Le terroriste Ahmed Al Faqi Al Mahdi comparait depuis hier devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Il a plaidé coupable des faits qui lui sont reprochés, à savoir la destruction du patrimoine culturel de l’humanité par le saccage des mausolées à Tombouctou. Les images de la sale besogne ont fait le tour du monde. Impossible donc pour lui de nier les faits devant les juges.
Voilà qui explique sans doute pourquoi ses avocats l’ont convaincu de plaider coupable pour obtenir en retour des circonstances atténuantes. En reconnaissant ses forfaits, l’homme espère sans doute une condamnation moins lourde. Il a même tenté d’attendrir les juges en présentant des excuses « à mes frères de Tombouctou, à ma mère patrie le Mali, ainsi qu’à l’ensemble de l’humanité ». Suprême repentance : le terroriste prétend avoir agi sous l’emprise d’une bande d’Aqmi et d’Ançardine. « J’avais cédé à leurs pressions », a-t-il dit pour appuyer son repentir.
Ces aveux circonstanciés d’Ahmed Al Faqi Al Mahdi, teintés de remords, mais dépourvus de sincérité, ne visent qu’à le soustraire de la rigueur d’une peine à la mesure de ses actes pendables au cours de l’occupation de Tombouctou. Preuve que le texte a été soigneusement élaboré pour emporter l’adhésion de la Cour pénale internationale, Ahmed Al Faqi Al Mahdi a utilisé une métaphore qui renvoie aux réalités climatiques du nord de notre pays. Il a prétend avoir été « emporté comme par une forte tempête de sable qui a emporté dans son sillage de nombreux oulémas du pays ».
Mais la ruse est cousue de fil blanc car les journalistes présents dans la salle d’audience ont remarqué que le chef terroriste a prononcé machinalement ces mots en affichant un visage sans expression. Un des juges a relevé fort justement que les convictions religieuses rigoristes de l’homme n’ont pas fléchi.
La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, a insisté sur l’importance de ce procès et son exemplarité, et l’importance des mausolées qui constituent un patrimoine dont le rôle est immense dans l’identité et la cohésion des peuples.
Notre compatriote, Ahmed Al Faqi Al Mahdi, faisait partie des hordes d’obscurantistes qui ont pris le contrôle de la ville de Tombouctou en 2012. Au nom d’un islam inconnu chez nous – pourtant la Cité mystérieuse est un creuset de l’islam depuis des siècles -, il a conduit la destruction des mausolées. Il n’a pas agi seul. De nombreux autres individus qui ont mis en coupe réglée le nord de notre pays, se rendant coupable de multiples actes répréhensibles, courent toujours.
En plus de Ahmed Al Faqi Al Mahdi, plusieurs autres chefs terroristes devraient comparaître devant la CPI pour répondre aux nombreux crimes dont ils se sont rendus coupables entre 2012 et 2013 dans notre pays. Lapidations, amputations, flagellations, viols, mariages forcés, pillages… étaient le lot quotidien des populations sans défense sous le joug des terroristes qui prétendaient agir au nom de l’islam. Ils paieront un jour leurs crimes qu’ils regretteront piteusement en public. Comme c’est le cas aujourd’hui de ce Ahmed Al Faqi Al Mahdi. On ne s’attaque pas impunément à la Cité mystérieuse, aux 333 saints.
B. TOURE