Sous les coups d’une poursuite judiciaire dont les chefs d’inculpation sont, entre autres, ”outrage public à la pudeur, violation des dispositions 144 et poursuivant pour outrage le Procureur de la République d’alors, Mamadou Lamine Coulibaly, assener des propos tendant à démoraliser les Forces Armées maliennes, etc. le sieur Mohamed Youssouf Bathily dit ”Ras Bath”, animateur à la Radio Maliba FM est libre depuis le jeudi dernier après avoir purgé le délai de garde à vue. Cependant, sa libération reste sous le coup de mesures contraignantes. Voilà entre autres informations fournies par un collectif d’avocats constitués à son nom au cours d’une conférence de presse animée vendredi dernier à la Maison de la presse. Cependant, les 19 autres personnes arrêtées le mercredi dernier, au cours des manifestations, devraient être en principe déférées le vendredi à la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako.
Le collectif des avocats de Mohamed Youssouf Bathily dit ”Ras Bath”, composé de Mes Malick Ibrahim, Abdourahamane Touré et Ziriki Zana Koné, a animé une conférence de presse d’informations sur les faits reprochés à leur client. C’était à la Maison de la presse le vendredi dernier, c’est-à-dire 24 heures seulement après la libération de Ras Bath.
Aux dires des avocats, certaines informations ne pouvaient être données, secret d’instruction oblige. Cependant, aujourd’hui, leur client est sous le coup d’une poursuite judiciaire dont les chefs d’inculpation retenus contre lui portent, entre autres : ”propos outrageux à caractère sexuel, outrage public à la pudeur envers le prêcheur Bandjougou Doumbia, violation des dispositions 144 et autres pour outrage sur le Procureur de la République d’alors, M. Daniel Amoingoin Téssougué, la Gouverneure ami Kane, le maire de la commune de Gao, M. Sadou Diallo, assener des propos tendant à démoraliser les Forces Armées maliennes, etc.”.
Au cours de son interrogatoire, en présence de ses avocats, Ras Bath a répondu à toutes les questions posées par les Officiers supérieurs du Camp I de la Gendarmerie dans l’enquête préliminaire. Outre les questions relatives aux propos outrageux à caractère sexuel, 57 nouvelles questions ont fait leur apparition au cours de cet interrogatoire en dehors du cas Bandjougou auxquelles Ras Bath a apporté des éclaircissements. Parmi celles-ci, on pourrait citer les questions ayant trait à sa profession (s’il est journaliste), l’intérêt qu’il avait en tenant de tels propos, etc. D’après Me Malick Ibrahim, le dossier de Mohamed Youssouf Bathily est vide. Et ce vide sera démontré par ses avocats le jour de son procès.
Cependant, les avocats ont salué les officiers de la Gendarmerie du Camp I pour leur disponibilité et les conditions de détention de leur client. Mohamed Youssouf Bathily n’a reçu aucun propos déplacé au niveau de la Gendarmerie. Après les enquêtes préliminaires, Ras Bath devrait être présenté au Juge d’instruction du 2ème cabinet du Tribunal de grande instance de la Commune IV du District de Bamako pour inculpation. Ce qui tourna d’ailleurs au drame le mercredi dernier. Et le lendemain, Ras Bath recouvra la liberté après avoir purgé le délai de garde à vue mais il reste sous le coup des mesures contraignantes notamment l’interdiction de reprendre pour l’instant son activité de chroniqueur radio. Il ne peut pas non plus quitter la commune IV du District de Bamako où il réside. Des dispositions prises pour une durée indéterminée.. D’où son absence lors de cette conférence de presse.
Au moins un mort
Le mercredi 17 août dernier, plusieurs centaines de manifestants s’étaient retrouvés devant le tribunal de la commune IV du District de Bamako pour soutenir ou protester contre la comparution de leur animateur préféré, Mohamed Youssouf Bathily, alias ” Ras Bath “. Le tribunal a connu de véritables scènes de guérilla urbaine ce jour car ladite manifestation tourna d’ailleurs au drame. Le bilan fait toujours état d’un mort et plus d’une dizaine de blessés (dont les agents des forces de l’ordre et des manifestants). Les locaux du tribunal ont été transformés en champ de bataille où s’affrontaient manifestants et forces de l’ordre. Des voitures, des équipements informatiques, des archives, des bureaux endommagés. Certains manifestants se sont accaparés même du compteur d’électricité du tribunal. Aujourd’hui, les 19 personnes arrêtées le jour des manifestations au tribunal de la Commune IV devraient être en principe déférées à la Maison centrale d’Arrêt de Bamako en attendant leur comparution devant un juge. Car, leur délai de garde à vue est arrivé à terme. Les avocats de Mohamed Youssouf Bathily ont promis de défendre leurs dossiers.
Le Ministre Mamadou Ismaïla Konaté sur les lieux
Le Ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Garde des Sceaux, Me Mamadou Ismaël Konaté, accompagné du Procureur général, M. Mamadou Lamine Coulibaly, s’est rendu jeudi dernier au tribunal de la Commune IV pour constater de visu les dégâts causés par les manifestants. Il a visité rapidement les lieux avant de prendre la parole devant les officiels pour apporter son soutien : ” Face à ces dégradations intolérables, on ne peut pas s’en prendre à la justice d’un Etat de droit “, a déclaré le Ministre.
Plusieurs enquêtes ouvertes
Outre l’enquête sur les quatre chefs d’inculpation retenus contre Mohamed Youssouf Bathily, d’autres enquêtes sont en cours autour de cette affaire à Bamako. Elles concernent le déroulé de cette manifestation qui a dégénéré et la réaction des forces de l’ordre.
Et selon le Ministre de la Sécurité publique, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse, Salif Traoré, une information judiciaire est également ouverte pour essayer de trouver l’origine des balles extraites de certains blessés, et plus largement pour faire la lumière sur les responsabilités de chacun à la suite de ces débordements. Car, apprend-t-on, la personne décédée avait reçu une balle réelle.
Youssouf Sangaré