu’ils ont menacé les marocains de bruler leurs camions au cas où ils se harderaient à transporter de la pomme de terre au Mali ? N’est-ce pas là un paradoxe. Ils doivent se rappeler que c’étaient eux-mêmes qui prônaient avec fermeté la coopération maliano-marocaine. C’est encore très frais dans les mémoires des Maliens lorsque par voie de presse, ils attiraient l’attention d’IBK sur le risque de brouille diplomatique entre les deux pays si les Douanes maliennes continuaient à appliquer le TEC de la CEDCEAO aux marchandises marocaines. Et c’est honteux de voir aujourd’hui qu’ils menacent les mêmes marocains de destruction de leurs biens. Ont-ils alors perdu soudainement leurs manteaux de diplomates soucieux des intérêts des marocains au Mali ? Le ridicule ne tue plus au Mali.
C’est une honte pour ces soi-disants importateurs que ce soient les Marocains, ceux pour lesquels, ils ont usé de tous les stratagèmes pour faire valoir leurs intérêts au Mali au détriment de ceux de leur propre pays qui leur montre le chemin à suivre dans le respect des textes et règlements. Et le comble ici, c’est qu’ils empêchent aussi les Marocains d’appliquer les règlements de leur propre pays. Mêmes les Marocains doivent arrêter de faire affaire avec ces individus. Car, celui qui est capable de s’opposer de façon énergique à l’application des textes de son propre pays est capable du pire chez l’autre.
La douane prend ses responsabilités
Les vrais acteurs économiques ne perdent pas leur énergie dans des combats inutiles et honteux de ce genre. Il s’agit d’une simple machination pour empêcher les Douanes maliennes de travailler. Parce que certains importateurs qui avaient jeté leur dévolu sur la triche pour faire fortune sur le dos des contribuables maliens sont très gênés par la décision de la DGD de faire passer sous scanner toutes cargaisons de marchandises à destination du Mali. Depuis lors, rien n’échappe à la vigilance des gabelous.
Donc, grâce au 100% scanner, les marchandises à destination du marché intérieur malien sont taxées non seulement à leur taux réel de dédouanement, mais aussi et surtout au volume réel d’importation. Fini donc le « traficage » des documents de transit qui leur permettaient de minorer non seulement le volume de la marchandise importée mais aussi la nature du produit. Les agitations actuelles contre la DGD n’ont pas commencé par Abdoulaye Ballo et ses camarades. Il n’y a pas encore longtemps, les cimentiers s’étaient levés pour tenter d’obliger les Douanes à revoir leur tarif de dédouanement au motif que la DGD a changé de méthode de travail en taxant le prix à l’usine de la marchandise. Où est donc passé l’esprit du changement de nos commerçants ?
Au Maroc aujourd’hui, la pomme de terre se classe en tête des productions vivrières après la betterave à sucre et le blé selon une étude menée par des universitaires marocains en janvier 2016. L’étude révèle aussi qu’elle représente une source appréciable de devises pour le pays avec une valeur moyenne annuelle d’environ 138 millions DH, environ 99 milliards FCFA. Le Mali est-il condamné à vivre seulement de l’importation ? Nos opérateurs économiques ne peuvent-ils pas avoir du cran en se lançant dans la production nationale tant dans l’agriculture que dans l’élevage ?
Le Sénégal qui est un pays de transit pour les produits à destination du Mali taxe la pomme de terre à l’état frais ou réfrigéré à 42,7% (dont une surtaxe de 20 %) et la semence : 7,70%. L’oignon aussi est frappé des mêmes taux de dédouanement. En outre, cette spéculation est très protégée au Sénégal. Cela à travers un Arrêté interministériel qui interdit l’importation de ce produit sur le territoire sénégalais au moment de la récolte et de la commercialisation. Autrement dit, tant que la production locale ne s’épuise pas sur le marché local, aucune intention d’importation n’est autorisée. Pendant ce temps, des Maliens se font passer pour des champions de l’intégration jusqu’à défendre les produits étrangers au détriment de la production nationale.
Au Mali, la semence de pomme de terre est taxée à 5% à l’importation, contre 7,7% au Sénégal. Sur le produit frais, les Douanes ne perçoivent qu’un forfait de 200 FCFA en dessous du taux prévu dans le TEC de la CEDEAO. C’est dire que les Douanes maliennes font de gros efforts qu’Abdoulaye Ballo et ses camarades tentent de dissimuler. Leur motivation est donc à rechercher ailleurs. Sinon, l’engagement des Marocains à livrer la marchandise jusque dans leurs magasins devrait enterrer la hache de guerre, s’ils n’ont pas d’autres idées derrière la tête. Sinon, accuser le directeur général des douanes du Mali, Modibo Kane Kéïta de pousser ses prétentions de protection de la production nationale jusqu’à l’interdiction formelle de l’importation de la pomme de terre marocaine au Mali n’est que pire calomnie qu’on qualifie dans le jargon journalistique de diffamation. Un acte répréhensible devant la justice.
L’on n’est pas obligé d’aimer l’homme mais de là à le calomnier de la sorte est de la pire méchanceté.
Nous y reviendrons
M pomme de terre au Mali A. Diakité