La libération d’un homme inculpé, sous la pression de la rue, n’est pas pour renforcer l’autorité de l’Etat. Au contraire, cela contribue à l’affaiblir. Peut-on construire une nation dans l’anarchie ? « Nul n’est au dessus de la loi », entend-t-on souvent dire. Si cela est vrai, tout citoyen devrait pouvoir répondre de ses actes, devant la justice, tout en bénéficiant de tous ses droits en la matière. Être arrêté ne veut pas dire être coupable. Seul un jugement juste et équitable permet d’établir cette culpabilité. Mais, quand la rue empêche ce jugement, et que l’Etat abdique, il y a lieu de se poser des questions : sommes-nous dans un Etat responsable ? Un Etat fort, est un Etat qui sait prendre des décisions/ poser des actes et les assumer. Mais quand l’Etat cède sous la pression, on parle de manque d’autorité de l’Etat. Cela est préjudiciable pour toute la nation.
La chose et… son contraire !
Les Maliens réclament une autorité que l’Etat semble avoir perdu depuis belle lurette. Sont-ils convaincus que sans autorité de l’Etat, le pays vit dans le désordre ? On ose y croire. Mais, l’affirmation de l’autorité de l’Etat ne va pas sans la restriction de certaines libertés notamment celles qui vont à l’encontre de l’intérêt général. L’état d’urgence n’a pas été respecté par les populations, qui y voyaient une restriction de leurs libertés ; les cortèges lors des mariages sont interdits, mais les Maliens ne comptent pas s’y plier ; des Maliens se sont élevés contre la démolition de bâtiments dans le cadre de la lutte contre le bradage du foncier ; même scénario pour la libération des voies publiques. La journée du mercredi 17 Août a été noire à cause d’une manifestation réprimée dans le sang, parce que des populations ont voulu empêcher un des leurs d’être entendu par la justice. L’affirmation de l’autorité, si nécessaire dans un Etat de droit, ne peut se réaliser sans l’implication des citoyens. Ils ne peuvent vouloir une chose et son contraire.
Tiémoko Traoré