Notre pays est classé par les instances internationales parmi les pays les plus pauvres de la planète terre. L’indice de développement humain y est extrêmement faible. Quoique le taux de croissance se situe entre 5 et 6%, la réalité est loin d’être aussi luisante. Notre pays a pourtant les moyens de se hisser au niveau de ses voisins que sont le Sénégal, le Burkina Faso ou le Niger, des pays qui n’ont pas de pétrole à faire valoir et qui ont des ressources limitées comme nous. La faute incombe à la corruption massive à tous les niveaux, à la fraude au fisc et à la banalisation du vol.
Régulièrement, les rapports annuels du Vérificateur général font ressortir chaque année des dizaines de milliards de FCFA de détournements liés à la corruption, la fausse facturation, les passations truquées de marchés publics etc. Malgré les faits, malgré les dossiers compromettants, malgré la mise en cause de personnes indélicates bien connues qui vivent du sang du peuple, jamais personne n’a vraiment été inquiété. Le président de la république en personne a dit toute son amertume en indiquant que les dossiers relatifs à la délinquance financière ont été transmis à la justice mais sont demeurés sans suite.
Ce sentiment d’impunité et d’injustice fait malheureusement basculer dans le mauvais camp les fonctionnaires consciencieux qui se sentent « maudits » de ne pas prendre leurs parts de gâteaux. À telle enseigne que peu de Maliens croient aujourd’hui qu’il y ait des personnes propres, des citoyens honnêtes qui servent loyalement le Mali. Partout, y compris parmi ceux qui devraient protéger les ressources de l’État, la corruption a empuanti l’atmosphère. Les jeunes qui sont encore sur les bancs de l’école ne rêvent que de prendre part à ce vaste exercice national de spoliation de l’État orchestré par leurs aînés et pères.
L’état de délabrement généralisé de la capitale malienne ne semble même pas émouvoir les autorités. Les mairies des six communes du District de Bamako mettent en l’avant leur pauvreté quand elles sont incapables de faire rentrer la TDRL, la Taxe de développement régional et local qui peut les aider à entreprendre des travaux dans leurs communes respectives. Excepté les fonctionnaires, dont les impôts sont directement perçus à la source des salaires, presque personne ne paie correctement le fisc. Des agents des impôts s’ingénient à longueur d’années à dresser de faux bilans pour les sociétés et entreprises de manière qu’elles payent le minimum à l’État ou pas du tout si elles sont déclarées déficitaires.
Tous les États modernes et forts vivent essentiellement du fisc et autres taxes dont le paiement est obligatoire pour tout citoyen. C’est la principale contribution au budget de l’État, la contribution de chacun et de tous à la construction de la nation. On n’a pas besoin d’être économiste pour le savoir. Et aussi longtemps que le Mali ne fera pas le ménage dans ce domaine, nous serons condamnés à tout attendre des partenaires financiers. Ce serait la honte nationale si les chefs d’État de la France-Afrique qui sont attendus à Bamako, en janvier 2017, décidaient de visiter les quartiers de la capitale. Mais ils ne sortiront pas des grandes artères bamakoises qui cachent mal les réalités peu glorieuses de grand taudis qu’est la capitale malienne.
Diala THIÉNY Konaté