Elle se déroulera à Bamako du 24 au 31 décembre prochain et contribuera à l’émergence d’une culture de paix et de citoyenneté
L’édition spéciale de la Biennale artistique et culturelle sera organisée du 24 au 31 décembre 2016. Elle aura lieu dans la capitale Bamako. Le président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta et le gouvernement du Mali ont fait part de leur volonté de rassembler tous les Maliens autour d’un projet de reconstruction de l’Etat afin qu’ils deviennent, à nouveau, les maîtres de leur destin.
C’est dans ce cadre que les plus hautes autorités maliennes ont donné leur aval à la concrétisation de l’idée de Mme le ministre de la Culture, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo, formulée lors de la clôture de la Rentrée culturelle, en février dernier. Elle avait proposé d’innover en organisant une édition spéciale de la Biennale artistique et culturelle du Mali. «La question de la tenue de l’édition 2016 de la Biennale artistique et culturelle à Mopti sera tranchée par les autorités, car il s’agit d’une décision politique», avait-elle indiqué. Taoudeni et Ménaka intègreront la compétition. La commission nationale d’organisation vient de tenir sa première réunion. Elle a adopté un calendrier et un programme d’activités qui se dérouleront jusqu’au mois de décembre. Le programme prévoit le lancement officiel couplé avec le tirage au sort de l’ordre de passage des troupes devant le jury.
Le caractère spécial de cette édition s’explique également par le fait que les deux nouvelles régions, Taoudeni et Ménaka, intègreront la compétition. Il n’y aura que six disciplines en compétition : la pièce de théâtre, l’orchestre, l’ensemble instrumental, le solo de chant, la danse traditionnelle et le chœur. L’exposition d’objets d’art est remplacée par une exposition artisanale et culinaire, qui sera hors compétition. Le ballet à thème est «out» pour un problème de timing. Conformément à l’Accord de paix et de réconciliation signé à Bamako, entre le gouvernement et les mouvements, la Biennale artistique, culturelle et sportive doit reprendre ses droits. Mais compte tenu de l’urgence de la situation, cette édition spéciale donnera à la commission d’organisation et aux régions l’occasion de peaufiner les préparatifs dans toutes les disciplines prises en compte. Spécifiquement, la Biennale vise à favoriser le brassage et l’interpénétration des populations. Elle contribue à l’émergence d’une culture de paix et de citoyenneté. La Biennale est un outil de préservation et de promotion de l’identité nationale. Ce forum culturel emblématique favorise le brassage et l’interpénétration des populations.
La biennale encouragera les initiatives locales, régionales et nationales en matière de promotion et de développement des industries culturelles. Elle facilitera la participation des acteurs culturels au développement socio-économique du pays. L’organisation de la Biennale artistique et culturelle consolide et fait rayonner davantage la culture de paix et la citoyenneté. En effet, notre pays sort progressivement d’une crise multidimensionnelle, consécutive au conflit armé déclenché dans les régions du nord par les groupes terroristes.
Ce conflit a créé une crise sociale, économique, sécuritaire et culturelle. L’édition de 2016 aura un caractère spécial puisqu’elle doit permettre une reprise de la Biennale artistique et culturelle du Mali post crise. La Biennale artistique et culturelle a été et restera la voie du dialogue interculturel universel dont le rôle se manifeste par le respect mutuel de l’expression plurielle de la diversité de nos identités culturelles. La Biennale artistique et culturelle est une manifestation organisée par le département chargé de la culture, mais sont impliquées dans le projet toutes les autorités administratives et politiques des régions et du District de Bamako. Cette édition spéciale aura une phase régionale et une phase nationale. Depuis son accession à l’indépendance, le Mali, conscient de l’importance et de la préservation de l’identité culturelle de son peuple, s’est attelé à la promotion de la culture dans toute sa diversité.
Pour parvenir à cette fin, le gouvernement de la première République a créé un espace culturel dénommé «Semaine de la Jeunesse», soutenu par les ardeurs et les rêves liés à la nouvelle citoyenneté acquise grâce à l’indépendance. Les «Semaines», comme les autres espaces culturels, se sont appuyées sur la jeunesse de l’époque. Elles auront enregistrée sept éditions de 1962 à 1968. Sous la deuxième République la «Semaine de la Jeunesse» est devenue «Biennale artistique, culturelle et sportive». Elle a connu dix éditions de 1970 à 1988. une interruption de près de dix ans. La «Biennale artistique, culturelle» est une manifestation populaire. Elle met en compétition les formations artistiques, les artistes et les créateurs des communes, des cercles et des régions de notre pays. Par ailleurs, en même temps, un espace était consacré au développement des disciplines sportives sous l’appellation de « Biennale sportive » qui durera trois éditions : 1979 à Ségou, 1981 à Mopti et 1983 à Sikasso.
La Biennale a connu une interruption de près de dix ans. Cette période de léthargie a sérieusement entamé nos valeurs artistiques et culturelles et plongé le pays dans un vide culturel inquiétant. Il en est résulté une chute notable de nos valeurs culturelles intrinsèques brisant l’élan de ferveur nationale sur le chantier de la culture. Pour pallier cette léthargie, les autorités de la troisième République ont dans leur choix politique, et eu égard à la forte demande des populations, décidé de ressusciter la Biennale. Dans un élan d’innovation, le ministère de la Culture à l’époque a changé le nom de la Biennale en «Semaine nationale des Arts et de la Culture (SNAC)» dont l’unique édition a eu lieu en septembre 2001. Cette Semaine n’a malheureusement pas comblé les attentes en raison des difficultés liées à son organisation et à la mobilisation de la population. Elle n’a pas eu le résultat escompté. Fort de ce constat, un forum d’évaluation de la SNAC 2001 a eu lieu afin de jeter les jalons pour le futur. Ce forum, à l’unanimité, a décidé de relancer la Biennale dans le cadre du développement d’une culture nationale démocratique.
La reprise a eu lieu en 2003 à Bamako et son processus de délocalisation en 2005. Ainsi Ségou a ouvert la voie, et cette expérience a été un franc succès. Elle a encouragé les autorités à continuer ce processus de délocalisation. Il a commencé en 2005 avec la région de Ségou. En 2008 la région de Kayes a reçu le flambeau. La région de Sikasso a pris le relais en 2010, où l’évènement était inscrit dans le cadre des activités du Cinquantenaire de l’Indépendance de notre pays. La « Biennale artistique, culturelle » n’est-elle pas comme la braise ardente qui couve sous la cendre dans tous les foyers maliens ? Elle rallume au moment opportun la flamme patriotique dans le coeur de toutes les générations. Qu’il en soit ainsi pour toujours dans le «MALI UN ET INDIVISIBLE»
Y. DOUMBIA