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Procès d’Al Ahmed Al Faqi Al Mahdi devant la CPI: Le Procureur Fatou Bensouda n’exclut pas d’autres poursuites…
Publié le mercredi 24 aout 2016  |  Le Républicain
Fatou
© Abidjan.net par DR
Fatou Bom Bensouda, procureure générale de la Cour pénale internationale (CPI)




Le procès ouvert le lundi 22 aout 2016 contre Ahmed Al Faqi Al Mahdi alias Abou Tourab, l’un des destructeurs des mausolées de Tombouctou pendant l’occupation djihadiste au Mali, continue à la Haye.

A l’ouverture du procès, le djihadiste malien a reconnu les faits qui lui sont reprochés et demandé pardon au peuple Malien. Cependant, nombreux sont les Maliens qui s’interrogent sur le sort qui sera réservé aux autres criminels pendant l’occupation djihadiste du septentrion malien. Fatou Ben Souda, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI), dans un entretien accordé à l’envoyé spécial de Studio Tamani à la Haye, assure : «Les enquêtes dans la situation du Mali continuent. On ne va pas arrêter avec ce procès ».

«J’ai le regret de vous dire que tout ce que j’ai entendu jusqu’à présent est véridique », a reconnu Al Faqi Al Mahdi à l’ouverture de son procès devant la CPI le lundi passé. Al faqi est accusé d’avoir fait démolir neuf des mausolées de la vieille cité sainte de Tombouctou, la 6e région du Mali entre avril 2012 et janvier 2013.

Autre crime du terroriste repenti et ancien membre de Ansar Edine, le groupe terroriste dirigé par un autre malien Iyad AG Ghali qui sévit encore au Mali : la responsabilité d’avoir enfoncé à la hache la porte de la célèbre mosquée Sidi Yahia de la ville sainte. «Je me tiens devant vous dans cette enceinte, plein de remords et de regrets. J’ai l’espoir que les années que je vais passer en prison me permettront de me purger des esprits diaboliques qui avaient pris possession de ma personne», renchérit l’ex-homme fort de Tombouctou pendant l’occupation djihadiste.

Dans un entretien accordé à l’envoyé spécial de « Studio Tamani » à la Haye, la Procureure de la CPI « n'exclut pas l'éventualité d'autres poursuites contre Al Faqi et d'autres personnes. » «On est en train d’enquêter. Pour le moment, on a recueilli des preuves pour les destructions des mausolées et aussi des bâtiments historiques. On a eu des preuves volumineuses, convaincantes. Et on a présenté les preuves. On a commencé aujourd’hui et on va continuer à présenter les preuves contre Al Mahdi. Mais les enquêtes dans la situation du Mali continuent. On ne va pas arrêter avec ce procès. On va continuer et on va essayer sur les bases de la preuve, on va continuer et on va décider au moment précis pour retenir d’autres charges devant la cour», a déclaré la Procureur à l’envoyé spécial de Studio Tamani.

Au Mali, des leaders religieux se sont réjouis de l’ouverture du procès du djihadiste malien. La comparution de Ahmad Al Faqi Al Mahdi, selon le guide spirituel des Soufis du Mali est à saluer. « On est content de ce jugement. Pour nous, l’acte qu’il a commis est inqualifiable. Les sains sont sacrés au Mali. Donc, qu’il soit jugé au Mali ou à la CPI pour nous, l’essentiel est qu’il réponde de ses actes. Le fait qu’il ait plaidé coupable et demandé pardon ne le disculpe pas. C’est pourquoi d’ailleurs nous demandons à ce que Ahmad Al Faqi Al Mahdi soit jugé conformément à la gravité des violations faites et aux lois applicables en la matière», a soutenu le guide contacté par Le Républicain.

Et à l’image de Moussa Boubacar Bah, le Président de Sabaati 2012, un regroupement des religieux du Mali, les leaders religieux demandent le jugement des autres criminels lors de l’occupation du Nord. «Je suis ravi de voir qu’un criminel soit jugé. Parce qu’on ne doit plus cautionner aucune impunité. L’importance est que la justice soit rendue. Nous nous réjouissons de la tournure du procès mais tous les autres criminels doivent être jugés», a déclaré au Républicain Moussa Boubacar Bah, avant d’ajouter : « j’invite également Al Mahdi Faqi à coopérer avec la Cour pénale internationale pour démasquer les autres criminels afin qu’ils soient jugés car il y a eu d’autres crimes qui ont été commis».

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Qui est Al Faqi ?

Ahmad Al Faqi al Mahdi est un ancien enseignant malien. Formé à l’institut de formation des maitres(IFM)) de Tombouctou, la région qui l’a vu naitre il y a de cela une quarantaine d’années. Très jeune, Al Mahdi issu de la tribu des Kel Ansar, une tribu maraboutique de la cité des « 333 saints », fréquentera l’école coranique comme il est encore de tradition à Tombouctou. Al faqi va performer sa connaissance des livres saints lors de ces séjours en Libye et en Arabie Saoudite.
L’occupation des régions nord du Mali par les djihadistes en 2012 sera un tournant décisif dans la vie du « respectable enseignant » dont les conseils étaient prisés par les tombouctouciens. Sa rencontre avec Iyad Ag Ghaly, le Chef d’Ansardine, l’emmènera à embraser le djihadisme. En avril 2012, Ahmad Al Faqi al Mahdi adoptera Abou Tourab comme nom de guerre et prendra les commandes de la « hisba », la brigade islamique des mœurs de la ville de Tombouctou.

Le nouvel homme fort de Tombouctou va ainsi commencer « l’assainissement » de Tombouctou. Tout comportement illicite sera châtié en fonction de la « charia », la loi islamique. Abou Tourab pouvait se targuer d’être un des rares natifs de Tombouctou à être en contact direct avec son chef Iyad Ag Ghaly et des membres influents de Al Qaeda au Magrheb islamique. Son projet de faire disparaitre toute trace d’adoration, selon le salafisme, va conduire Ahmad Al Faqi al Mahdi à être au premier rang lors de la démolition de neuf mausolées de la ville sainte, des sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco.

Ces faits l’ont conduit aujourd’hui à la CPI ou il est jugé pour crimes de guerre conformément au statut de Rome. Ce statut en son article 8.2-IV souligne: «le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des bâtiments consacrés à la religion ou des monuments historiques pour autant que ces bâtiments ne soient pas des objectifs militaires».

Madiassa Kaba Diakité
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